Le groupe de télévision TF1 a publié jeudi des résultats annuels 2015 en léger recul au moment où son P-DG, Nonce Paolini, en poste depuis huit ans, quitte le navire, remplacé par Gilles Pélisson, ancien patron d'Eurodisney, Accor et Bouygues Telecom. TF1, premier groupe français du secteur, a vu son bénéfice net part du groupe en 2015 divisé par quatre, à 103,3 millions d'euros, mais c'est en raison de la prise en compte lors de l'exercice précédent de la cession de sa part de contrôle d'Eurosport. TF1 avait en effet dégagé une plus-value de 299,5 millions d'euros grâce à la vente en mai 2014 de 51% d'Eurosport à Discovery Communications. Il affiche un bénéfice net des activités poursuivies inchangé à 99 millions d'euros, tandis que son résultat opérationnel courant a progressé de 35,6% à 158 millions d'euros. Le chiffre d'affaires du groupe a fléchi de 4,2% à 2 milliards d'euros en 2015, année marquée par des audiences en retrait après deux années de hausse, même si le groupe monopolise 98 des meilleures audiences de l'an dernier sur 100. Côté perspective, le groupe indique que "la faible visibilité en 2016 et l'absence d'amélioration durable de l'environnement économique en France devraient entraîner une stabilit é du marché net de la publicit é télévisuelle". Des prévisions très prudentes qui ont fait chuter le titre TF1 de 6,6% à 9,305 euros à la Bourse de Paris, dans un march é en recul de 0,98%. "On n'est pas pessimistes, on dit qu'il faut être raisonnables", a souligné Nonce Paolini au cours d'une confé- rence avec les analystes. Les deux premiers mois de l'année traduisent d'ailleurs "une tendance publicitaire sur la même ligne que ce qu'on a connu l'an dernier à la même période", at- il noté. Le groupe va s'efforcer de maintenir son coût de grille à 380 millions d'euros (en incluant LCI) cette année. Indicateur-clé de bonne santé, les recettes publicitaires s'affichent pour 2015 en retrait de 1,4% à 1,55 milliard d'euros, tandis que les autres activit és du groupe reculent de 12,8% à 450 millions d'euros. Ces dernières ont notamment pâti de "reventes de droits sportifs d'un montant plus faible au titre de la Coupe du monde de rugby en 2015 que celui des droits de la Coupe du monde de football en 2014". Le chiffre d'affaires publicitaire des quatre chaînes en clair du groupe est en léger recul de -0,5% sur un an. Celui-ci a été affecté au quatrième trimestre 2015 "par l'actualité en France (les attentats du 13 novembre, ndlr) qui a provoqué un retrait des investissements publicitaires fin novembre et début décembre". TF1 souligne que 16,8 millions d'euros ont été comptabilis és en 2015 en autres charges opérationnelles, au titre des coûts d'adaptation du pôle de l'information, qui "sont principalement liés à l'arrêt de la version papier de Metronews". La trésorerie nette au 31 décembre 2015 s'établit à 700,8 millions d'euros, après versement d'un dividende de 317,3 millions d'euros en avril 2015 et acquisition sur le march é d'actions propres pour 40 millions. LCI BIENTÔT EN CLAIR "Le groupe TF1 a encaissé 474 millions d'euros le 1er octobre 2015, correspondant au dénouement de l'accord signé avec Discovery Communications en juillet", soit la cession de sa part restante de 49% dans Eurosport. Un dividende de 0,80 euro par action sera proposé à l'assembl ée générale du 14 avril, dont une partie ordinaire de 0,28 euro et une partie extraordinaire de 0,52 euro au titre de la cession d'Eurosport. Le conseil d'administration proposera aussi "un programme de rachat d'actions pour 30 millions d'euros". Nonce Paolini, qui quitte jeudi à 67 ans la présidence de TF1 et est remplacé par Gilles Pélisson, 58 ans, aura vécu l'effritement de l'audience de la chaîne TF1, grignotée par l'émergence de la TNT. Les derniers succès de l'ère Paolini ont été l'obtention du prochain passage en clair de la chaîne d'information LCI, autorisé en décembre par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, et l'acquisition, finalisée mercredi, de 70% du capital de la société de production Newen, connue notamment pour le feuilleton à succès de France 3 "Plus belle la vie". Cette prise de contrôle, qui crée des tensions avec le groupe public France Télévisions, premier client de Newen, devrait avoir un impact de l'ordre de 300 millions d'euros sur la dette du groupe à compter du 31 mars. Nonce Paolini a souligné devant les analystes laisser à Gilles Pélisson "un groupe en ordre de marche". "Il faut que vous ayez confiance dans ce groupe, on a pris des vagues successives mais on est toujours là", a-t-il souligné.