Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a reçu mercredi à Alger le ministre angolais des Relations extérieures, Georges Rebelo Chikoti, en visite de travail en Algérie. L'audience s'est déroulée en présence du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, et du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. Par la voix de son ministre des Relations extérieures, l'Angola a exprimé, sa volonté de développer davantage sa coopération bilatérale avec l'Algérie, plus particulièrement en ce qui concerne les volets économique et technique. "L'Algérie est un modèle dont devrait s'inspirer les dirigeants angolais, notamment dans les domaines de développement économique, technique et de gestion des collectivités locales", a déclaré M. Chikoti à l'issue de l'audience que lui a accordée le président de la République. Il a indiqué avoir évoqué avec le chef de l'Etat l'exp érience algérienne dans le domaine des hydrocarbures et de l'industrie, et s'est déclaré "impressionné" par les progrès réalisés par l'Algérie en la matière. D'autre part, les questions régionales et internationales d'intérêt commun ont été abord ées lors de cet entretien et, à ce titre, le chef de la diplomatie angolaise a relevé que le conflit du Sahara occidental, doit être résolu conformément aux résolutions et décisions des Nations unies en vue d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Il a indiqué, par ailleurs, avoir transmis au président Bouteflika les salutations de son homologue angolais, Jose Eduardo Dos Santos. De son côté le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a reçu le ministre angolais, jeudi à Alger, selon un communiqu é des services du Premier ministre. Au cours de cette audience, "la qualité des relations politiques historiques entre les deux pays a été confirmée", a pré- cisé la même source. "Partant de ce fait, les deux parties ont convenu d'intensifier les rencontres afin de développer des cré- neaux à même d'accroître les échanges économiques entre les deux pays". L'entretien a, par ailleurs "permis au Premier ministre et à son hôte d'aborder les questions internationales et régionales d'intérêt commun", a ajouté le communiqué. DES RELATIONS "EXCEPTIONNELLES ET HISTORIQUES" A l'issue des entretiens qu'il a eus avec son homologue angolais, Georges Rebelo Pinto Chikoti, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a qualifié jeudi à Alger les relations algéroangolaises d'"exceptionnelles" et d'"historiques". Dans une déclaration à la presse, M. Lamamra a précisé que les relations entre l'Algérie et l'Angola étaient "exceptionnelles et historiques, remontant à leur lutte pour l'indé- pendance", ajoutant que la solidarit é entre les deux pays avait "contribué à écrire l'épopée de libération sur le continent africain". Pour lui, "la solidarité de l'Angola avec la lutte du peuple sahraoui traduit l'attachement de nos deux pays au principe du droit des peuples à l'autodétermination". Il a, à cet égard, souligné l'engagement de l'Algérie et de l'Angola, en tant que pays africains actifs, en faveur de la concrétisation des principes consacrées dans la Charte de l'Organisation de l'unité africaine (actuelle Union africaine). Evoquant la coopération économique bilatérale, M. Lamamra a rappelé le rôle de Sonatrach dans la mise en place de la société angolaise des hydrocarbures, estimant que les intérêts économiques communs "nous impose plus que jamais d'innover de nouvelles formules de coopération et de partenariat qui nous permettent de compenser les répercussions de la baisse des prix du pétrole sur les marchés mondiaux". "Nous nous emploierons de concert à créer des sociétés et des investissements communs en Algérie et en Angola pour trouver des marchés à nos produits", a-t-il affirmé, ajoutant que les progrès de l'Algérie dans la fabrication de tracteurs qui avaient suscité l'inté- rêt du ministre angolais à Constantine "révèlent l'existence de véritables domaines susceptibles de contribuer à la réalisation de la complémentarité économique". Après avoir mis en avant la "convergence de vues" en matière politique, M. Lamamra a annoncé un échange de visites entre des ministres des deux pays "très prochainement". Il a souhaité que "ce processus aboutisse à la visite d'Etat du président angolais, José Eduardo dos Santos, en Algérie à l'invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika". AUCUNE CHANCE POUR S'ENTRAÎNER DANS UNE AVENTURE MILITAIRE M. Lamamra a affirmé d'autre part et concernant la Libye, qu'"il n'y a aucune chance pour que l'Algérie soit entraînée dans une aventure militaire en Libye ou ailleurs", soulignant que l'Algérie a toujours insisté, dans ses concertations avec les acteurs internationaux, sur la nécessité d'un règlement pacifique de la crise libyenne. Il a en outre soutenu que "les aventures militaires n'ont aucune chance d'aboutir au règlement de ce problème ni dans l'imm édiat ni à long terme", ajoutant que "toute autre intervention militaire en Libye engendrera davantage de destruction et de pertes humaines". "L'Algérie respecte le droit de la Libye d'instaurer le régime qu'elle juge adéquat pour son peuple", a encore souligné M. Lamamra ajoutant que le rôle de la communauté internationale est d'"oeuvrer avec tout son poids, afin d'aboutir à un règlement pacifique et consensuel à commencer par la formation d'un gouvernement d'entente nationale qui tarde à venir". Concernant la décision du Conseil de coopération du Golfe de considérer le Hezbollah libanais comme étant une "organisation terroriste", M. Lamamra a rappelé la position de l'Algérie concernant le principe de non ingérence dans les affaires internes des pays, affirmant qu'il s'agit d'"un mouvement politico-militaire qui active sur la scène politique interne au Liban". "Nous devons dans le même temps respecter la Constitution du Liban et les dispositions sur lesquelles repose la coexistence dans ce pays", a-t-il poursuivi, précisant que l'Algérie met en avant le principe de non ingérence dans les affaires internes concernant la situation au Liban. HEZBOLLAH FAIT PARTIE DU PAYSAGE SOCIAL ET POLITIQUE DU LIBAN Dans le prolongement de la réponse du ministre le porteparole du MAE, AbdelazizBenali- Cherif a indiqué, dans une déclaration à l'APS, qu'"il y a lieu de rappeler, d'abord, que le Hezbollah est un mouvement politico-militaire qui fait partie du paysage social et politique du Liban et qui participe aux équilibres fragiles patiemment et laborieusement négociés dans ce pays, notamment en vertu des Accords de Taëf auxquels il a été partie prenante". Soulignant "Toute décision concernant ce mouvement doit, donc, émaner des Libanais eux-mêmes. L'Algérie, pour qui la non-immixtion dans les affaires internes des autres pays est l'un des principes directeurs de sa politique étrangère, s'interdit toute interférence dans ce dossier et refuse de s'exprimer en lieu et place des Libanais dans une affaire qui les concerne d'une manière exclusive". Répondant à une question a propos des prisonniers algériens dans les prisons irakiennes, M. Lamamra a appelé "à ne pas jeter de l'huile sur le feu concernant les questions sensibles" soulignant que ce dossier comporte plusieurs dimensions dont celle humanitaire. "Il y a une justice et il existe des lois, outre le respect de la souverainet é de l'Irak en tant que pays frère confronté l'agression de l'organisation terroriste "Daech" et qui pourrait prendre des mesures pour se défendre et défendre son peuple", a-t-il soutenu affirmant qu'aucun "jugement sur la légitimité ou la pertinence de ces mesures ne peut être porté". "Des discussions et des actions diplomatiques sont en cours entre les deux pays et devront permettre de trancher ce dossier", a-t-il dit avant de conclure "soyons patients et attendons que l'Irak parachève sa procédure juridique pour aboutir à un résultat positif mettant un terme à cette question".