Paris a été touchée par une série d'attentats sans précédent menés par des hommes armés ou munis d'explosifs qui ont fait plus de 120 morts. Le président français François Hollande a décrété l'état d'urgence dans tout le pays, une première depuis 1945. Ces attentats, incluant un carnage dans une salle de spectacles et un attentat-suicide au Stade de France, ont aussi fait plus de 200 blessés dont environ 80 grièvement atteints. Les autorités ont évoqué au moins huit assaillants et indiqué qu'ils avaient peut-être encore des complices ou des co-auteurs dans la nature. Quelque 1500 spectateurs étaient présents au Bataclan, célèbre salle de concert proche du lieu où des djihadistes avaient déjà décimé la rédaction du magazine satirique Charlie Hebdo en janvier, lorsque les assaillants ont fait irruption. "Deux ou trois individus non masqués sont entrés avec des armes automatiques de type Kalachnikov et ont commencé à tirer à l'aveugle sur la foule", a raconté un journaliste de la radio Europe 1, Julien Pearce, présent dans la salle. Les assaillants "ont tiré en plein dans la foule en criant 'Allah Akbar'", a déclaré un témoin sur la radio France Info. "Je les ai clairement entendu dire aux otages 'C'est la faute de (François) Hollande, c'est la faute de votre président, il n'a pas à intervenir en Syrie'. Ils ont aussi parlé de l'Irak", a raconté ce témoin, Pierre Janaszak. La France participe depuis septembre 2014 à la coalition contre le groupe Etat islamique en Irak et a élargi ses frappes aériennes à la Syrie en septembre.
Huit assaillants morts Au moins six attaques simultanées à l'arme automatique ou à l'explosif ont été menées dans des quartiers très prisés les soirs de week-end ainsi qu'au Stade de France, au nord de la capitale. S'y déroulait un match amical de football France-Allemagne auquel assistait François Hollande. Le bilan des attentats "pourrait atteindre voire dépasser les 120 morts", a annoncé le procureur de la République de Paris, François Molins. Huit assaillants ont été tués, dont sept en se faisant exploser, selon une source proche de l'enquête. Les quatre assaillants du Bataclan sont morts lors de l'assaut donné par les forces de l'ordre, dont trois en actionnant leurs ceintures d'explosifs. Trois kamikazes sont morts au Stade de France, dont un en se faisant exploser, et un autre boulevard Voltaire, à proximité du Bataclan. Ces attentats-suicide sont une première en France. Près de 80 000 personnes assistaient au match dans le stade qui a accueilli la finale de la Coupe du Monde en 1998 et tiendra de nouveau la vedette lors de l'Euro 2016. Le président François Hollande a été immédiatement évacué et les entrées et sorties du stade bouclées. Le match s'est poursuivi jusqu'au bout, et le public a finalement été évacué dans un calme relatif. Conseil de Défense au matin Devant l'ampleur des événements, les autorités ont recommandé aux habitants de la capitale d'éviter de sortir, sauf nécessité absolue, et les hôpitaux de Paris ont déclenché leur plan d'urgence. Ecoles et équipements municipaux, notamment sportifs, restaient fermés hier. Dans une allocution télévisée, le Président a décrété l'état d'urgence sur tout le territoire et ordonné des renforts militaires de 1500 hommes à Paris, qui s'ajoutent aux 7 000 soldats déjà déployés en permanence pour des missions de sécurité sur le territoire national depuis les attentats de janvier. "C'est une horreur", a-t-il dit. Il a aussi mentionné le rétablissement immédiat des contrôles aux frontières - déjà décidé dans la perspective de la conférence de Paris sur le climat (COP21) - et non "la fermeture" comme annoncé dans un premier temps. La Belgique a aussi mis en place un tel contrôle. M. Hollande, qui a annulé un déplacement dimanche en Turquie pour un sommet du G20, s'est rendu au Bataclan où il a promis un "combat impitoyable" contre le terrorisme. Un conseil des ministres exceptionnel s'est tenu au palais de l'Elysée et un conseil de Défense aura lieu au matin. Le parquet antiterroriste a été saisi.
