Les cours du brut demeuraient englués sous les 30 dollars en Asie hier matin, après que l'Iran, bien décidé à profiter de la fin des sanctions, ait annoncé une augmentation majeure de sa production pétrolière. L'or noir a plongé lundi à des niveaux qu'il n'avait plus atteint depuis 2003, après que les Etats-Unis et l'Union européenne eurent levé la plupart des sanctions internationales imposées à Téhéran dans le cadre d'un accord sur son programme nucléaire. L'Iran a d'emblée annoncé une augmentation majeure de sa production pétrolière de 500 000 barils. Membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la République islamique produit actuellement 2,8 millions de barils par jour et en exporte un peu plus d'un million de barils. Vers 02H50 GMT hier, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février cédait 30 cents à 29,12 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le Brent, référence européenne du brut, pour livraison en mars, gagnait quant à lui 24 cents à 28,79 dollars. Lundi, le Brent est tombé sous les 28 dollars pour la première fois depuis novembre 2003. Le retour de l'Iran contribue à la situation de surabondance de l'offre, a estimé Sanjeev Gupta, du cabinet EY. Les prix ont dégringolé depuis juin 2014, quand le baril se négociait à 100 dollars. Les marchés ne parviennent plus à absorber une offre beaucoup trop abondante, dans un contexte de ralentissement économique global et de maintien des niveaux de production par les pays producteurs. Les cours du pétrole repartaient à la baisse lundi en fin d'échanges européens, dans un marché lesté par la perspective du retour du brut iranien et hésitant visiblement sur le positionnement à adopter. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 28,71 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 23 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février perdait quant à lui 39 cents à 29,03 dollars. Les cours du Brent et du WTI, après avoir tenté un rebond en début d'échanges européens et un temps oscillé autour de l'équilibre, sont ensuite repartis en petite baisse dans un marché en proie à la volatilité alors que les investisseurs américains étaient absents en raison d'un jour férié aux Etats-Unis. Les références européenne et américaine du brut ont déjà fortement creusé leurs pertes en fin de semaine dernière, finissant sous les 30 dollars vendredi et signant ce lundi à l'ouverture des échanges asiatiques de nouveaux plus bas en plus de douze ans, plombées par les attentes d'un afflux imminent de pétrole iranien. La levée des sanctions occidentales pesant sur l'Iran à la faveur de l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire intervenue samedi a en effet ouvert la voie au plein retour de Téhéran dans un marché croulant déjà sous les excédents. Le prix de la référence européenne du brut est ainsi tombé à 27,67 dollars le baril, un minimum depuis le 25 novembre 2003, tandis que son homologue new-yorkais a atteint au même moment 28,36 dollars le baril, un plus bas depuis le 30 octobre 2003. C'est l'Iran que nous avons à blâmer (ce lundi) pour la faiblesse des prix du pétrole, qui ont vu le Brent s'échanger en dessous de 28 dollars le baril au début des échanges, commentait James Hughes, analyste chez GKFX. Après que les sanctions des Etats-Unis et de l'Union européenne contre l'Iran ont été levées, Téhéran a ordonné une augmentation de sa production de pétrole de 500 000 barils par jour, ajoutant à l'énorme problème d'excédent qui domine actuellement les marchés mondiaux, ajoutait l'analyste. Conformément à ce qu'il annonce depuis des mois, l'Iran a décidé dès lundi d'augmenter sa production de pétrole d'un demi-million de barils par jour afin de regagner les parts de marché perdues depuis l'imposition des sanctions en 2012. De son côté, Christopher Dembik, analyste chez saxo Banque, jugeait que l'élément moteur de la chute des cours restait la cassure à la baisse des 30 dollars le baril. C'est un aspect qui a beaucoup influencé les prises de position. Le marché pétrolier donne l'impression d'être en chute libre, aucun niveau de cours ne parvenant à stabiliser les prix. La conséquence immédiate est évidente: cela attise la panique et les ventes massives, a souligné l'analyste. Dans ce contexte, le dernier rapport mensuel de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dans lequel le cartel prévoit un début de rééquilibrage du marché pétrolier en 2016, a été de peu de soutien pour les prix. Selon l'Opep, la production des pays n'appartenant pas au cartel devrait en effet plonger cette année, pour atteindre 660 000 barils par jour, soit près du double du déclin de 380 000 barils par jour qu'elle avait anticipé en décembre. Ainsi, Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com, estimait que l'arrivée de nouveaux barils iraniens sur le marché ne devrait pas encourager l'Opep à revoir sa stratégie, mais l'encourager au contraire à poursuivre sa guerre des prix. L'Iran avait aussi prétendu précédemment qu'il allait (ensuite) augmenter sa production (quotidienne) de 500 000 barils en plus pour atteindre une hausse d'un million de barils par jour en six mois une fois les sanctions levées. Pour ce faire, Téhéran pourrait devoir vendre son pétrole moins cher afin d'attirer de nouveaux consommateurs, et cela pourrait marquer le début d'une guerre des prix au sein de l'Opep, observait l'analyste.