L'Arabie saoudite menace de ne pas geler sa production si l'Iran dont la production dépasse les 2 millions de barils par jour persiste à accroître la sienne. Je te tiens, tu me tiens par la barbichette. A ce jeu-là, la République islamique d'Iran et le royaume wahhabite, qui ne se blairent pas, risquent de couler les prix du pétrole qui se sont de nouveau enfoncés sous la barre des 40 dollars. La réunion des pays Opep et non Opep qui doit, en principe, se tenir le 17 avril à Doha est quant à elle d'ores et déjà compromise si l'Iran et l'Arabie saoudite campent sur leurs positions. Au cas où elle aurait lieu, la montagne risque, de toute manière, d'accoucher d'une souris. L'Algérie ainsi que tous les pays producteurs dont les économies dépendent de leurs exportations d'hydrocarbures vont souffrir davantage. Pour le moment la guerre est déclarée par «communiqués» interposés. Le vice-prince héritier d'Arabie saoudite, numéro trois du royaume, Mohammed Ben Salmane, a prévenu, dans un entretien accordé le 1er avril à l'agence américaine Bloomberg, que son pays chef de file de l'Organisation des pays producteurs de pétrole, ne gèlerait le niveau de son offre que si «les grands producteurs, en premier lieu l'Iran, font de même». Une annonce qui a «traumatisé» le marché asiatique. Hier vers 04h30 heure algérienne, le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai reculait de 43 cents à 36,36 dollars dans les échanges électroniques. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en juin cédait 34 cents, à 38,33 dollars. Tandis qu'à Londres (autour de 13h30 à Alger) le baril de Brent grappillait tout juste 5 cents pour s'échanger à 38,72 dollars. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai cédait par contre en revanche 4 cents pour se négocier à 36,75 dollars. Pas de quoi pavoiser donc. «Ce recul n'est pas étonnant» compte tenu des propos saoudiens», a déclaré Michael McCarthy, analyste chez CMC Markets à Sydney. «Le pétrole a de nouveau décliné dans les échanges asiatiques alors que les investisseurs continuent à réagir aux informations de vendredi selon lesquelles l'Arabie saoudite pourrait ne pas être disposée à prendre part au gel (de la production) sans la participation de tous les autres grands producteurs, à la fois membres et non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep)» faisait remarquer de son côté Craig Erlam, analyste chez Oanda. Pendant ce temps-là, les Iraniens enfoncent le clou. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a déclaré le 3 avril que les exportations pétrolières de son pays dépassaient désormais les 2 millions de barils par jour (mbj) grâce à la levée des sanctions internationales en janvier. Riyadh-Téhéran: un baril de nitroglycérine qui va probablement réduire en poussière, anéantir le rendez-vous de Doha. D'autant plus que la Russie semble encline à rompre l'accord passé lors d'une réunion avec l'Arabie saoudite, le Qatar et le Vénézuela au mois de février. Ces quatre pays avaient annoncé en grande pompe qu'ils s'étaient entendus pour geler leur production au niveau de celle de janvier. La plupart des pays producteurs (sauf l'Iran, Ndlr) y avait adhéré. Qu'en pensent les spécialistes avec tous ces retournements de vestes? Que risque-t-il de se passer le 17 avril? «Aussi, avec les producteurs de pétrole de l'Opep et hors Opep qui prévoient toujours de se réunir le 17 avril à Doha, il est assez difficile (d'imaginer) ce qui pourrait en sortir, si tant est que quelque chose en sorte, car la production ne peut pas s'arrêter de croître à moins que tout le monde s'accorde pour stopper sa hausse», estiment Michael van Dulken et Augustin Eden, analystes chez Accendo Markets. En attendant, le baril trinque. Avec malgré tout une lueur d'espoir. Pour les experts de Commerzbank toutefois, «le déclin continu de la production américaine devrait freiner une chute plus prononcée des cours, d'autant que le nombre de puits en activité aux Etats-Unis a encore décliné la semaine passée», ont indiqué les experts du second groupe allemand, Commerzbank. Tout n'est peut être pas perdu. Le baril n'a pas encore dit son dernier mot.