Le Japon a enregistré en novembre son 29e déficit commercial d'affilée, mais il a diminué de 31,5% sur un an grâce à une moindre facture énergétique du fait de la chute des prix du pétrole, alors que les exportations ont marqué le pas. Il est descendu à 891,9 milliards de yens (6,1 milliards d'euros au taux de change actuel), contre le montant record de 1.301 milliards de yens en novembre 2013, a annoncé hier le ministère des Finances. Les ventes à l'étranger ont augmenté de 4,9% à 6 188,9 milliards de yens (42,3 milliards d'euros), à la faveur du recul du yen qui augmente la valeur des revenus encaissés hors de l'archipel une fois convertis en monnaie nippone. Elles ont ainsi enchaîné leur troisième mois de hausse, petite lueur d'espoir dans un Japon en récession, où la demande intérieure est bien morose depuis le relèvement de la taxe sur la consommation début avril. Parmi les marchandises les plus demandées figurent les machines (+6,2%), les semi-conducteurs (+14,7%), les appareils de télécommunications (+21,1%) ou encore les instruments optiques (+12,6%). Cependant le rythme de progression s'est essoufflé le mois passé (après +6,9% en septembre et +9,6% en octobre). Les exportations ont même accusé un repli de 1,7% en volume, signe que la dépréciation du yen, pièce maîtresse de la stratégie dite "abenomics" du Premier ministre Shinzo Abe censée enclencher un cercle vertueux, n'est pas parvenue pour l'heure à doper l'attractivité des produits "made in Japan". Par zones géographiques, les ventes ont particulièrement pâti de la décélération de la croissance en Chine, un des principaux partenaires commerciaux du Japon (+0,9% en valeur, mais -9,8% en volume), notamment dans le secteur automobile.
Fragile reprise des exportations En direction des Etats-Unis, elles ont progressé de 6,8% (-3,7% en volume), tandis qu'elles ont baissé vers l'Union Européenne (respectivement -1,3% et -4,4%). Si la reprise des exportations reste fragile, le solde commercial a bénéficié en novembre du déclin des importations: elles ont fléchi en valeur de 1,7%, à 7 199,9 milliards de yens (49,3 milliards d'euros), aidées par la dégringolade des tarifs du pétrole qui a plus que compensé l'effet négatif d'une devise nippone faible. Les achats de gaz naturel liquéfié (GNL) ont encore grimpé de 12,2% en valeur, mais ceux de pétrole ont fondu de 21,6% pour le brut, et de 15,9% pour les produits afférents. Cette tendance est appelée à se poursuivre, selon les analystes de Capital Economics. "Le déficit devrait continuer à se réduire alors que le récent plongeon des cours de l'or noir va se faire pleinement ressentir, ce qui pourrait réduire le déficit mensuel de l'ordre de 300 milliards de yens", a estimé Marcel Thieliant. "En outre, le prix du gaz naturel, qui suit celui du brut avec un décalage de quelques mois, devrait commencer à décliner bientôt, ce qui réduirait le déficit de 100 milliards supplémentaires même si le dollar monte à 140 yens d'ici fin 2015". Le Japon est contraint d'importer en masse des hydrocarbures depuis l'accident nucléaire de Fukushima, qui a entraîné l'arrêt de l'ensemble des réacteurs nucléaires du pays (48 sans compter les six saccagés de Fukushima Daiichi). Un redémarrage de deux unités est néanmoins prévu, probablement au printemps prochain, avant deux autres un peu plus tard dans l'année 2015. Le Premier ministre Abe, dont le Parti Libéral-Démocrate (PLD) a remporté haut la main les élections législatives anticipées de dimanche, est fortement favorable à la relance de l'énergie nucléaire dans l'espoir de réduire les déficits abyssaux endurés par l'archipel depuis plus de deux ans.