Le pétrole poursuivait sa hausse hier matin en Asie, encouragé par des déclarations optimistes du Koweït sur la possibilité de parvenir à un gel concerté de la production. Toutefois, selon les analystes, ce rebond pourrait être de courte durée car le marché reste dominé par les doutes face à la surabondance de l'offre couplée aux inquiétudes sur la santé économique mondiale. Vers 04H30 GMT, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai prenait 97 cents à 36,86 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en juin, prenait 68 cents, à 38,55 dollars. Les deux contrats avaient légèrement rebondi mardi mais les cours restent largement en deçà du seuil de 40 dollars franchi en mars à la faveur des espoirs quant à une décision de gel concerté de l'offre à Doha. Les pays producteurs de brut --membres ou non de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep)-- doivent se réunir au Qatar le 17 avril pour tenter de stabiliser la production et soutenir les prix du brut pilonnés par une surabondance de l'offre. Les espoirs ont été quelque peu douchés la semaine dernière par l'Arabie saoudite, poids lourd de l'Opep, qui a indiqué que le royaume ne gèlerait le niveau de son offre que si les grands producteurs, en premier lieu l'Iran, faisaient de même. L'Iran est réticent à limiter sa production au moment où il revient sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions liées à son programme nucléaire. Mais le représentant koweïtien à l'Opep Nawal al-Fezaia a jugé dans une interview à Bloomberg News qu'un accord pouvait être obtenu sans l'Iran. Les producteurs les plus importants n'ont d'autre choix s'ils veulent stabiliser les cours, a-t-il dit. Déclarations contradictoires qui font dire aux analystes que le marché risque d'être instable d'ici le 17 avril. Le pétrole va être très volatil avant la réunion, a dit à Bloomberg News Angus Nicholson, analyste chez IG Ltd. à Melbourne. L'éventualité d'un accord est tellement incertaine. La veille à la clôture, les cours du pétrole ont fini en petite hausse à New York, le marché s'interrogeant sur la capacité des grands pays producteurs à s'accorder sur un gel de la production et sur la santé de la demande. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a gagné 19 cents à 35,89 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) à l'issue d'une séance en dents de scie. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a gagné 18 cents à 37,87 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Plusieurs analystes ont souligné que l'évolution des attentes sur l'issue envisageable de la réunion entre grands pays producteurs prévue le 17 avril à Doha restait un des principaux moteurs du marché. La représentante du Koweit à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole Nawal al-Fuzaia semble penser qu'un accord sur un gel de production est possible même sans l'Iran, mais même si c'est techniquement vrai, nous pensons aussi que ce serait inefficace pour infléchir la production, laissant intactes les attentes d'excédents mondiaux, a noté Tim Evans, chez Citi. Le cours du pétrole se stabilise mais reste sous pression tant les pays exportateurs semblent peiner à trouver un accord sur un gel de production à l'approche de la réunion de Doha, a commenté pour sa part Yoav Nizard, analyste chez FXCM. Par ailleurs, il y a beaucoup de nervosité à cause de la demande, a souligné Phil Flynn, chez Price Futures Group. Un nouveau rapport mensuel du ministère américain de l'Energie (DoE) a en effet fait état lundi soir d'une baisse inattendue de la demande en produits distillés et en essence aux Etats-Unis. Le marché a pris un coup avec ce rapport, a remarqué John Kilduff, de Again Capital. Les analystes de Barclays ont expliqué que même si les gens conduisent plus (aux Etats-Unis), la demande en essence est menacée par les progrès réalisés pour rendre les moteurs de voiture plus économes. Mais M. Flynn était plus optimiste, mettant la baisse de la demande en essence en janvier sur le compte du blizzard qui a frappé l'est des Etats-Unis. C'est pour cela que la demande était en baisse, et en février la demande était au plus haut depuis huit ans, a-t-il assuré. Pour M. Flynn, le marché a mal réagi à ces chiffres faute d'autre actualité importante à digérer. Enfin, dernier élément d'incertitude, les investisseurs attendaient en soirée la publication des estimations de l'association professionnelle API sur l'état des stocks de brut aux Etats-Unis, avant les chiffres officiels du DoE mercredi. M. Flynn a indiqué qu'il s'attendait à ce que ces chiffres confirment la bonne tenue de la demande même si les stocks de brut risquent d'augmenter encore. Les investisseurs devraient également surveiller de près les chiffres de la production américaine de brut, qu'ils espèrent voir baisser. Le rapport du DoE publié lundi soir avait fait état d'une augmentation inattendue de la production du Texas et du Nouveau-Mexique en janvier, selon Barclays.
