Le dollar a perdu environ 15% de sa valeur par rapport à la monnaie européenne depuis un an.Cette chute du dollar a considérablement entamé les revenus des pays de l'Opep, la plupart d'entre eux utilisant le billet vert pour coter et vendre leur brut. Selon la tradition établie, les cotes sont libellées en dollars américains. La marchandise peut être payée en n'importe quelle monnaie mais le prix est toujours fixé en dollars. Dans cette situation, les vendeurs et les acheteurs préfèrent les règlements en dollars pour éviter les frais de conversion. Ce système de cotation et de règlement des livraisons de brut est, dans une mesure considérable, à l'origine de la position du dollar US en tant que monnaie de réserve mondiale. Cependant, les changements survenus ces derniers temps dans le rapport des forces sur le marché pétrolier, l'énorme déficit budgétaire et commercial des Etats-Unis et la croissance du rôle de la monnaie unique européenne ont provoqué une série de tentatives de revoir ce système commercial. La possibilité de fixer les prix mondiaux du pétrole en d'autres devises que la monnaie américaine a été suggérée lors du troisième sommet de l'Opep, qui s'est déroulé à Riyad ; toutefois aucune suite n'a été donnée à la question. L'Opep s'est refusée à inclure dans son communiqué final l'éventualité d'un abandon du dollar américain comme devise de cotation du pétrole. La conférence n'a donc pas débattu d'un changement dans la fixation des prix des ventes de pétrole. Selon me ministre angolais des Finances, présent à Riyad, "l'ordre du jour des futures réunions n'inclura pas le passage à un nouveau mécanisme de fixation des prix". Pourtant l'idée de vendre du brut en euros semble être accueillie positivement par certains producteurs, à l'image de l'Iran qui a déjà franchi le pas. En effet, l'Iran a complètement cessé de vendre son pétrole en dollars. Le Venezuela s'aligne avec l'Iran pour abandonner le dollar comme monnaie de cotation en raison de sa faiblesse. On comprend que le lancement de la facturation du pétrole en euros met en péril l'existence du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale. Avec l'abandon du dollar pour la cotation du pétrole, c'est d'abord un coup dur pour l'IPE de Londres et le WTI de New York. C'est pour ces deux places une perte d'influence notable. Reste que nous sommes encore loin de ce scénario. En effet, plusieurs éléments plaident en faveur du maintien de l'hégémonie du billet vert. Entre autres le fait que le dollar demeure la grande monnaie de facturation du commerce mondial, notamment en Asie. Surtout que les banques centrales asiatiques adopteraient un comportement suicidaire si elles substituaient massivement et brutalement des euros aux dollars qu'elles détiennent. Une telle conversion provoquerait un krach du billet vert, ce qui plongerait l'économie américaine dans la récession et priverait donc des pays comme la Chine ou la Corée du Sud du principal débouché de leurs exportations. Leur propre économie s'en trouverait gravement affectée. A l'heure actuelle aucune menace perceptible pour le dollar, en tant que monnaie unique du contrat pétrolier, n'est en vue. 60 à 70% des opérations d'exportation dans le monde sont effectuées en dollars, près de 60% des réserves de changes de l'ensemble des pays du monde sont constituées en dollars, 80% des opérations sur le marché monétaire mondial sont réalisées en dollars, et 70% des crédits bancaires sont accordés en dollars. Les financiers restent sceptiques concernant un éventuel remplacement du dollar dans le commerce du pétrole.