Les Caisses d'épargne françaises comptent mobiliser l'épargne des émigrés africains. On estime à 8 milliards d'euros les sommes envoyées chaque année de France vers les pays d'origine des émigrés, situés hors Union européenne. 1,5 million d'Algériens sont inclus au sein des 4 millions d'émigrés africains dont on dénombre 800.000 Marocains et quelque 300 à 500.000 Tunisiens. Un simple calcul montre que notre communauté serait à l'origine de transferts de fonds équivalant à 3 milliards/an d'euros. Du nouveau donc pour les épargnants émigrés africains qui veulent investir dans leur pays d'origine. Pas tout à fait nouveau puisqu'il s'agit d'une «relance» d'un projet de «bancarisation» de l'argent des émigrés pour transformer cette épargne en investissement productif dans les pays d'origine. Cette formule d'investissement et d'épargne «utiles» est proposée par le groupe des Caisses d'épargne françaises. Les travailleurs africains émigrés autorisés à exercer en France devraient, dès le premier trimestre 2008, bénéficier d'un «compte d'épargne codéveloppement» (CEC) destiné à financer des projets dans leur pays d'origine, a indiqué le président du Directoire français des Caisses d'épargne, Charles Milhaud. Il a précisé que «le futur CEC ouvre droit à une exonération fiscale de 25% des sommes épargnées dans la limite de 20.000 euros». Cette mesure profitera à toute épargne destinée à «un investissement dans un projet de développement dans le pays d'origine de son titulaire». Lors d'un séminaire organisé par le ministère français de l'Economie sur les transferts de fonds vers l'Afrique, Milhaud a ajouté que «41% des migrants vivant en France envoient de l'argent dans leur pays d'origine», en soulignant la nécessité de «bancariser» cet argent. Ceci permettrait «de transformer cette épargne en investissements productifs dans les pays d'origine». Selon lui, «75% de ces flux sont consommés localement dans les domaines alimentaire et de la santé, au détriment des financements d'activités génératrices de revenus.» Différentes études estiment que les trois quarts des bénéficiaires de ces transferts utilisent cet argent pour leur consommation (alimentation, santé, éducation, mariages). Sont exclus les investissements immobiliers et productifs qui suivent loin derrière. Depuis les années 1990, les sociétés de transfert d'argent ont accaparé ce marché juteux, telles que Western Union, Money Gram ou Money Express qui prélèvent des commissions estimées entre 5% et 20%. L'incitation consiste à octroyer à l'émigré épargnant une prime doublant ou triplant les intérêts cumulés de son épargne. Cela fait une dizaine d'années que les pays développés ont découvert l'importance des transferts des fonds des travailleurs émigrés et ce, vers leur pays d'origine.