Le Japon a enregistré en octobre un excédent commercial surprise, le premier depuis le mois de mars, en raison d'une diminution de la facture énergétique, mais ses exportations ont reculé de 2,1% sous le coup du ralentissement économique en Asie. Le solde s'est élevé à 111,5 milliards de yens (845 millions d'euros) sur la période, à comparer à un déficit de 741,76 milliards de yens un an plus tôt, a annoncé le ministère des Finances. Les économistes interrogés par l'agence Bloomberg misaient sur un déficit de 246,3 milliards de yens. Les exportations, qui marquent le pas depuis cet été, ont diminué en octobre pour la première fois en valeur depuis août 2014, tombant à 6.543,96 milliards de yens (49,6 milliards d'euros). Elles ont en particulier décliné de 3,6% vers la Chine, partenaire commercial majeur du Japon, après avoir déjà fléchi en août et septembre, et d'autant vers la région Asie. Avec les Etats-Unis, la tendance est également très mitigée: les envois de marchandises en direction du marché américain ont grimpé de 6,3% en valeur grâce aux effets positifs de la dépréciation du yen face au dollar - qui gonfle les recettes en provenance de l'étranger une fois converties en monnaie nippone -, mais ils ont baissé de 5,8% en volume. Taro Saito, économiste à l'institut de recherche NLI, voit cependant des "signes de redressement", mettant en avant les exportations vers l'Union européenne (+5,4% en valeur, +3,3% en volume). Il table sur une amélioration de la situation, même s'il ne faut pas "s'attendre à un renversement de la tendance actuelle à court terme". Le Japon a par ailleurs vu ses importations chuter de 13,4% le mois dernier, à 6.432,49 milliards de yens. C'est en grande partie dû à la dégringolade des prix du pétrole, un mouvement qui a permis à l'archipel - très dépendant des importations d'énergies fossiles depuis l'accident nucléaire de Fukushima - de fortement réduire sa facture énergétique ces derniers mois. Les dépenses en pétrole ont ainsi fondu de 49,2% en octobre sur un an, en produits pétroliers de 37,5% et en gaz naturel liquéfié de 42,4%. Mais c'est aussi probablement le reflet d'une demande intérieure morose dans un archipel retombé en récession pour la deuxième fois depuis l'arrivée au pouvoir fin 2012 de Shinzo Abe, dont la stratégie de relance "abenomics" a échoué pour l'heure à stimuler la troisième économie mondiale. Le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,2% sur la période de juillet à septembre, après une contraction similaire au deuxième trimestre, selon une estimation préliminaire publiée lundi par le gouvernement. Cette contraction, qui était attendue, ne devrait cependant pas inciter la Banque du Japon (BoJ) à assouplir sa politique monétaire, de l'avis des 41 économistes sondés par l'agence Bloomberg. "La BoJ ne s'appuie pas tant sur les données économiques récentes, elle accorde plus d'importance à la tendance des prix de long terme", qui est sur une voie ascendante malgré une inflation nulle du fait du déclin des cours de brut, souligne auprès de Bloomberg Hideo Kumano, de l'institut de recherche Dai-ichi Life.