Horreur et émotion dans le monde Les attentats sans précédent qui ont fait au moins 120 morts à Paris vendredi soir ont suscité une vague d'horreur et d'émotion à travers le monde. De Washington à Moscou, des Nations unies à l'Otan, dans toute l'Europe, les responsables ont condamné le carnage. "La Suisse en pensée avec la France suite aux attaques survenues à Paris", a affirmé vendredi soir la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga sur Twitter. Pour l'heure, les autorités helvétiques ne se sont pas exprimées plus avant concernant ces attentats. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a dénoncé selon son porte-parole des "attaques terroristes méprisables" et a dit "se tenir au côté du gouvernement et du peuple français". Dans une déclaration unanime, les quinze pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont "condamné de la manière la plus ferme les attaques terroristes lâches et barbares" commises à Paris. Ces attentats "ne sont pas seulement une attaque contre Paris" mais "une attaque contre toute l'humanité et nos valeurs universelles", a déclaré le président américain Barack Obama lors d'une allocution à la Maison Blanche. Le secrétaire d'Etat John Kerry a condamné dans un communiqué "des actes odieux et abominables" qui sont "un assaut contre notre humanité commune".
"Ennemi de l'humanité" La Russie condamne des "attentats odieux" et des "assassinats inhumains", et est prête à apporter "toute son aide dans l'enquête sur ces crimes terroristes", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Le président Vladimir Poutine a exprimé ses condoléances et la solidarité de la Russie au président François Hollande et au peuple français, selon l'agence de presse TASS. "Le terrorisme est l'ennemi de l'humanité entière. La Chine soutient fermement la France dans ses efforts pour ramener la paix et la stabilité", a affirmé le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur son site. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, "profondément choqué", a exprimé sa "pleine solidarité avec le peuple de France" dans un tweet. "Ce combat est le combat de tous les Européens, et de tous les peuples du monde libre", a ajouté le président du Conseil européen Donald Tusk.
Avec Hollande à Paris Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a affirmé que "le terrorisme ne vaincra jamais la démocratie". "En train de suivre avec douleur et effroi les événements à #Paris. L'Europe est avec la France et le peuple français", a twitté la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Federica Mogherini. "Je suis choqué par les événements de ce soir à Paris", a écrit le Premier ministre britannique David Cameron sur Twitter. "Nos pensées et nos prières vont au peuple français", a-t-il dit. "Profondément choquée" elle aussi, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré: "Mes pensées vont aux victimes de ces attaques à l'évidence terroristes, à leurs proches et à tous les habitants de Paris". Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier s'est dit sur Twitter "horrifié et bouleversé". M. Steinmeier se trouvait au Stade de France, au nord de Paris, aux côtés du président Hollande, pour assister à la rencontre amicale de football France-Allemagne.
"L'Europe touchée au cœur" Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a appelé le Premier ministre français Manuel Valls pour lui faire part de "toute notre solidarité", selon une source gouvernementale espagnole. "L'Europe, touchée au coeur, saura réagir à la barbarie", a souligné le Premier ministre italien Matteo Renzi sur Twitter. Le Premier ministre belge Charles Michel a assuré que "la Belgique est aux côtés de la France". Les Pays-Bas "se tiennent aux côtés de la France", a aussi déclaré le Premier ministre Mark Rutte. "Tristesse et colère", a déclaré le président polonais Andrzej Duda. Le ministre bulgare des Affaires étrangères Daniel Mitov s'est dit "choqué de la cruauté et la brutalité" des attentats. Le Canada est "solidaire de la France", a assuré le Premier ministre canadien Justin Trudeau. "Israël se tient aux côtés du président François Hollande et du peuple français dans la guerre commune contre le terrorisme", a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Personnalités américaines Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui présenté dans une déclaration télévisée ses "condoléances les plus profondes" à la France et a réclamé un "consensus de la communauté internationale contre le terrorisme". La Turquie condamne fermement ces attaques, a écrit le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu sur Twitter. La présidente brésilienne Dilma Rousseff s'est déclarée "consternée par la barbarie terroriste". Le président cubain Raul Castro, dans un message lu à la télévision d'Etat, a fait état de sa "peine". Salma Hayek, Madonna, Kim Kardashian, LeBron James, etc. De nombreuses célébrités américaines du monde du sport et du spectacle ont exprimé sur les réseaux sociaux leur solidarité avec Paris et les Français. L'antenne de la tour du World Trade Center à New York, construite sur le site du 11-Septembre, a été illuminée aux couleurs du drapeau français. "Les lumières du One World Trade Center en bleu, blanc, rouge, par solidarité avec le peuple de France", a tweeté le maire de New York, Bill de Blasio.
