Le pétrole a connu une augmentation significative ces dernières années. Cependant, est-il vraiment aussi cher que le prétendent les pays consommateurs ? Pour Abdallah Ben Hamad Al-Attiyah, ministre qatari de l'Energie, le prix du brut, qui tourne autour de 80 USD le baril, est érodé par l'inflation et devrait se situer "à plus de 100 USD". Dans une déclaration à la chaîne de télévision Al-Jazeera, le ministre a estimé que "si l'on tenait compte de l'inflation de 1972 jusqu'à présent, le prix réel et juste du pétrole devrait être de plus de 100 USD" le baril. Il a justifié ce prix par la hausse de l'inflation et la détérioration du pouvoir d'achat mais aussi par la faiblesse du dollar, la monnaie dans laquelle est libellé le prix du brut. Le ministre qatari a également réagi à ceux qui réclament que le pétrole ne soit plus libellé en dollars, une monnaie qui a perdu, en un an environ, 10% face à l'euro, en rappelant que le dollar était utilisé comme une devise de référence depuis de longues années "et pourrait l'être encore pendant longtemps". Cependant, il a indiqué qu'il ne pouvait pas prédire ce qui adviendra à l'avenir. Très évasif, M. Al-Attiyah a ajouté que "tout est possible et des changements pourraient intervenir". Il faut dire que la faiblesse du billet vert se traduit par une baisse du pouvoir d'achat des pays de l'organisation pour des produits achetés hors de la zone dollar, par exemple en Europe. Ces même pays sont de gros importateurs de produits européens. C'est ce qui a poussé un certain nombre de producteurs de pétrole à envisager de libeller ouvertement en euros et non plus en dollars leurs transactions pétrolières ou de lier son prix à un panier de devises. Depuis 2001 les dépôts en euros des pays de l'Opep ont connu une nette augmentation au détriment des dépôts en dollars. Les dépôts libellés en dollars, qui représentaient 75% de la totalité des dépôts au début du deuxième semestre 2001, sont tombés à 61.5% à la fin du deuxième semestre 2004. Au cours de cette même période, la part des dépôts libellés en euros est passée de 12% à 20%. Mais l'éventualité de voir les pays de l'Opep opter en bloc pour l'euro, reste peu probable dans un proche avenir. L'Iran, qui a été l'un des premier pays producteurs à prôner le changement de monnaie, est déjà passé à l'action. En effet, à l'heure actuelle, l'Iran vend 85 % de son pétrole en devises autres que le dollar. M. Seyed Mohammad Khatibi, vice-président de la Société nationale du pétrole iranienne (NIOC), a récemment déclaré que "seulement 15 % de la vente du pétrole est libellée en dollar et nous sommes en train de remplacer progressivement cette part avec des devises plus crédibles". Une idée de changer de monnaie de transaction a séduit un autre pays membre de l'Opep. Il s'agit du Venezuela, dont le président Hugo Chavez avait annoncé dernièrement qu'il envisagerait de libeller les exportations du pétrole de son pays en euro. Ceci étant dit, la faiblesse du dollar, qui détériore les revenus des pays exportateurs de pétrole, explique en partie le souci de l'Opep de maintenir le baril à un prix élevé. Cette situation pourrait ainsi la dissuader d'augmenter sa production plus franchement qu'elle n'a décidé de le faire en septembre. Elle a alors décidé d'augmenter son offre de 500.000 barils par jour à compter du 1er novembre. Le cartel devrait tenir sa 146e réunion extraordinaire à Abou Dhabi, le 5 décembre.