La consommation des ménages japonais a augmenté de 1,2% en février sur un an, un rebond surprise après cinq mois de baisse d'affilée dans une troisième économie mondiale sans vigueur, a annoncé hier le ministère des Affaires intérieures. Les analystes interrogés par l'agence Bloomberg s'attendaient à un repli de 1,9%. Ce répit, après une longue série négative, est en partie attribuable à l'effet année bissextile, ayant offert aux ménages un jour de shopping de plus. Il vient juste apporter une éclaircie dans un tableau général qui reste sombre. "Nous ne prévoyons qu'un regain modeste de la consommation privée (+0,2%) au premier trimestre par rapport à la chute de 0,9% enregistrée au quatrième trimestre 2015", a souligné Capital Economics dans une note. La stratégie de relance "abenomics", mise en œuvre depuis fin 2012 par le Premier ministre Shinzo Abe, a pour l'heure échoué à porter ses fruits. Le gouvernement pourrait annoncer ce mardi un énième plan de relance dans l'espoir de doper la consommation avant le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays du G7 qui se tient fin mai au Japon. En février, les foyers de deux personnes et plus ont déboursé en moyenne 269 774 yens (2 158 euros), avec une forte progression des frais liés à l'éducation (+18%), en cette période de pré-rentrée scolaire, et dans les soins médicaux (+13%). Les dépenses des ménages dont le chef est salarié se sont également inscrites en hausse (+1,8%, à 297 662 yens), malgré des revenus en repli de 2,4%. Les salaires restent à la traîne, et les négociations du printemps entre employeurs et syndicats ne vont pas arranger la situation : elles ont abouti à un coup de pouce très limité dans les grandes firmes, censées donner le ton pour les PME.
Le chômage toujours bas Pourtant, le taux de chômage reste à un niveau très faible, à 3,3% de la population active en février (+0,1 point sur un mois). Il s'est élevé de 0,2 point à 3,6% chez les hommes, tandis que celui des femmes a encore reflué de 0,1 point à 2,8%. Les conditions d'emploi sont des plus favorables, avec toujours 128 offres pour 100 demandes (comme en janvier et contre 127 en décembre), du jamais vu en 24 ans, selon le ministère du Travail. Cette image positive masque toutefois de grandes disparités, au sein d'un marché du travail écartelé entre emplois à vie et contrats précaires, dont la part ne cesse de grandir, ainsi qu'entre régions et secteurs. Dans ce contexte économique morose, l'inflation est restée bloquée à zéro en février dans l'archipel, selon des chiffres publiés vendredi. Elle pourrait vaciller plus encore dans les prochains mois, s'éloignant de l'objectif de +2% de la banque centrale qui ne parvient pas à ses fins malgré une ambitieuse politique d'assouplissement monétaire. D'autres statistiques sont attendues cette semaine: la production industrielle mercredi et, vendredi, les résultats de l'enquête trimestrielle Tankan de la Banque du Japon sur le moral des entrepreneurs, indicateur important de l'état d'esprit du monde des affaires. Selon des informations de presse, Shinzo Abe devrait attendre les estimations du produit intérieur brut (PIB) du premier trimestre, annoncées le 18 mai, pour éventuellement décider de reporter une hausse de la taxe sur la consommation (de 2 points, à 10%), programmée au printemps 2017. Le chef du gouvernement, qui s'est engagé à contenir l'envolée de la dette, a assuré qu'il ne reviendrait pas sur sa promesse à moins d'une crise financière de l'ampleur de celle de 2008-2009, mais il a aussi dit qu'une telle mesure n'aurait pas de sens si elle conduisait à une récession, et donc à une diminution des recettes fiscales.