Concertation sud-américaine demain La Colombie, le Venezuela et l'Equateur vont définir demain une position commune en vue de la réunion des pays producteurs de pétrole le 17 avril à Doha visant à soutenir les prix du brut, a annoncé le président équatorien mardi. La réunion devrait se tenir le 8 avril, a indiqué à la presse Rafael Correa. Son ministre des Hydrocarbures, Carlos Pareja, avait annoncé une semaine auparavant que cette concertation se déroulerait à Quito. Il a été plus difficile de se coordonner avec le Mexique, a déclaré M. Correa, afin que cet autre pays producteur participe à la réunion en Equateur. M. Pareja s'est rendu ces derniers jours en Colombie et au Mexique pour rechercher des accords en vue de ce conclave régional, face à la chute des prix du brut. L'Equateur, plus petit membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et très touché, comme les autres pays de la région, par l'effondrement des cours du brut, est partisan d'une diminution de la production pour faire remonter les prix. A Doha, nous espérons convenir du gel de la production de pétrole au niveau de janvier de cette année, a déclaré M. Correa en insistant: l'important n'est pas la quantité (de pétrole) extraite, mais le montant des revenus qu'elle génère. Le gel de la production de pétrole au niveau de janvier sera suffisant à court terme pour stabiliser les prix, et si nous voyons qu'il faut faire plus, un premier accord de gel ouvrira la porte à réduire ensuite un peu la production, a soutenu le président équatorien. L'accord sur un gel de la production à son niveau de janvier, convenu entre l'Arabie saoudite et la Russie -principaux producteurs de brut dans le monde- lors d'une rencontre en février à Doha avec le Venezuela et le Qatar, a acquis l'adhésion des gros producteurs de brut dans le monde, hormis l'Iran, qui a fait son retour sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions internationales. Mais Riyad a prévenu que le royaume, membre dominant de l'Opep, ne gèlerait le niveau de son offre que si les grands producteurs, en premier lieu l'Iran, également membre de l'Opep, faisaient de même.
L'Arabie saoudite ferme ses ports au pétrole iranien Pour freiner la croissance des exportations iraniennes d'or noir, le royaume saoudien a décidé de limiter l'accès des pétroliers iraniens à ses ports. D'après le Financial Times, l'Arabie saoudite et le Bahreïn limitent actuellement l'accès des pétroliers iraniens à leurs ports pour freiner la croissance des exportations iraniennes de pétrole - qui s'accélèrent suite à la levée des sanctions internationales contre Téhéran. Malgré tout, les exportations iraniennes vers l'Europe restent pour le moment assez limitées: d'ici la mi-avril, l'Iran n'enverra que huit navires transportant au total 12 millions de barils. Pour le gaz, la croissance des exportations iraniennes vers l'Europe est ralentie par l'interdiction d'accéder à l'infrastructure gazière contrôlée par Arab Petroleum Pipeline Company, et surtout au gazoduc Sumed situé au nord de l'Egypte - dont 50% appartient au Caire, et encore 45% à l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït. D'après certains analystes, c'est Riyad qui prive Téhéran d'accès à ce conduit. Selon le Financial Times, le fait que l'Arabie saoudite et le Bahreïn empêchent actuellement les pétroliers iraniens d'entrer dans leurs ports figure dans une note envoyée par une entreprise d'assurance sur fret. Le texte indique notamment que si les navires ont visité un port iranien lors de leurs trois derniers amarrages, ils seront obligés d'obtenir une permission des autorités saoudiennes ou bahreïniennes pour entrer dans leurs eaux territoriales. Des responsables d'entreprises pétrolières iraniennes ont déjà exprimé leur préoccupation quant à ces rumeurs circulant sur le marché. D'après eux, il s'agit d'un problème considérable pour les exportations de pétrole iranien. "Personne ne veut se brouiller avec les Saoudiens", affirme un consignataire de navire cité par le Financial Times. D'après la société Windward, le volume de pétrole stocké actuellement près du littoral iranien a augmenté de 10 millions de barils depuis le début de l'année pour atteindre environ 50 millions de barils.