La Bourse suisse s'enfonçait de plus en plus dans le rouge, hier, vers midi, après la décision prise la veille par la Réserve fédérale américaine (Fed) de ne pas toucher à sa politique monétaire. Le statu quo prôné par la Fed ne suscite guère d'adhésion auprès des intervenants du marché. Il renforce les incertitudes sur l'orientation future des taux directeurs, selon un courtier. La nervosité domine sur fond de grande échéance Eurex prévue dans la journée. En Suisse, les cycliques et les financières sont à la peine. La banque centrale étasunienne a confirmé sa politique de taux zéro et renvoyé un relè- vement à une prochaine réunion. La patronne de la Fed Janet Yellen a justifié cette nond écision par le danger que fait peser le ralentissement économique mondial sur la conjoncture américaine. Sur le coup de midi, le Swiss Market Index (SMI) s'enfonçait de 1,14% à 8748,71 points, atteignant un plus bas journalier. Le Swiss Leader Index (SLI) se dépréciait de 1,33% à 1289,84 points, alors que le Swiss Performance Index (SPI) perdait 1,05% à 8920,66 points. Parmi les trente blue chips, 28 étaient teintés de rouge et deux (Swisscom et Galenica) de vert. Sur le marché des devises, le dollar cédait du terrain aussi bien face à l'euro qu'au franc. L'euro s'échangeait contre 1,1447 dollar. La paire USD/CHF évoluait sous la marque de 0,96, à 0,9551 CHF. Les marchés pourraient également fluctuer à l'approche de la triple échéance Eurex de vendredi, appelée grande échéance. Des options et des contrats à terme expirent sur les indices et les actions. Par ailleurs, le regard des investisseurs se tourne à nouveau vers la Grèce, où doivent se tenir ce week-end des élections législatives anticip ées. Les nouvelles d'entreprise constituent une denrée rare en cette fin de semaine. Le plus grand perdant du SMI/SLI est Credit Suisse (-3,8%), suivi d'Adecco (-2,9%) et d'UBS (- 2,8% ou -0,54 CHF). Ce dernier est traité hors dividende de 0,25 CHF. Il en va de même pour Richemont, qui rémunère ses actionnaires à raison de 1,60 CHF par titre. La valeur du luxe perdait 2,1% ou 1,65 CHF. Les cycliques ABB (-2,4%) ou Clariant (-2,1%) figuraient en queue de peloton, au même titre que les financières Swiss Life (-2,3%) ou Julius Bär (- 2,2%). Malgré des pertes, les poids lourds Nestlé (-0,2%) et Roche (-0,8%) permettaient de limiter les dégâts. Novartis (-1,2%) en revanche évoluait juste sous l'indice. Le géant rhénan a reçu l'approbation de Swissmedic pour la commercialisation d'Entresto, un médicament destin é à réduire le risque d'hospitalisation ou de décès d'origine cardiovasculaire. Galenica (+0,7%) et Swisscom (+0,1%) étaient les seuls à surnager. Sur le marché élargi, la société immobilière Plazza (- 0,1%), qui a fait son entrée à la Bourse suisse fin juin, a fait état d'un recul de ses résultats lors de la présentation de ses chiffres semestriels. La veille dans la soirée, l'exploitant de lignes ferroviaires régionales BVZ Holding (action +1,4%) a également présenté sa performance au premier semestre 2015. Le béné- fice net a progressé de près de moitié sur un an, et ce malgré des recettes stables. La lanterne rouge revenait à Starrag (-5,5%), alors que du côté des gagnants Cytos (+2,1%) sortait du lot. Logitech se contractait de 3,6% ou 0,50 CHF dans le cadre de la distribution du dividende (0,51 CHF par action). TOKYO PRUDENTE LORS D'UNE SEMAINE ECOURTEE Les investisseurs de Tokyo seront prudents la semaine prochaine, alors que la Bourse ne sera ouverte que jeudi et vendredi en raison de trois jours fériés, attentifs à l'évolution des autres places mondiales après la décision de la Réserve fédé- rale américaine (Fed) de maintenir ses taux inchangés. La décision de la Fed, qui a opté ce jeudi pour la prudence en ne relevant pas ses taux d'int érêt proche de zéro depuis fin 2008, a mis sous pression le dollar face au yen et entraîné vendredi une chute de près de 2% de la Bourse japonaise. Sur l'ensemble de la semaine qui vient de s'achever, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a perdu 1,06% à 18.070,21 points. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a pour sa part abandonn é 1,21% à 1.462,38 points. Au-delà du statu quo sur les taux, les commentaires de la Réserve fédérale ont également refroidi les ardeurs des investisseurs nippons. Pour justifier son attentisme, la présidente de la Fed, Janet Yellen, a évoqué "des inquiétudes plus vives concernant la croissance en Chine et dans d'autres marchés émergents". "Après la décision de la Réserve fédérale américaine de ne pas modifier sa politique monétaire, les investisseurs surveilleront l'évolution des march és étrangers, ainsi qu'une série de chiffres dont l'indice manufacturier PMI en Chine", a expliqué Hiroaki Hiwata, stratégiste chez Toyo Securities. "Si les marchés étrangers gagnent du terrain, il est probable que les actions japonaises progressent également", a estimé cet analyste. L'indice PMI des directeurs