L'or a de nouveau nettement grimpé cette semaine, signant de nouveaux plus hauts en près de trois mois, profitant toujours de son statut de valeur refuge dans un environnement de marché incertain ainsi que d'un accès de faiblesse du billet vert. Les mouvements erratiques sur les marchés pétroliers, ainsi que les nouvelles chutes enregistrées cette semaine par les marchés boursiers chinois, ont en effet continué à alimenter la méfiance des investisseurs, les encourageant à se tourner vers des actifs moins risqués, à l'image de l'or. Les cours du métal jaune étaient également soutenus indirectement par les divergences de politique monétaire en zone euro et aux Etats-Unis, qui ont entraîné un affaiblissement du dollar face à l'euro. L'once d'or est ainsi montée mercredi jusqu'à 1 128,18 dollars, un maximum depuis le 3 novembre 2015, avant de toutefois perdre un peu de vigueur en fin de semaine. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a clairement laissé entendre la semaine dernière que l'institution pourrait procéder dès mars à un nouvel assouplissement de sa politique monétaire, en accentuant notamment ses rachats d'actifs mensuels, ce qui se traduirait par un afflux de liquidités sur le marché, pouvant encourager les achats d'or. Or, dans le même temps, la Réserve fédérale américaine (Fed) s'est montrée prudente mercredi, au terme d'une réunion de deux jours de son Comité de politique monétaire (FOMC), concernant le rythme de poursuite des hausses d'intérêt de l'institution cette année. Un nouveau resserrement monétaire de la banque centrale américaine fait s'apprécier le dollar, car elle le rend plus rémunérateur et donc plus attractif pour les investisseurs. Aussi tout report d'une telle action monétaire tend-il à peser sur le billet vert, favorisant à l'inverse les achats d'or, libellés dans cette devise et donc rendus moins onéreux pour les investisseurs munis d'autres monnaies. La probabilité d'une nouvelle hausse de taux en mars a en outre encore reculé avec la publication jeudi d'une baisse bien plus forte que prévu des commandes de biens durables en décembre aux Etats-Unis et l'annonce vendredi du ralentissement plus marqué qu'attendu de la croissance économique de la première économie mondiale au cours du quatrième trimestre. "La question de savoir si (la Réserve fédérale américaine) procédera à une nouvelle hausse de taux lors de sa prochaine réunion en mars dépendra probablement d'abord et avant tout de si la faiblesse qu'a montrée l'économie américaine au quatrième trimestre 2015 se révèle être temporaire et que les marchés financiers se stabilisent", ont souligné les analystes de Commerzbank. "Si la Fed décidait de ne pas augmenter davantage ses taux d'intérêt en mars, cela aurait sans doute un effet positif sur les prix de l'or, car cela maintiendrait le coût de détention d'or bas", ont-ils ajouté. De son côté, l'argent, considéré par de nombreux investisseurs comme une alternative meilleure marché à l'or, a suivi la même trajectoire ascendante que le métal jaune, malgré une baisse de régime plus marquée en fin de semaine. "Les attentes décroissantes d'une hausse des taux de la Fed à court terme devraient soulager un peu la pression baissière qui a précédemment touché (l'argent) et offrir la possibilité aux investisseurs pariant sur la hausse des cours de tirer les prix vers le haut", a estimé Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. L'once d'argent est montée mercredi jusqu'à 14,57 dollars, un plus haut depuis le 7 décembre 2015. Les cours des métaux platinoïdes, le platine et le palladium, ont pour leur part évolué diversement cette semaine. Si le platine s'est nettement apprécié, dans le sillage du métal jaune, enregistrant mercredi un nouveau plus haut en plus de trois semaines (886,40 dollars), le palladium s'est quant à lui stabilisé, évoluant dans de très faibles marges. Le palladium est en effet plus sensible aux craintes entourant le ralentissement économique chinois alors que la demande pour ce métal est surtout industrielle (essentiellement pour les pots d'échappement), contrairement au platine qui est davantage utilisé en bijouterie. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1 111,80 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1 096,25 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 14,08 dollars, contre 14,17 dollars il y a sept jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 866 dollars, contre 833 dollars sept jours plus tôt. L'once de palladium a terminé pour sa part à 501 dollars, contre 507 dollars à la fin de la semaine précédente.
