Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a apporté son soutien lundi aux mesures prises récemment par la Banque centrale européenne (BCE), sous le feu de nombreuses critiques, estimant qu'elles permettaient de "financer l'économie réelle". Les mesures non conventionnelles prises par la BCE depuis 2014, comme les achats de dettes publiques (politique dite d'assouplissement quantitatif ou "quantitative easing"), "ont produit des résultats tangibles", a assuré M. Villeroy de Galhau lors d'une conférence sur l'inflation. Elles "ont permis un assouplissement substantiel des conditions d'emprunt pour les entreprises de la zone euro" et "de stimuler les prêts à l'économie réelle", a-t-il ajouté. En France, cette politique aurait eu un impact de 0,3 point de croissance sur les 1,1% atteints en 2015, l'Insee estimant même son effet à 0,4 point. "Ça représente environ 80 000 créations d'emplois pour l'économie", a souligné M. Villeroy de Galhau. Les mesures prises la semaine dernière par la BCE, dans cette lignée, vont permettre "d'encourager les banques à prêter aux entreprises" et aux "particuliers", et de "financer l'économie réelle", a ajouté le gouverneur de la Banque de France. La BCE a pris de nouvelles mesures pour faire repartir l'inflation et la croissance en zone euro, en étendant son programme massif de rachats d'actifs et en annonçant un nouveau prêt géant aux banques à des conditions très avantageuses. L'institution monétaire de Francfort, dans le même temps, a abaissé ses taux à un plus bas historique, passant notamment son taux directeur central, baromètre du crédit en zone euro, à zéro. Le président de la Bundesbank allemande, Jens Weidmann, a critiqué samedi ces mesures, affirmant qu'elles ne l'avaient "pas convaincu". "Les taux d'intérêt négatifs sont seulement un élément d'un +package+ plus complet", a souligné pour sa part M. Villeroy de Galhau. "La politique monétaire joue un rôle important pour contrecarrer la faible inflation et supporter l'activité économique", a-t-il ajouté, jugeant "plus risqué pour les banques centrales d'agir trop tard que trop tôt". Le gouverneur de la Banque de France a toutefois reconnu l'existence de "limites" et de "risques" à cette politique. "Nous devons rester vigilant en raison des possibles effets collatéraux négatifs", "notamment pour la stabilité monétaire", a-t-il dit. Les prix à la consommation en zone euro ont recommencé à baisser en février, s'affichant en repli de 0,2%, loin de l'objectif de 2%, considéré comme signe de bonne santé de l'économie. Le membre du directoire de la BCE, Benoît Coeuré, a aussi défendu les mesures prises par son institution. "Elles ont soutenu la demande de biens et de services dans la zone euro", a-t-il estimé lors d'une conférence à Paris. "Notre politique monétaire a également amélioré les conditions de financement et remédié à la fragmentation financière", a-t-il ajouté, soulignant que la baisse la plus forte des taux d'emprunts avait été observée "dans les économies les plus fragiles de la zone euro". Il a par ailleurs estimé que les décisions de la BCE avaient permis "de préserver la confiance dans la monnaie unique dans un contexte d'instabilité financière et de forte incertitude".