d'achat en Chine est prévu mercredi alors que celui des prix à la consommation au Japon sera publié vendredi. Aux Etats-Unis, sont attendus la semaine prochaine de nombreux indicateurs, notamment dans le secteur immobilier, ou les commandes de biens durables (jeudi) et une nouvelle estimation de la croissance économique au deuxième trimestre (vendredi). L'évolution du yen face au dollar devrait aussi influencer, la semaine prochaine, le march é boursier japonais. De nombreux analystes tablent sur une hausse du yen dans la foulée du maintien en l'état de la politique monétaire américaine. Une progression de la devise japonaise est généralement défavorable aux titres des groupes exportateurs nippons. Le dollar est tombé vendredi en dessous de la barre des 120 yens, contre 120,82 yens la veille. "La période du yen bon march é commence à se terminer et je pense que progressivement le taux dollar/yen va fluctuer entre 115 et 120", affirmait Eisaku Sakakibara, un ancien vice-ministre japonais. LA BOURSE DE FRANCFORT S'ENFONCE APRÈS LA DECISION DE LA FED (DAX-1,02%) La Bourse de Francfort s'enfon çait en territoire négatif vendredi dans la matinée, alors que le statu quo monétaire décidé par la Réserve fédérale américaine jeudi sème le trouble dans les esprits des investisseurs. L'indice vedette Dax cédait 1,02% à 10.124,93 points et le MDax des valeurs moyennes 0,65% à 19.618,80 points. "Les investisseurs ne sont pas d'accord entre eux sur l'interpr étation" à donner à la décision de la Fed de laisser ses taux directeurs inchangés, soulignait Uwe Streich, analyste de la banque LBBW. Les marchés sont très attentifs à une possible remontée des taux, synonyme de restriction de l'important soutien financier orchestré par la Fed. Bonne nouvelle pour les détenteurs d'actions, la décision de la Fed "inquiète dans le même temps les investisseurs en faisant apparaître une certaine crainte que les problèmes actuels en Chine pourraient déteindre sur la conjoncture mondiale", selon M. Streich. Du côté des valeurs, Adidas (+2,81% à 71,28 euros) continuait de surfer sur un article de l'hebdomadaire Manager Magazin, selon lequel le patron du fabricant de produits d'entretien Henkel, Kasper Rorsted, serait intéressé pour remplacer Herbert Hainer à la tête de l'équipementier sportif. L'action Henkel perdait pour sa part 0,48% à 90,92 euros. Le groupe de chimie-pharmacie Merck KGaA faisait partie des reculs les moins prononc és, cédant 0,51% à 82,40 euros, après l'annonce d'un accord de licence avec Tridonic, pour utiliser les luminophores de silicate de ce fabricant dans la production de diodes électroluminescentes à lumière blanche (LEDs). Deutsche Bank reculait de 1,78% à 25,89 euros. La premi ère banque allemande a annoncé vendredi son retrait de la banque d'affaires en Russie. Le laboratoire pharmaceutique Bayer lâchait 1,26% à 117,50 euros alors que son concurrent Sigmapharm a déposé aux Etats-Unis une demande de commercialisation pour une copie du traitement phare du groupe allemand, l'anticoagulant Xarelto, selon le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung. Bayer "étudie les recours juridiques", a déclaré une porte-parole de Bayer au quotidien. Le chimiste de spécialité Lanxess, qui laissera en fin de journée sa place sur le Dax au groupe immobilier Vonovia pour repasser dans la cour des valeurs moyennes, était lanterne rouge (-3,12% à 44,29 euros). LONDRES DIGÈRE LES ANNONCES DE LA FED (- 0,68%) La Bourse de Londres évoluait en baisse vendredi matin, les investisseurs digérant les annonces de la Fed, qui a décidé la veille de laisser son taux directeur inchangé. Vers 07H15 GMT, l'indice FTSE-100 des principales valeurs perdait 41,84 points ou 0,68% par rapport à la clôture de la veille, à 6.145,19 points. Alors que planait une incertitude sans précédent depuis plusieurs années sur les intentions de la Fed, la banque centrale américaine a décidé de ne pas relever ses taux, maintenus à un niveau presque nul depuis 2008. "La Fed a surpris les march és, pas tant en laissant ses taux inchangés mais plutôt par son ton beaucoup plus accommodant que prévu", ont comment é Mike van Dulken et Augustin Eden chez Accendo Markets. "Tandis que les march és avaient désiré de la clarté, il semble que l'incertitude (et la volatilité) pourraient s'installer", ont ajouté les analystes. Pour justifier son attentisme, la présidente de la Fed, Janet Yellen, a évoqué "des inquiétudes plus vives concernant la croissance en Chine et dans d'autres marchés émergents". Les banques réagissaient mal, avec Barclays (-1,65% à 256,2 pence), Royal Bank of Scotland (RBS) (-1,26% à 321,9 pence) ou Lloyds Banking Group (-0,93% à 73,6 pence). Le secteur pétrolier reculait également, avec BP (-1,39% à 341,05 pence) et Royal Dutch Shell (action "A" -1,03% à 1.627,5 pence). Le producteur d'or Randgold Resources bondissait pour sa part de 3,54% à 3.861 pence, profitant de la hausse des cours du métal précieux.