LES EUROPEENS et les Américains, en dépit de la menace du terrorisme, tiennent encore à leur égoïsme qui primerait sur le travail collectif international contre Daech, tel que préconisé avec force et détermination par le président de la Russie, Vladimir Poutine. Ils continuent avec un engagement interrompu pour exiger la tête du président Bachar el-Assad comme ils l'ont déjà fait avec le président Saddam Hussein et Maâmar Guedafi. Cette renaissance criminelle n'est pas sans poser de nombreux problèmes, car elle occulte l'essentiel à savoir la lutte contre le terrorisme. Dans ce contexte, l'imprescriptibilité des crimes terroristes contre les peuples ne devrait s'appliquer qu'à ceux qui ont fui le combat contre ces derniers, et non ceux qui depuis cinq ans sont restés publiquement, politiquement et militairement sur le terrain pour les combattre. Aujourd'hui, il est dans l'impossibilité pour les commanditaires du terrorisme en Syrie et en Irak, pour les responsables de ces crimes les plus effroyables de réapparaitre, sortant de leur clandestinité vécue sous une autre identité et sous le sceau de leurs services de sécurité, sans qu'on puise les juger. Il ne faut récompenser la fuite réussie dans cette lutte en misant sur le départ du régime actuel en Syrie. Si on veut aller plus loin et éviter l'impunité de Daech, on devrait dire et il faudra le dire qu'après les derniers attentats dans divers pays, l'attaque par la Turquie du bombardier russe dans l'espace aérien syrien, les initiatives internationales, les décisions des Nations unies applicables à tout le monde ne peuvent viser qu'un seul objectif : le terrorisme et peuvent être déclenchés à travers toute la planète. Mais aussi longtemps que les capitales occidentales ne montrent pas de volonté à éradiquer le terrorisme et à oublier Bachar el-Assad, il ne faut pas croire à la provocation d'une lutte internationale contre le terrorisme, mais être convaincu que seule la Russie poursuivra dans cette escalade contre Daech et dans son soutien au régime de Damas , et contre l'hégémonie de la Turquie sur la Syrie. Dans ce contexte, l'ancien Premier ministre français, François Fillon, sur les ondes de France- Inter a donné son opinion : "Je pense que la coalition mondiale doit aider tous ceux qui, sur le terrain, sont capables de battre l'EI, qui sont des forces hétéroclites, qui ne sont pas toutes faciles à défendre compte tenu de leur comportement passé, puisque ces forces, c'est les Kurdes, qu'on aide mais pas suffisamment et qui par ailleurs se font bombarder par les Turcs, c'est le Hezbollah, qui comme l'EI avec le soutien de l'Iran (…), l'armée nationale syrienne et dans une moindre mesure l'armée irakienne ". Dans cet esprit, tout le monde devra prendre comme référence ce qui a déjà été avancé par le président Poutine qui a demandé aux responsables de cette situation : " Avez-vous au moins conscience de ce que vous avez fait ? Mais je crains que cette situation ne reste en suspens, parce que ces gens n'ont pas renoncé à leur politique basée sur une confiance exagérée en soi et la conviction de son exceptionnalité et de son impunité ". Toujours en direction de ces responsables Poutine rappelle : "Messieurs, vous avez bien sûr affaire à des individus extrêmement cruels, mais ceux-ci ne sont absolument pas idiots ni primitifs, ils ne sont pas plus bêtes que vous et ne savent pas encore qui utilise qui ?". Ainsi, les manoeuvres de jouer avec les terroristes, et qui plus à les armer contre le régime légal de Damas, ont été non seulement irréfléchies mais également dangereuses. Les attentats de Beyrouth, Paris, Bamako, Tunis et l'entrée en lice de l'opération planifiée par la Turquie contre le bombardier russe dans l'espace aérien syrien sont la preuve que la menace terroriste mondiale s'est extrêmement accrue et vise toutes les régions de la planète. D'autant plus que des combattants de nombreux pays, y compris européens, la France en particulier sont rodés dans les camps de l'Etat islamique. François Hollande en dépit de ce qui vient de subir la France à travers les attentats de Paris, le 13 novembre dernier, s'entête encore à demander solennellement à la Russie de cesser de coopérer avec les autorités syriennes, avec l'armée gouvernementale, avec ceux qui affrontent courageusement le terrorisme et de se tourner vers l'opposition syrienne qui ne représente que les intérêts occidentaux dans le pays et la cause de Daech. Le président français dans ses multiples errements doute de l'approche honnête et franche de la Russie dans son engagement contre le terrorisme comme si lui n'avait aucune ambition à savoir la tête de Bachar el-Assad. Mais l'essentiel n'est pas plus les ambitions de la Russie ou de l'Iran, mais le fait que la menace terroriste mondiale est devenue intolérable, vérité qu'Hollande feint de l'ignorer et se laisse guider par l'échec de sa politique interne à travers laquelle il a échoué depuis les attentats contre Charlie hebdo de sécuriser son pays et de se focaliser sur la Syrie avec le soutien complice de l'Arabie saoudite et du Qatar. Face à ses contradictions de politique sécuritaire interne et externe, Hollande, peut-être en reconnaissant ses torts, mais pas tous puisqu'il s'acharne encore contre le régime légitime de l'Etat syrien, se tourne vers la Russie pour le sauver de ses aventures. Pour les observateurs, Hollande est désormais obligé de faire un choix stratégique et géopolitique pour sortir de ce pétrin dans lequel il a fourvoyé la France et le Parti socialiste. Mais comme le soupçonne la Russie, il faut faire attention au régime d'Ankara qui a fait preuve d'irresponsabilité en abattant l'avion militaire russe. D'ailleurs, tous les commentaires et les analyses sur cet événement laissent entendre avec certitude que la Turquie a montré qu'elle ne souhaite pas vraiment se battre contre l'EI. Elle veut mettre un obstacle à un éventuel rapprochement, qui la terrorise, entre la Russie, l'Iran, les Etats-Unis et la France. C'est dire que la position d'Ankara représente d'abord un danger parce que la Turquie a voulu punir les pays de l'Union européenne de n'avoir pas mis au pas le régime de Bachar el-Assad.