Le président du directoire de la Caisse nationale des caisses d'épargne, Charles Milhaud, propose 28 mesures pour favoriser « l'intégration économique des migrants et la valorisation de leur épargne », dans un rapport remis jeudi au ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. Ce rapport part du constat que les immigrés originaires de pays hors Union européenne connaissent en moyenne un taux de chômage de 17,6%, contre 9% pour la moyenne nationale et même 25% pour les personnes originaires du Maghreb et de la Turquie. Résultat de ces difficultés d'accès à l'emploi, le niveau de vie de ces migrants est inférieur de 26% au niveau de vie moyen des ménages français – une situation souvent aggravée par le maintien des liens financiers avec les pays d'origine. Charles Milhaud, qui chiffre à 4,9 millions le nombre d'immigrés présents en France, juge « peu adapté » le dispositif français d'accueil des migrants. Il estime que « les secteurs bancaires et financiers devraient accompagner la participation des migrants à la vie économique et faciliter leur accès au crédit », notamment en les informant sur leur droit à un compte et en leur offrant une formation sur le « mode d'emploi de la banque ». Il juge également prioritaire le développement du microcrédit en France, avec des coûts « mieux encadrés » et partiellement couverts par le Fonds de cohésion sociale. Il prône une sélection « plus efficace » des « primo-arrivants » pour distinguer « les plus déterminés à s'intégrer » et ceux qui maîtrisent la langue française. Pour les immigrés installés, il propose un « rattrapage » linguistique, notamment dans un but professionnel, et « une vaste entreprise de lutte contre l'illétrisme ». Le rapport plaide également pour un renforcement de la lutte contre le travail clandestin, « dont l'effet d'éviction est très dommageable pour les migrants en situation régulière ». Relancer le codéveloppement Un autre volet important du rapport vise à lever les obstacles que rencontrent les travailleurs immigrés désireux de réaliser un projet économique dans leur pays d'origine. Partant du constat que 75% des huit milliards d'euros transférés chaque année par les travailleurs immigrés servent à des dépenses courantes, il propose de créer un « plan épargne projet codéveloppement » sur le modèle du plan épargne logement. Ce PEPC associerait à des engagements d'épargne la possibilité d'emprunter pour financer un projet immobilier ou monter une entreprise, quelle qu'en soit la localisation. Charles Milhaud propose par ailleurs d'abaisser le coût des transferts en garantissant aux non-résidents un taux de change favorable et des exonérations fiscales. Il suggère aussi d'encourager les dispositifs de garantie permettant aux établissements financiers des pays du Sud de lever des fonds à moyen et long termes. Il juge par ailleurs « prioritaire » de faciliter le transfert de compétences dans les pays d'immigration pour protéger ces derniers du risque de « fuite des cerveaux ». Les projets d'intérêt général conduits dans ces pays et l'ouverture du volontariat international en entreprise à tous les étrangers en situation régulière constitueraient deux « modalités possibles de cette politique », précise-t-il. Il propose d'élargir le bénéfice des aides au retour « à tous les immigrés qui ont un projet dans leur pays d'origine » et de créer pour eux un mécanisme d'épargne salariale spécifique. Les fonds épargnés grâce à ce mécanisme pourraient être libérés de façon anticipée en cas de création d'une entreprise ou d'achat d'une résidence principale dans le pays d'origine et de financement d'une formation professionnelle qualifiante.