Les pays du Golfe Des monarchies arabes du Golfe, Arabie saoudite et Emirats arabes unis en tête, ont vivement dénoncé samedi les attentats terroristes en France, Ryad et Abou Dhabi prônant une coopération internationale pour éradiquer ce fléau dangereux et destructeur qui menace tous les pays. Le royaume saoudien exprime sa vive condamnation des actions et explosions terroristes qui ont fait vendredi soir à Paris au moins 120 morts, a déclaré un porte-parole du ministère saoudien des Affaires étrangères, en faisant part des condoléances de Ryad aux gouvernement et peuple de la République française amie. L'Arabie saoudite rappelle la nécessité pour la communauté internationale de conjuguer les efforts afin d'éradiquer ce fléau dangereux et destructeur qui vise à déstabiliser toutes les régions du monde, a ajouté le porte-parole. A Vienne, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, a déclaré à la presse avant une réunion internationale sur la Syrie que les attentats à Paris constituaient une violation de toute éthique, morale et religion. D'autres monarchies du Golfe, qui font partie de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis qui lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, ont également dénoncé les attentats de Paris. Ces attentats ont été qualifiés de terroristes et criminels par le président des Emirats arabes unis, cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, qui a assuré, dans un télégramme, le président François Hollande de la totale solidarité (de son pays) en ces circonstances difficiles. L'Etat des Emirats s'est dit disposé à coopérer avec la France, son partenaire stratégique et ami. Les Emirats, qui se sont dotés en 2014 d'une sévère loi antiterroriste et qui ont établi une liste de 83 groupes classés terroristes, dont la confrérie des Frères musulmans, le groupe Etat islamique (EI) et Al-Qaïda, ne ménageront aucun effort pour affronter et éliminer le terrorisme sous toutes ses formes, a-t-il assuré. Pour sa part, le Koweït apporte son soutien à tous les efforts qu'entreprendra la France pour assurer sa sécurité et sa stabilité, a déclaré un porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, cité par l'agence officielle Kuna. Le Qatar a de son côté condamné les attaques armées et les explosions à Paris qui, a-t-il précisé dans un communiqué publié par l'agence officielle Qna, sont contraires à tous les principes et valeurs morales et humanitaires. Bahreïn s'est dit, dans un communiqué, solidaire de la France amie après les attentats horribles de Paris contraires à toutes les religions et à toutes les valeurs humaines, alors que le sultan Qabous d'Oman a adressé un télégramme de condoléances au président Hollande. Le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Abdellatif al-Zayani, a qualifié les attentats de Paris, d'actions terroristes épouvantables.
Des attaques odieuses Le grand imam de la mosquée Al-Azhar, prestigieuse institution de l'islam sunnite, a condamné les attaques à Paris, les qualifiant d'odieuses et a appelé le monde entier à s'unir pour faire face à ce monstre. Nous condamnons cette attaque odieuse, a affirmé cheikh Ahmed Al-Tayeb à l'ouverture d'une conférence sur le renouveau de la pensée islamique. Le grand imam d'Al-Azhar, dont les propos ont été transmis par la télévision égyptienne, a souligné que le temps est venu pour que le monde entier s'unisse afin de faire face à ce monstre. De tels actes sont contraires à toutes les valeurs religieuses, humaines et contre toutes les civilisations, a ajouté Cheikh al-Azhar. Dans un communiqué du Caire, la présidence égyptienne a parallèlement condamné avec les termes les plus dures les attentats terroristes de Paris et affirmé sa solidarité avec les efforts internationaux pour lutter contre le terrorisme. Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a vivement condamné un crime abominable commis contre des civils innocents et appelé à ce que tous les efforts soient menés afin de combattre le terrorisme, selon un communiqué de l'organisation au Caire. Nawal Z.