LE MONDE arabe ne développe pas d'effort pour devenir un acteur géopolitique. Même pas l'intention de le devenir. Il n'est même pas un rassemblement qui tente de sauvegarder certains liens. Le monde arabe est plus que jamais dispersé. Il va pratiquement vers son implosion. En réalité, il a déjà implosé au regard de l'impossibilité d'évoluer dans le cadre du respect de toutes les dispositions de la charte de la Ligue arabe. Si aucun pays au monde ne peut devenir et agir comme une grande puissance diplomatique s'il n'est pas une grande puissance militaire ou économique, et la même question se pose pour le monde arabe car il prétend parfois s'inscrire dans la perspective de sa prise en compte comme ensemble régional soudé, avec une perspective d'unité plutôt que d'union, la question se pose de savoir sur quels éléments argumentaires repose la croyance ou l'illusion que ce dernier avance vers sa transformation en une entité soudée. Y at- il un seul pays au monde dont la diplomatie serait fortement influente s'il ne dispose pas de moyens de dissuasion ? La dissuasion pourrait être multiple. On peut être fort de son armée, de son économie ou de son appartenance à un ensemble régional soudé, qui fonctionne comme une entité aux composantes solidaires. De quelle puissance disposeraient les pays arabes tous ensemble désunis pour pouvoir peser sur les relations internationales et leur faudrait-il collectivement adapter la nature et le niveau de l'action diplomatique ou de la rhétorique à la capacité réelle à s'imposer par l'usage des moyens financiers ou pétroliers? Y a-t-il une volonté collective à être ensemble, à agir ensemble, à devenir autonomes ensemble ? Certainement que non lorsque l'on cite le cas syrien. Quelle crédibilité et quelle solidarité pourraient soutenir les appels arabes à la déstabilisation politique et militaire d'un pays membre de la ligue ? Quelle conviction en la solidarité arabe quand des pays arabes s'associent à des puissances occidentales pour réunir les conditions d'un accord d'armer des insurgés contre un gouvernement syrien légal et reconnu dans le monde ? La charte de la Ligue arabe ne prévoit pas toutes ces situations, à savoir reconnaitre une opposition armée à un gouvernement, armer des insurgés, donner le siège à la Ligue arabe de l'Etat arabe à son opposition ? Lorsqu'on voit l'hyperpuissance américaine confé- rer une finalité politique à l'ex membre pression de sa puissance militaire, que les pays européens sont forts de leur appartenance à l'alliance, la question se poserait alors pour les pays arabes de savoir de quels moyens ils disposeraient pour tirer des dividendes plus particulièrement sur le plan politique en imposant leur vision. Les limites des moyens de dissuasions définissent une politique étrangère et de défense. Du fait de l'absence de solidarité, sauf sur le plan des émotions, les pays arabes ne peuvent plus constituer une menace que la communauté internationale prendrait au sérieux, alors par contre, ce sont les Israéliens qui la considéreraient comme ultra sérieuse afin de mobiliser le monde (occidental surtout) en leur faveur. Il arrive parfois, que du côté arabe, soit haussé le ton, adopté un verbe agressif, un verbe de dissuasion, un verbe destiné à faire croire (consommation interne) que toutes les contradictions intra et inter arabes sont résolues. Les pays arabes cherchent surtout à se prémunir contre toute menace sur le plan des relations internationales, et plus particulièrement par rapport à Israël. N'est-ce pas que cela est vrai pour l'Egypte et ensuite pour la Jordanie? N'est-ce pas que cela est vrai pour le Maroc qui reçoit les officiels israéliens sans échange d'ambassadeurs ? Et la Tunisie? Et la Mauritanie? Et le Qatar qui possède sur son sol une représentation commerciale israélienne? N'est-ce pas vrai pour l'Arabie Saoudite dont tout le monde connait son alignement sur les Etats-Unis ? Pourquoi alors vouloir à tout prix aligner tous les pouvoirs arabes sur une même position alors que certains d'entre eux regardent d'abord ailleurs?