Les métaux de base profitent de bons chiffres chinois Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) sont parvenus à se reprendre cette semaine, soutenus par de bons chiffres de la demande chinoise et par la hausse des cours du pétrole. Les prix ont nettement rebondi à partir de mardi, dans le sillage de la publication des données définitives sur les importations chinoises de métaux industriels pour l'année 2015, qui sont ressorties en nette progression. "Selon les autorités douanières, la Chine a importé 12,5% de concentrés de cuivre en plus, 47,4% de concentrés de zinc en plus et 4,8% de concentrés de plomb supplémentaires en 2015 par rapport à l'année précédente", relevaient les analystes de Commerzbank. Selon eux, ces chiffres élevés s'expliquent sans doute par les importantes capacités de fonderie du pays et les coûts attractifs pour le traitement et le raffinage des métaux. Ces chiffres dans leur ensemble "confirment la robustesse de la demande chinoise pour les métaux", dont Pékin est le premier consommateur mondial, poursuivaient les experts de Commerzbank, qui s'attendaient en outre à ce que la Chine continue à consommer d'importantes quantités de métaux de base cette année étant donné les nombreuses mesures relatives aux infrastructures prises dans le pays et les prix bas. Les cours des métaux industriels ont en outre bénéficié d'un regain général de confiance sur les marchés des matières premières alors que les cours du pétrole se sont nettement repris, galvanisés par de possibles discussions entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et la Russie sur des réductions de production. De son côté, Liz Grant, analyste chez Sucden Financial, observait un changement de ton chez plusieurs analystes qui se montraient désormais plus optimistes sur les perspectives des métaux industriels. "Certains s'attendent désormais à ce que les métaux atteignent un cours plancher et se reprennent au cours du second semestre et au-delà alors que les effets des réductions de production programmées se feront sentir", soulignait Mme Grant.
Le cuivre revigoré par les importations chinoises Le cuivre a poursuivi cette semaine le rebond amorcé en fin de semaine dernière, bénéficiant de chiffres très encourageants sur la demande chinoise. Le métal rouge a même grimpé mercredi jusqu'à 4 595 dollars, un plus haut en près de trois semaines. "Les importations chinoises de cuivre ont grimpé (en décembre 2015) à leur plus haut niveau depuis décembre 2011", indiquait Kash Kamal, analyste chez Sucden Financial. Les importations chinoises de cuivre raffiné ont en effet atteint 423.000 tonnes le mois dernier, contre 359 000 tonnes en novembre, selon les chiffres des Douanes chinoises citées par les analystes de Barclays. Ces derniers jugeaient toutefois qu'il était trop tôt pour parler de reprise durable sur le marché du cuivre, jugeant que le récent rebond des cours s'expliquait surtout par la reprise générale observée sur les marchés des matières premières, et en particulier sur le marché pétrolier, après un début d'année particulièrement éprouvant. "Quelles que soient les raisons (du rebond) à court terme, les facteurs fondamentaux (de l'offre et de la demande) pour le métal rouge ne se sont pas améliorés", poursuivaient les analystes de Barclays.
L'aluminium porté par des achats à bon compte Les cours de l'aluminium ont également fortement bondi en milieu de semaine, signant de nouveaux plus hauts depuis fin décembre, avant de se stabiliser. La tonne d'aluminium pour livraison dans trois mois a ainsi atteint jeudi 1.529 dollars, un plus haut depuis le 31 décembre 2015. Les analystes d'Unicredit imputaient toutefois l'essentiel de cette hausse à des achats à bon compte d'investisseurs ayant auparavant parié sur la baisse des cours, un scénario qui n'est guère étonnant selon eux étant donné la faiblesse des prix et qui s'est déjà produit à plusieurs reprises sur le marché de l'aluminium depuis le pic enregistré en 2014. "Nous continuons à être pessimistes pour l'aluminium étant donné les fondamentaux (de l'offre et de la demande)", précisaient les analystes d'Unicredit. Le zinc a signé mercredi pour sa part un plus haut depuis le 4 janvier à 1 616 dollars la tonne. De leur côté, le plomb est monté vendredi jusqu'à 1 708 dollars la tonne, son niveau le plus élevé en plus de trois semaines, tandis que la tonne d'étain a atteint le même jour 15 010 dollars, un plus haut en quasiment deux mois. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4 541,50 dollars cette semaine, contre 4 471 dollars la semaine précédente. L'aluminium valait 1 525,50 dollars la tonne, contre 1 496,50 dollars. Le plomb valait 1 700,50 dollars la tonne, contre 1 653 dollars. L'étain valait 14 735 dollars la tonne, contre 13 630 dollars. Le nickel valait 8 565 dollars la tonne, contre 8 830 dollars. Le zinc valait 1 603,50 dollars la tonne, contre 1 530 dollars.