Les Bourses européennes ont repris leurs plongées jeudi, les investisseurs s'inquiétant de nouveau de la solidité financière du secteur bancaire, des prix du pétrole et de la croissance mondiale, après un rebond mercredi. "Les deux facteurs qui pèsent sur les marchés restent en place, à savoir les banques et le pétrole", souligne Alexandre Baradez, analyste chez IG France. Pour lui, cette phase de baisse du marché pourrait toutefois bientôt arriver à son terme. "Cela ressemble à une phase de capitulation (forte baisse du marché avant un rebond, ndlr) qui devrait permettre au marché de se reprendre, grâce à une probable action de la BCE (Banque centrale européenne) et des indicateurs européens plutôt bons", selon lui.
L'Eurostoxx 50 a baissé de 3,90 % La Bourse de Paris a terminé sur une très forte baisse (-4,05%). L'indice CAC 40 a perdu 164,49 points à 3 896,71 points, clôturant sous 3 900 points pour la première fois depuis juillet 2013. Société Générale a plongé (-12,57% à 27,47 euros) souffrant de la non-confirmation de son objectif de rentabilité sur fonds propres à fin 2016. BNP Paribas a perdu 6,02% à 37,36 euros et Crédit Agricole 6,60% à 7,67 euros. En revanche, Natixis a tiré son épingle du jeu (+5,56% à 4,33 euros) grâce à un bénéfice net en hausse de 18% en 2015, porté par la gestion d'actifs. Korian s'est effondré (-14,66% à 24,62 euros), affectée par la baisse de sa rentabilité en 2015. Edenred a chuté (-10,13% à 13,94 euros), après avoir annoncé un bénéfice net de 177 millions d'euros pour 2015, en hausse mais en dessous des attentes. La Bourse de Londres a terminé en baisse de 2,39%, l'indice FTSE-100 des principales valeurs terminant à 5 536,97 points. Les banques ont été particulièrement attaquées. Barclays a plongé de 7,01% à 147,85 pence, Standard Chartered de 5,09% à 386,65 pence, HSBC de 4,81% à 420,15 pence, RBS de 4,08% à 223,50 pence et Lloyds Banking Group de 4,11% à 56 pence. Parmi les assureurs, Prudential a chuté de 7,53% à 1 087 pence et Standard Life de 5,83% à 324,70 pence. La rechute des cours du pétrole a pesé sur les valeurs des compagnies du secteur, BP perdant notamment 4,00% à 310,25 pence, tandis que Royal Dutch Shell (action "B") limitait les dégâts en ne cédant que 0,82% à 1 445,50 pence. A Francfort, l'indice Dax des principales valeurs allemandes s'est établi à 8 752,87 points, affichant une chute de 2,93%, son plus bas niveau en fin de séance depuis octobre 2014, tandis que le MDax des valeurs moyennes a perdu 2,83%, à 17 594,68 points. Seul le titre Adidas a échappé au marasme, avec une hausse de 2,33%, à 89,05 euros après une année 2015 meilleure que prévu. Les valeurs bancaires ont essuyé les plus forts replis, avec Commerzbank en baisse de 6,57% à 6,39 euros et Deutsche Bank de 6,14%, à 13,69 euros. A la Bourse de Milan l'indice phare FTSE Mib a cédé 5,63% à 15 773 points. La plus forte baisse a été enregistrée par Ubi Banca, qui s'est effondrée de 12,11%, à 2,976 euros après avoir annoncé pour le 4e trimestre une forte amélioration de sa perte nette. D'autres banques ont terminé en net recul: BMPS (-9,88%, à 0,4844 euros), Banco Popolare (-8,71%, à 6,445 euros), Carige (-7,52%, à 0,443 euro) ou encore Unicredit (-7,03%, à 2,882 euros). Mediobanca a chuté de 5,27%, à 5,755 euros, après avoir fait état jeudi d'un bénéfice net de 76,8 millions d'euros au deuxième trimestre de son exercice 2015/2016, un résultat inférieur aux attentes des analystes. Parmi les autres valeurs en forte baisse: le titre du groupe italien d'exploration et d'ingénierie pétrolière Saipem (-12,02%, à 0,3185 euro) au dernier jour de son augmentation de capital de 3,5 milliards d'euros, ou encore CNH Industrial (-9,14%, à 5,17 euros). La Bourse de Lisbonne a clôturé en chute de 4,47%. Avec 16 de ses 17 valeurs terminant dans le rouge, le PSI 20, indice vedette de la place portugaise, a terminé à 4 460,63 points, son plus bas niveau depuis juillet 2012. Le groupe pétrolier et gazier Galp Energia a dévissé de 6,19% à 9,60 euros, et le groupe électricien EDP a chuté de 5,49% à 2,72 euros. La banque BPI a également reculé de 5,65% à 0,94 euro, tandis que sa concurrente BCP a cédé 4,01% à 3,35 centimes d'euro. Seul titre dans le vert, le groupe de BTP Teixeira Duarte a bondi de 6,87% à 0,2 euro. A Madrid, l'indice Ibex 35 a cédé 4,88% à 7 746,30 points, passant nettement sous la barre symbolique des 8 000 points, son plus bas niveau depuis juin 2013. Les plus fortes pertes étaient Bankia (-7,64% à 0,73 euro) et BBVA, deuxième banque du pays par sa capitalisation, dont l'action cédait 7,14% à 5,24 euros. A la Bourse de Bruxelles l'indice BEL-20 a reculé à 3 130,76 points (-2,78%). L'assureur Delta Lloyd était en queue du peloton baissant de 13,58% à 3,81 euros. Le bancassureur KBC a dévissé de 4,70% à 45,05 euros. Seules trois des 20 valeurs vedettes sont parvenues à se hisser dans le vert, dont le métallurgiste Umicore qui a pris 2,61% à 35,81 euros. L'indice SMI de la Bourse suisse a clôturé à 7 523,34 points en repli de 2,70%. Les plus fortes baisses étaient une fois de plus enregistrées par les bancaires Credit Suisse (-7,81% à 12,39 CHF), Julius Bär (-4,04% à 37,04 CHF) et UBS (-4,15% à 13,87 CHF. Les valeurs conjoncturelles se trouvaient également dans la tourmente, comme LafargeHolcim (-5,14% à 34,14 CHF), Transocean (-4,81% à 8,31 CHF) et Adecco (-3,48% à 54,05 CHF). Zurich Insurance a perdu 2,29% à 200,80 CHF. Le groupe va supprimer 8.000 emplois. L'indice AEX des principales valeurs de la Bourse d'Amsterdam a baissé de 3,05% à 382,61 points, presque toutes les valeurs clôturant dans le rouge. Delta Lloyd a dévissé de 12,81% à 3,84 euros et Aegon de 6,86% a 4,09.
