Le conflit au Sahara occidental est une question de décolonisation, ont réaffirmé des juristes et experts en droit international, réunis mardi au Parlement européen à Bruxelles à l'occasion d'une Conférence sur "les droits de l'homme et le respect de la légalité internationale au Sahara occidental". "Malgré les tentatives du Maroc de faire reconnaître ce conflit comme une question de sécession, il s'agit bien d'une question de décolonisation. Ce fait est incontestable", ont affirmé à l'unanimité les participants à cette Conférence, organisée à l'initiative de l'association internationale des juristes pour le Sahara occidental avec le soutien du groupe de gauche et l'Intergroupe Sahara occidental auprès du Parlement européen. "Le Sahara occidental n'ayant jamais été un territoire sous souveraineté marocaine, il est dès lors impossible de parler de sécession", ont-ils expliqué, soulignant que le Sahara occidental est recensé parmi les 17 territoires non autonomes (TNA) sur la liste établie par les Nations unies. "Aujourd'hui, l'unique solution pour le règlement du conflit est l'exercice par le peuple sahraoui de son droit indérogeable à l'autodétermination", a plaidé le professeur espagnol de droit international, Raul Rodriguez Magdalino. Depuis le début des années 1990, un cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario, est respecté et la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) tente d'organiser un référendum d'autodétermination, en vain. "Le peuple d'un TNA a le droit à l'autodétermination. Ce droit, qui n'a toujours pas été accordé au peuple sahraoui, est inaliénable. Il peut l'obtenir en lançant des actions en justice devant les juridictions de certains pays européens: françaises, espagnoles, suédoises... afin de contraindre les gouvernements de ces pays à ne plus soutenir le Maroc, voire même l'obliger à organiser un référendum d'autodétermination", a-t-il préconisé. "Cette voie ouvre des possibilités au peuple sahraoui", a-t-il encore assuré. Pour sa part, le professeur de droit international à l'Université d'Oviedo (Espagne) Javier Gonzalez de la Vega, a exhorté les Sahraouis à poursuivre leur lutte pacifique, affirmant que "c'est uniquement par l'application du droit qu'une solution pacifique pourra voir le jour". Il a appelé le peuple du Sahara occidental à poursuivre également ses actions sur le plan diplomatique et exercer une pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'"il adopte des mesures efficaces" en vue de la relance du processus d'organisation d'un référendum d'autodétermination. Un retour vers la légalité, a-t-il poursuivi, "doit absolument être opéré" et la solution de l'autodétermination "pleinement appuyée" par la France et les Etats-Unis convaincra les autorités marocaines qu'il n'y a pas d'autre solution pacifique. Les outils juridiques pour le règlement du conflit au Sahara occidental existent, a soutenu de son côté le professeur algérien de droit international, Tahar Eddine Amari, appelant les sahraouis à exploiter les textes juridiques qui considèrent cette affaire comme une question de décolonisation, une qualification qui donne lieu à un grand nombre de droits et obligations d'une importance majeure, notamment le droit à l'autodétermination.