Le gouvernement vient d'adopter de nouvelles mesures incitatives, tel que prévu dans le décret exécutif 6-21 du 11 décembre 2006, liées à l'encouragement, le soutien et la promotion de l'emploi à travers une série d'allégements des charges sociales et fiscales décidées en faveur des entreprises, avec pour ambition de parvenir à la création de 250 000 emplois par an. C'est ainsi que des abattements de la part patronale de cotisation de sécurité sociale de 20% à 36% sont consentis pour une durée maximale de 3 années. Des mesures qui ne semblent pas satisfaire les patrons, puisque ces derniers jugent que la création d'emplois revient "trop cher" aux entreprises algériennes car elles sont soumises, elles-mêmes, à "trop de charges" fiscales et parafiscales.C'est ce qui a été dit jeudi à Alger par les opérateurs présents à une table ronde sur la petite et moyenne entreprise, tenue au siège du Conseil national consultatif de la PME (CNC-PME). Dans ce cadre, le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Réda Hamiani a relevé que ce n'est pas la pression fiscale qui constitue un poids pour l'entreprise, car cette pression est aujourd'hui estimée correcte selon lui, mais le problème est que les patrons payent "trop d'impôts sur les charges, ce qui incite peu à la création d'emplois". Cet avis a été soutenu aussi par le représentant de l'association des producteurs de boissons, Samy Boukaïla, qui a estimé, sans détour, que pour les PME, cela coûte trop cher de créer des emplois, suivi en cela par le président du CNC-PME, Zaïm Benzaci, qui considère que la multiplication de PME dans la sous-traitance est certes un facteur générateur d'emplois mais il faudra que les charges soient moins lourdes. Il a cité une multitude de créneaux porteurs pour l'investissement et l'emploi autour du pôle pétrolier, dans le transport, le tourisme ou encore dans le secteur prometteur des services. Les promoteurs participant à cette rencontre ont soulevé la proposition, qui semble faire son chemin, en faveur d'un moratoire de cinq ans pour permettre à des entreprises de basculer de l'informel à l'économie formelle. A ce titre, M. Boukaïla a argumenté que pendant ce moratoire, l'Etat ne perçoit pas d'impôts pour permettre à des entreprises de "passer dans la transparence, en toute confiance" et de réaliser ainsi une "conversion sans risque", ce qui favoriserait l'émergence du plus grand nombre possible d'entreprises qui activent dans la légalité et celles qui resteront "disparaîtraient alors de facto". A rappeler au sujet l'emploi des jeunes, le président Bouteflika estimait que le problème du chômage, qui touche particulièrement les jeunes, a besoin principalement d'un traitement économique qui ne saurait se suffire des mesures d'ordre social alors que 70% des chômeurs dans le pays ont moins de trente ans, lors de la réunion gouvernement-walis portant sur la mise en place d'une nouvelle politique pour les jeunes. Par ailleurs, les patrons ont débattu des accords d'association avec l'Union européenne et les participants ont, dans l'ensemble, jugé le démantèlement tarifaire comme étant "trop brutal" pour certaines entreprises et ont proposé une "approche par filière" qui classerait par catégorie les entreprises dont les produits seraient touchés au fur et à mesure par la levée des barrières douanières. Le président du FCE a relevé que dans le cadre de cet accord, les entreprises algériennes, trop jeunes en général, sont ainsi mises en concurrence avec des entreprises européennes beaucoup plus aguerries. D'autres intervenants ont signalé le fait que les entreprises algériennes n'usent pas, selon eux, des mesures de sauvegarde prévues par l'accord d'association bien qu'une commission siège au niveau de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci) pour la prise en charge des recours. Ils ont relevé également que beaucoup de PME algériennes ont disparu et d'autres sont menacées de disparaître à cause de tous ces aléas, ont relevé les orateurs. Des données officielles récentes chiffrent à près de 400 000 le nombre de PME activant en Algérie avec, toutefois, une trop grande proportion de faillites d'entreprises.