L'argent est la première motivation de l'émigration, il doit être le premier outil d'intégration. C'est la conclusion qu'on peut tirer du rapport intitulé " L'intégration économique des migrants et la valorisation de leur épargne ", réalisé par Charles Milhaud, président du Directoire de la Caisse nationale des caisses d'épargne. Selon ce rapport, le maintien des liens financiers avec les pays d'origine peut se révéler pénalisant, c'est pourquoi le secteur bancaire et financier doit se mobiliser pour l'intégration des migrants dans le cadre d'un engagement national et doit accompagner leur participation à la vie économique et leur faciliter l'accès au crédit.La transformation des migrants en investisseurs par la mobilisation de leur propre épargne est à l'évidence difficile à développer. Les migrants ne sont pas tenus d'avoir une "fibre entrepreneuriale" et leur épargne est souvent insuffisante pour soutenir un projet viable et créateur d'emplois. Les fonds débloqués doivent être investis dans un projet économique dans le pays d'origine. Une attestation devra pouvoir être fournie pour prouver l'emploi des fonds : nous demanderons un document émanant de l'administration locale. S'agissant de l'objet, le projet financé n'est pas défini au départ avec le migrant qui peut ouvrir un compte et décider ultérieurement de son investissement. Cela peut prendre des formes multiples, dans des domaines pré-déterminés touchant à l'immobilier commercial ou locatif, à la création, la reprise ou la participation dans une entreprise, la création de commerces…. Il en ressort également que la construction de l'Union méditerranéenne ne pourra prendre forme qu'en se fondant sur des projets concrets, qui répondent aux attentes des populations des deux rives de la Méditerranée. C'est pourquoi, la mission a proposé que l'UM traite en priorité la gestion de l'eau, l'environnement et l'échange des savoirs. Ces projets prioritaires seront soutenus par le "Label Med". Le financement des projets des deux rives de la méditerranée, selon le rapport du projet de l'Union européenne, préconise la création du Groupe des Investisseurs Financiers de la Méditerranée (GIFMED) chargé de coordonner les financements institutionnels des projets et la création d'une institution financière chargée de transformer les ressources à court terme (épargne des migrants) en emplois à long terme pour aider les PME méditerranéennes à accéder aux financements et d'assurer les risques afférents aux investissements privés étrangers dans la région. Les transferts d'argent des migrants à leurs pays d'origine sont considérés comme une manne en constante augmentation qui intéresse de plus en plus les institutions internationales. Ces dernières cherchent à mieux l'encadrer. Pour beaucoup de pays, les envois de fonds des migrants sont la principale source de financement extérieur et la principale source de devises. Ces flux, contrairement aux investissements directs, sont peu sensibles à la conjoncture. Surtout, ils sont en croissance constante. Certains experts du continent africain tempèrent pourtant leurs effets positifs car ils créent en contrepartie une dépendance chez les bénéficiaires et encouragent la migration des jeunes travailleurs. Bien que très importante en volume, l'épargne des migrants ne suscite que peu d'intérêt de la part des banques du Sud. Sans qu'il soit possible d'avancer des chiffres précis, il semble qu'une part importante des transferts transite par le secteur informel, désignation qui recouvre des procédés variés, allant du transport direct des fonds à des formes plus élaborées d'intermédiation. Aussi, les banques européennes appâtées par la rentabilité que pourrait représentait ce segment préconisent d'augmenter la part des transferts empruntant le secteur formel arguant que cela pourrait renforcer la sécurité des transferts, pour un meilleur contrôle de la nature des fonds mais aussi pour favoriser ensuite la mobilisation de cette épargne en faveur de l'investissement productif.