Le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati a salué le jugement rendu jeudi par la Cour de justice de l'Union européenne (UE) qui annule l'accord agricole entre l'UE et le Maroc, estimant que par cette décision, la CJUE reconnaît la capacité du Front Polisario à agir en justice en tant que seul représentant du peuple sahraoui. "De cette décision de justice, il en résulte que l'interlocuteur est bel et bien le Front Polisario, représentant authentique, unique et légitime du peuple sahraoui", a-t-il déclaré à l'APS, appelant l'UE à "emboîter le pas" à la CJUE qui a "confirmé et consacré l'identité des deux parties au conflit, à savoir le Maroc et le Sahara Occidental". L'annulation de l'accord agricole entre l'UE et le Maroc constitue, selon M. Sidati, "une victoire" à porter à l'actif du Front Polisario et du peuple sahraoui qui ont obtenu gain de cause des institutions juridiques de l'UE. Par sa décision, a-t-il poursuivi, la CJUE a implicitement adopté la position de la communauté internationale et des Nations unies qui reconnaissent que le Front Polisario est le seul représentant du peuple sahraoui. "Cette décision fera jurisprudence. Désormais, l'UE doit s'adresser au seul représentant du peuple sahraoui pour prétendre vouloir traiter de la question des richesses du Sahara occidental", a-t-il affirmé, soulignant que "le Maroc ne dispose ni de souveraineté, ni d'aucun droit sur les richesses naturelle du Sahara occidental". Selon M. Sidati, le message envoyé par la CJUE est "très claire". "L'UE, ses Etats membres et ses sociétés ne peuvent s'arroger le droit d'exploiter les richesses du Sahara occidental sans le consentement de sa population. Tout accord avec le Maroc à ce sujet doit être considérer comme nul et non avenue", a-t-il soutenu. L'exploitation des richesses naturelles du Sahara occidental par le Maroc et quelques sociétés européennes relève de "brigandage internationale" qui doit cesser, a-t-il encore ajouté, plaidant pour l'annulation de l'accord de pêche et de celui de libre-échange entre l'UE et le Maroc. Se félicitant du verdict rendu par la CJUE suite au recours introduit par le Front Polisario pour empêcher le pillage des richesses naturelles du Sahara Occidental, M'hamed Kheddad, membre du Secrétariat national du Front a mis l'accent sur la reconnaissance par la CJUE du "Front Polisario, seul représentant du peuple Sahraoui". "Il est, ainsi, en mesure d'agir en tant que sujet de droit international devant la juridiction européenne et les juridictions des 28 Etats européens", a-t-il fait remarqué. Le Front Polisario, a-t-il poursuivi, a toujours placé son action sous l'angle du droit international, et, encouragé par cette décision de justice, il entreprendra de manière systématique toutes les démarches juridiques, par la négociation ou l'action en justice, pour parvenir à son but qui est le respect de la souveraineté sahraouie et le référendum d'autodétermination. Dans sa décision, la CJUE s'est appuyée sur le fait que "ála souveraineté du royaume du Maroc sur le Sahara occidental n'est reconnue ni par l'Union et ses Etats membre ni, plus généralement, par l'ONU" et sur "l'absence de tout mandat international susceptible de justifier la présence marocaine sur ce territoire", a-t-il expliqué. Après la décision de la CJUE, le Front Polisario a réitéré au Conseil de l'Union européenne et à la Commission européenne, dans un message, sa "disponibilité" pour engager des négociations "immédiates et sans conditions". "Alors que l'Europe est une communauté de droit, le Front Polisario s'adresse à toutes les capitales européennes pour respecter les règles posées par cette décision de justice", a-t-il écrit dans son message. Il a également lancé un appel "solennel" à toutes les entreprises qui exercent leur activité sur le territoire du Sahara occidental et dans les eaux relevant de sa souveraineté à "prendre contact avec les autorités du Front Polisario pour régulariser leur situation". Faute de quoi, le Front Polisario menace d'engager les recours nécessaires pour imposer le respect de la décision de justice qui considère que ces activités sont toutes illégales. Selon M'hamed Kheddad, ce jugement "important" va nécessairement avoir un "fort" impact sur les négociations générales conduites sous l'égide de l'ONU.