Les cours du pétrole rebondissaient hier matin en Asie sous l'effet d'achats à bon compte dans un marché qui avait recommencé à décliner, préoccupé à nouveau par l'excès d'offre. Vers 02H15 GMT, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril prenait 58 cents à 36,92 dollars. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en mai s'appréciait de 40 cents à 39,14 dollars, toujours sous le seuil de 40 dollars. Le Brent était repassé au-dessus des 40 dollars le baril pour la première fois de l'année la semaine passée. Les deux contrats ont terminé en recul la veille pour la seconde journée consécutive, provoquant une chasse aux bonnes affaires en Asie, mais le marché reste plombé par les préoccupations sur la surabondance de l'offre, d'après les analystes. D'autant que l'Iran, qui appartient à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et fait son retour sur le marché mondial, a prévenu qu'il ne participerait pas à un gel évoqué par la Russie et l'Arabie saoudite, poids lourd du cartel. On devrait assister à une augmentation de la production proche de 200 000 barils par jour, ce qui veut dire plus de brut sur un marché qui croule, a dit Daniel Ang, analyste chez Phillip Futures. L'Iran a prévenu dimanche qu'il comptait avant toute chose atteindre une production de 4 millions de barils par jour (bj) et n'envisagerait un gel de sa production qu'une fois ce seuil atteint. Le marché est également dans l'attente des données sur l'état des stocks et de la production de brut américains, comme de la réunion de la Réserve fédérale américaine qui doit donner des indications sur ses intentions en matière de taux d'intérêt. Une hausse des taux a pour conséquence de renforcer le dollar. Le brut étant libellé en billets verts, le pétrole devient alors plus cher pour les acheteurs munis d'autres devises. Mardi à la clôture, le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril a perdu 84 cents à 36,34 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a plus légèrement reculé de 79 cents à 38,74 dollars, sur l'Intercontinental Exchange (ICE). "On fait toujours face à des problèmes liés à l'offre", a résumé Carl Larry, de Frost & Sullivan, se gardant toutefois de voir dans ce mauvais début de semaine un début de rechute durable à l'issue d'un mois de hausse. Tombés au plus bas depuis 2003 en début d'année face à la surabondance mondiale d'or noir, les cours ont nettement rebondi, notamment grâce à un accord de gel de la production entre l'Arabie saoudite, membre dominant de l'Opep, et la Russie, gros producteur extérieur au cartel, mais les investisseurs semblent désormais à la croisée des chemins. Mardi, sans nouvel élément pour leur donner une direction, ils ont continué à digérer des propos datant de la veille, jugés peu encourageants sur la bonne volonté des membres de l'Opep, tout en se préparant aux chiffres hebdomadaires du département de l'Energie (DoE) des Etats-Unis sur l'offre américaine. Sur le premier plan, "on se rend de plus en plus compte que le +gel+ de l'offre entre membres de l'Opep et gros producteurs extérieurs, c'est moins une avancée constructive qu'un statu quo", a résumé Tim Evans de Citi. Tandis que l'Iran, qui appartient à l'Opep et fait son retour sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions internationales, a prévenu qu'il ne participerait pas à un tel gel, la Russie a exclu qu'une réunion entre gros producteurs ait lieu ce mois-ci.
Sous pression "Il se peut toujours qu'une réunion ait lieu en avril, mais ce ne serait pas surprenant que les partisans d'une telle rencontre en viennent bientôt à se concentrer sur le sommet de l'Opep de toute façon prévu le 2 juin", comme tous les six mois, a jugé M. Evans. Du côté de l'offre américaine, les investisseurs s'apprêtent à digérer mardi après la clôture les estimations professionnelles de la fédération American Petroleum Institute (API), toujours publiées la veille des chiffres officiels du ministère de l'Energie (DoE). Dans les deux cas, "on devrait prendre connaissance d'une hausse des réserves américaines de brut, et cette perspective met le marché sous pression à court terme", a rapporté M. Larry. Les raffineries américaines sont actuellement en période de maintenance, ce qui risque d'encourager l'empilement de stocks de brut déjà à un niveau sans précédent depuis 1930, alors que les réserves de produits dérivés, comme l'essence, pourraient par contre décliner. Néanmoins, après un bond de plus de dix millions de barils de brut la semaine précédente, "on devrait assister à une hausse bien moindre, car les raffineries fonctionnent à niveau considérablement plus élevé qu'à la même époque de l'an dernier", a relativisé Matt Smith, de ClipperData. De plus, l'attention des investisseurs, qui ne s'étaient d'ailleurs pas affolés après le bond de la semaine dernière, pourrait plutôt se concentrer sur le niveau de la production américaine, qui recule de façon soutenue depuis près de deux mois malgré l'annonce d'un très léger rebond dans les derniers chiffres hebdomadaires du DoE.