Wall Street emportée par la tourmente Wall Street a fini jeudi en forte baisse, emportée par la même tourmente que les marchés du pétrole et les Bourses européennes sans se laisser rassurer par la Réserve fédérale: le Dow Jones a perdu 1,60% et le Nasdaq 0,39%. Selon des résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 254,56 points à 15 660,18 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 16,76 points à 4.266,84 points, les indices ayant toutefois nettement réduit leurs pertes après des informations sur une possible action de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole destinée à soutenir les cours. L'indice élargi S&P 500, particulièrement surveillé par les investisseurs, a perdu 22,78 points, soit 1,23% à 1 829,08 points. "Les investisseurs sont encore très inquiets de plusieurs facteurs, notamment les prix du pétrole et l'Europe et son système bancaire", a souligné David Levy, chez Republic Wealth Advisors. Pour couronner le tout, "il n'y a rien de rassurant" dans les auditions parlementaires de Mme Yellen, mercredi et jeudi, a noté Art Hogan, chez Wunderlich Securities. Lors d'une deuxième audition au Congrès en deux jours, Mme Yellen a reconnu que "les développements économiques et financiers dans le monde (...) peuvent influencer la balance des risques ou la trajectoire économique". Mais elle a ajouté qu'il était "prématuré d'exercer un jugement" sur l'économie et donc la politique monétaire. M. Hogan a noté que les investisseurs autant que les parlementaires étaient particulièrement inquiets que la Fed, qui a remonté les taux d'intérêt pour la première fois en près de dix ans en décembre, puisse brutalement faire marche arrière et imiter notamment la Banque du Japon en instaurant des taux d'intérêt négatifs. Interrogée à ce propos, Mme Yellen a reconnu que la Fed avait envisagé d'y recourir en 2010 juste après la récession. "Nous regardons à nouveau la question car nous voulons être préparés au cas où nous aurions besoin de davantage de mesures accommodantes", a-t-elle toutefois précisé. Plus généralement, le marché perd foi dans les pouvoirs de la banque centrale à régler les crises, a noté M. Levy. "Si les conditions se dégradent, on se pose des questions sur la capacité de la Fed d'agir avec assez de force pour soulager les inquiétudes", a-t-il dit. Quant à la remontée des indices en fin de séance, M. Levy a craint qu'elle reste très provisoire: "en attendant qu'il se passe quelque chose (de concret) et que les prix du pétrole aient clairement touché le fond, il se peut que les investisseurs reviennent, (mais) pour du très court terme", a-t-il dit.
Boeing en piqué Boeing, membre du Dow Jones, a lâché 6,81% à 108,44 dollars, traders et investisseurs s'inquiétant de l'ouverture d'une enquête du régulateur boursier sur de possibles manipulations comptables concernant les programmes 747 et 787. Le constructeur de voitures électriques de luxe Tesla a bondi de 4,73% à 150,47 dollars après avoir promis des bénéfices pour 2016. L'équipementier en télécoms Cisco, qui a ravi ses actionnaires avec des résultats trimestriels meilleurs que prévu et un nouveau programme de rachats d'actions de 15 milliards de dollars, s'est envolé de 9,64% à 24,68 dollars. Mais Twitter a chuté de 4,47% à 14,31 dollars après avoir annoncé un nombre d'utilisateurs inférieur aux attentes, tout comme ses perspectives. L'action est tombée à un nouveau plus bas historique. Le fabricant de médicaments génériques Mylan s'est écroulé de 18,05% à 41,42 dollars après l'annonce de l'acquisition du Suédois Meda, fabricant de l'antiseptique Betadine, pour le prix très élevé de 9,9 milliards de dollars. La banque Morgan Stanley a chuté de 4,45% à 21,69 dollars après l'annonce d'un accord à 3,2 milliards de dollars pour solder des litiges immobiliers, dans un contexte où l'ensemble du secteur financier était à la peine (-2,96%). Le groupe d'informations Thomson Reuters a perdu 2,90% à 48,921 dollars en dépit de résultats supérieurs aux attentes et de prévisions plutôt optimistes.