Les mesures de rétorsion prises par le Maroc contre la Minurso ont "dévié de la voie diplomatique", révélant des desseins inavoués de longue date de Rabat contre les Nations Unies, estime le politologue américain Jacques Roussellier. Dans une contribution publiée par le prestigieux Think Tank américain Carnegie Endowment for International Peace, Jacques Roussellier, professeur des relations internationales à l'université militaire américaine, relève que la réaction de Rabat à la déclaration du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, sur le Sahara occidental occupée est également "disproportionnée". "La réaction du Maroc a dévié de la voie diplomatique et suggère l'existence de (desseins inavoués) de longue date contre les Nations unies", pré- cise Roussellier, ajoutant que "les mesures de rétorsion sont disproportionnées et révèlent l'objectif de longue date de Rabat d'affaiblir la présence de l'ONU au Sahara occidental et éventuellement neutraliser le mandat politique de la Mission de l'ONU pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso)". Selon cet expert, "la mission d'organiser un référendum d'autodétermination assign ée à la Minusro, avait été effectivement gelée depuis l'année 2000 quand le Maroc a voulu imposer un statut final négocié prévoyant l'annexion formelle du Sahara occidental au Maroc." Appuyant son constat, l'universitaire américain évoque des tentatives d'affaiblir le rôle des Nations unies dans le règlement du conflit au Sahara occidental opposant le Maroc et le Front Polisario, et d'écarter également la possibilité d'étendre le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme. "Les divisions entre les membres du Conseil de sécurit é, c'est ce que Rabat espérait pour affaiblir davantage le rôle de l'ONU et enlever le caract ère international au conflit au Sahara occidental, notamment en supprimant toute référence officielle à l'autodétermination" du peuple sahraoui, explique-t-il. Avec ces mesures qui "ont pris de court les observateurs internationaux" le Maroc a "privé la mission de l'ONU d'un soutien logistique essentiel pour surveiller le cessezle- feu", soutient l'expert de la fondation Carnegie.