Le géant russe du gaz Gazprom a annoncé lundi avoir enregistré une hausse de 8% de ses exportations vers l'Europe en 2015, ce qui confirme selon lui la nécessité de son projet de gazoduc Nord Stream 2 contesté par certains pays européens. Le groupe public a exporté l'an dernier 159,4 milliards de m3 hors de l'ex-URSS, soit 11,8 milliards de m3 de plus qu'en 2014, a indiqué son directeur général Alexeï Miller dans un communiqué. La hausse des exportations vers l'Allemagne a atteint 17,1% avec un record de 45,3 milliards de m3 livrés. Cette croissance est de 36,8% pour la France, 12,6% pour l'Italie, 10,2% pour le Royaume Uni. Cette progression intervient en dépit de relations tendues avec l'Union européenne, qui a bloqué le projet de gazoduc South Stream vers le Sud de l'Europe et a lancé une procédure contre Gazprom pour abus de position dominante. Dans un contexte aggravé par la crise ukrainienne, Bruxelles a accéléré ses projets visant à réduire sa dépendance au gaz russe mais Gazprom ne cesse d'affirmer qu'il sera le seul à pouvoir répondre à la hausse attendue de la demande à prix compétitifs. Gazprom a expliqué lundi la progression de ses exportations par "la diminution de production de gaz en Europe" qui "ne fait que se renforcer". Cette croissance "confirme la nécessité de construire le gazoduc Nord Stream 2", a-t-il souligné. Ce projet de gazoduc via la Baltique, renforçant le gazoduc déjà existant Nord Stream et permettant d'éviter l'Ukraine, a été annoncé en juin et a reçu le soutien capitalistique de groupes européens (Engie, Shell, OMV, BASF et EON). Mais certains pays s'y opposent, notamment plusieurs pays d'Europe centrale menés par la Pologne et la Slovaquie, mais aussi l'Italie qui s'estime lésée car le projet South Stream, devant l'approvisionner, a été bloqué. Le sujet a donné lieu en décembre à des discussions houleuses entre les dirigeants de l'Union européenne réunis en sommet à Bruxelles. La Commission européenne s'est pour l'instant montrée prudente par rapport au projet, indiquant qu'il ne constituait "pas une priorité".