Le secteur sanitaire de la Wilaya V historique a constitué une base arrière pour l'Armée de libération nationale (ALN) prenant en charge les blessés et les malades parmi les moudjahidine et fidayine, ont soutenu, jeudi à Tlemcen, les participants à une conférence sur la contribution de ce secteur sanitaire durant la guerre de Libération nationale. Lors de cette rencontre, organisée à l'occasion de la commémoration du 60ème anniversaire de la mort en martyr du Dr Benaouda Benzerdjeb, le chercheur universitaire Mohamed Guantari a souligné que ce secteur sanitaire, auquel le commandement du Front de libération nationale (FLN) accordait un grand intérêt est passé par deux étapes : la première de 1954 à 1956 où les moyens et les compétences faisaient défaut. Les moyens humains (médecins et infirmiers) et matériels de ce secteur se sont renforcés après l'appel du 19 mai 1956 auquel ont répondu des étudiants universitaires qui ont rejoint les rangs de l'ALN, a précisé le conférencier, soulignant que ces moyens étaient toutefois insuffisants, mais la foi des moudjahidine en leur révolution et leur volonté et détermination à libérer le pays du joug colonial ont paré contre la détérioration de la situation sanitaire. La moudjahida à la Wilaya V historique, Dr Ouahrani Fatima Zohra, a relaté la situation qu'elle a vécue avec ses collègues à cette époque, dans les montagnes et les bases arrière, soulignant que "la prise en charge des blessés lors des batailles était difficile, car les forces d'occupation françaises ne faisaient pas de distinction entre moudjahidine et équipes médicales et blessés." En marge de cette conférence, organisée par la direction de wilaya des moudjahidine en collaboration avec l'association "Mechaal Chahid" et le quotidien "El Moudjahid", les autorités locales et des membres de la famille révolutionnaire ont consacré une visite au CEM "Ibn Khaldoun" (ex De Slane) à Tlemcen ou étudiait chahid Benzerdjeb jusqu'à l'obtention du baccalauréat en 1941. Par la même occasion, un historique a été présenté sur l'enseignement dans cet établissement scolaire à l'époque coloniale, marqué alors par une ségrégation entre les enfants de colons et les autres élèves autochtones qui, bien que minoritaires, se sont cependant illustrés en dépit des difficultés qu'ils avaient rencontrées. Une exposition de photos et d'archives mettant en exergue l'activité médicale dans la Wilaya V historique a été organisée pour la circonstance. Né en 1921 à Tlemcen où il a fait sa scolarité couronnée par l'obtention de son baccalauréat en 1941, Benaouda Benzerdjeb s'est envolé vers l'étranger pour préparer un diplôme de médecine et adhéra au Mouvement de triomphe des libertés démocratiques (MTLD) puis fut désigné secrétaire général de la trésorerie de l'Association des étudiants musulmans algériens. En 1948, il revint à sa ville natale où il exerça sa profession dans un cabinet privé qu'il utilisait pour l'accueil des moudjahidine et la tenue de réunions sécrète, avant l'achat d'une imprimante pour rédiger les tracts et les documents pour la révolution. Après la découverte de cette activité secrète par l'administration coloniale française, il fut arrêté et emprisonné avant son exécution le 19 janvier 1956 au douar "Ouled Halima" à proximité de la ville de Sebdou (Tlemcen). En réaction, les habitants de Tlemcen en colère ont déclenché des manifestations et des marches à travers les artères de la ville dénonçant cet acte criminel.