Les cours du pétrole ont encore un peu baissé vendredi, réussissant in extremis à rester au-dessus du seuil des 40 dollars, encouragés notamment par un nouveau recul du nombre de puits de pétrole aux Etats-Unis. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en décembre, dont c'était le dernier jour de cotation, a cédé juste 15 cents à 40,39 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) après une fin de séance très incertaine. A Londres en revanche, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a gagné 48 cents à 44,66 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Gene McGillian, chez Tradition Energy, a surtout interprété les hésitations de cette séance à des bonnes affaires avant le week-end, et un ajustement des positions à l'expiration du contrat de référence. Toutefois, il a aussi estimé qu'une baisse hebdomadaire du nombre de puits en activité aux Etats-Unis, à raison de 10 unités selon la société de services pétroliers Baker Hughes, avait apporté un peu de soutien aux cours en fin d'échanges. C'est probablement dû au fait que cela relance les attentes qu'on va finir par voir une baisse de la production pétrolière aux Etats-Unis, a-t-il dit, tout en notant qu'actuellement celle-ci semble plutôt en phase de stabilisation, au niveau toujours très élevé de 9,182 millions de baril par jour selon les derniers chiffres du ministère de l'Energie. Selon M. McGillian, s'il n'y avait pas des mouvements techniques d'équilibrage de risque, le marché serait reparti pour tester de nouveaux planchers, comme il l'a déjà fait en mars puis en août. Durant la séance le contrat de référence du WTI est tombé plusieurs fois sous la barre des 40 dollars, un niveau sous lequel le contrat de référence n'a plus fini de séance depuis le 27 août. Il avait terminé le 24 août à 38,24 dollars, son plus bas niveau depuis février 2009. Le renforcement du dollar, les excédents, les statistiques économiques qui restent médiocres en Chine, les prix (du pétrole) bradés par l'Irak, la déprime des autres matières premières comme le nickel et le cuivre qui sont à leurs niveaux les plus bas depuis plusieurs années - tout cela fait qu'il semble que ce ne soit plus qu'une question de temps avant que les prix du pétrole décrochent à la baisse, a estimé pour sa part John Kilduff, chez Again Capital. Le dollar est de fait nettement reparti à la hausse face à l'euro vendredi, à la suite de déclarations du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, ce qui est pénalisant pour les acheteurs de brut munis d'autres devises puisque les échanges sont libellés en billet vert. Mais M. Kilduff a aussi évoqué plusieurs facteurs pouvant justifier que les cours se maintiennent, voire progressent comme l'a fait le Brent. Il y a assez de demande et assez de soucis de géopolitique pour apporter un soutien, et nous ne pouvons pas assister à toutes ces activités militaires et terroristes dans et autour de la Syrie et de l'Irak sans nous inquiéter pour les infrastructures pétrolières, a-t-il dit. Tim Evans, chez Citi, a également estimé que le marché du Brent pourrait trouver un peu de soutien dans l'idée avancée par la BCE de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif, qui serviraient à soutenir l'économie européenne avec des effets supposés bénéfiques pour la demande.
Hausse des stocks américains Les stocks de pétrole brut ont encore augmenté la semaine dernière aux Etats-Unis, selon des chiffres publiés par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 13 novembre, les réserves commerciales de brut ont progressé de 300 000 barils pour atteindre 487,3 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg s'attendaient à une hausse de 2 millions de barils. En revanche, ces chiffres officiels vont à l'encontre des espoirs d'un resserrement de l'offre suscités mardi soir par l'association professionnelle American Petroleum Institute (API), qui avait tablé sur une baisse d'environ 500 000 barils. Les réserves de brut restent "proches de niveaux pas vus à cette période de l'année depuis au moins 80 ans", a encore une fois souligné le DoE. Elles enregistrent une progression de 27,9% par rapport à la même période de l'an dernier. Les réserves d'essence ont, de leur côté, progressé d'un million de barils, alors que les analystes de Bloomberg attendaient un reflux de 500 000 barils, tandis que l'API avait prévu une augmentation de quelque 200 000 barils. Elles sont tout de même en hausse de 4,7% par rapport à la même période de 2014, et bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette époque de l'année. Les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont baissé de 800 000 barils, alors que les experts de Bloomberg s'attendaient à une baisse de 500 000 et l'API à un recul de 1,5 million de barils. Ils progressent de 22,2% par rapport à la même époque en 2014, mais restent au milieu de la fourchette moyenne pour cette période de l'année.
La production se stabilise Très surveillée par les analystes, la production américaine s'est à peu près stabilisée, baissant juste de 3 000 barils par jour, pour s'établir à 9,182 millions de barils par jour (mbj). Egalement suivies de près par les courtiers, les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud), qui servent de référence au pétrole échangé à New York, le WTI, ont progressé de 1,5 million de barils, à 56,9 millions. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont monté de 200 000 barils. Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 19,8 mbj de produits pétroliers, soit 0,2% de moins qu'à la même époque en 2014. Durant la même période, la demande de produits distillés a progressé de 7,1% sur un an, et celle d'essence a avancé de 2%. Les raffineries américaines, qui sortent de leur saison de maintenance, ont encore accéléré la cadence, fonctionnant à 90,3% de leurs capacités contre 89,5% la semaine précédente.