Le Congrès américain a constitué un «véritable procès» contre la politique d'occupation du Maroc dans les territoires sahraouis. Le lobbying du royaume chérifien s'en trouve fortement mis à mal. Mercredi, la commission des droits de l'homme du Congrès américain, Tom Lantos, s'est énergiquement distinguée en lâchant un véritable désaveu contre le Maroc. Ladite commission a tenu ainsi à lever toute équivoque sur la position du gouvernement américain concernant la question sahraouie. Durant l'audition qu'elle a consacrée au statut du Sahara occidental, les différents intervenants ont tour à tour rappelé que le Sahara occidental demeure un territoire «non automne en attente de décolonisation». «Nous devons être clairs, les Etats-Unis n'ont reconnu la souveraineté d'aucun Etat sur les territoires du Sahara occidental qu'ils considèrent plutôt comme un territoire non autonome en attente de décolonisation», a déclaré le démocrate John Conyers devant un parterre d'hommes politiques américains, d'ONG et d'organismes internationaux venus, en nombre, assister à cette audition, la première du genre tenue par cette commission sur le Sahara occidental occupé. Autre signe de ce désaveu, somme toute logique, les USA ont tenu à rappeler qu'ils n'ont pas inclus les produits provenant du Sahara occidental dans l'accord de libre-échange conclu avec le Maroc. «Considérant le territoire sahraoui comme non autonome, les Etats-Unis n'ont pas inclus les produits provenant du Sahara occidental dans l'accord de libre-échange conclu avec le Maroc», a affirmé M. Conyers. Ce rappel intervient 15 jours à peine après que l'UE, à travers sa haute représentante aux Affaires étrangères, Mme Federica Mogherini, eut à son tour soutenu l'annulation de l'accord conclu en 2012 entre le Maroc et l'UE suite à une décision de la Cour de justice européenne. Droits de l'homme, le Maroc épinglé M. Conyers, au Congrès américain, n'a pas manqué de souligner non plus les efforts déployés par son pays, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, en vue de trouver une solution pacifique à ce conflit qui dure depuis 40 ans. Le représentant de l'Etat du Michigan au Congrès a, par ailleurs, indiqué que les dernières mesures du Maroc visant à pervertir la Minurso ont donné l'occasion au gouvernement américain et aux autres membres du Conseil de sécurité de confirmer «les objectifs inavoués du Maroc qui cherche une solution au conflit en dehors du cadre des Nations unies». Conyers a lancé un appel au gouvernement américain afin d'appuyer au Conseil de sécurité la proposition de doter la Mission des Nations unies (ONU) pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) d'un mandat de surveillance des droits de l'Homme. «Le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique (dont) le peuple attend le processus de son autodétermination depuis 25 ans», a indiqué, de son côté, James McGovern, coprésident de la commission Tom Lantos. McGovern, représentant de l'Etat du Massachusetts, a soutenu qu'«en dépit des relations qui lient les Etats-Unis au Maroc, le respect des droits de l'homme doit primer sur tout autre intérêt car ce principe représente un élément essentiel dans le maintien de la sécurité dans la région.» Il a, dans ce sens, insisté que la question sahraouie doit être résolue pour éviter un retour aux hostilités. «Les enquêtes sur les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés sont rendues difficiles en raison des restrictions imposées aux ONG et à la presse», a relevé McGovern qui n'a pas manqué de souligner les actions humanitaires de l'Algérie qui a accueilli des milliers de réfugiés sahraouis ayant fui leurs territoires pour échapper aux affres des violences exercées par les autorités marocaines. Pour sa part, le républicain Joseph Pitts qui copréside la Commission Tom Lantos a noté que la tenue de cette audition intervient à un moment très critique pour le peuple du Sahara occidental et pour la mission de la Minurso, visée par une attitude négative de la part du Maroc. «La Minurso doit fonctionner pleinement» Les intimidations répétitives du Maroc envers le personnel civil et politique de la Minurso ont fini par faire réagir le Conseil de sécurité. En perte de vitesse sur la question du Sahara occidental, le Maroc a décidé unilatéralement, la semaine dernière, de réduire les effectifs de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso). Ce qui signifie la fin de mission pour laquelle la Minurso a été créée. Ces mesures de rétorsion risquent, selon l'ONU, de rendre bientôt la mission forte de 500 hommes, civils et militaires, incapable de remplir le mandat que le Conseil lui a confié en 1991. Le Conseil de sécurité a souhaité par conséquent que la mission de l'ONU au Sahara occidental puisse recommencer à fonctionner pleinement. Il s'agit là d'une première réaction unanime à la querelle entre le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et Rabat. Irrité par les propos tenus par le secrétaire général Ban Ki-moon, lors d'une visite début mars en Algérie, où il a rencontré des réfugiés sahraouis, le Maroc, en signe de représailles, n'a pas trouvé mieux que de procéder à l'expulsion, dimanche dernier, de la quasi-totalité des experts civils expatriés de la Minurso et fermer un bureau de liaison militaire. M. Ban avait fait référence, rappelle-t-on, à une occupation du Sahara occidental. Il avait franchi, selon Rabat, une ligne rouge puisque le Maroc considère cette ex-colonie espagnole annexée en 1975 comme partie intégrante du Maroc et lui propose seulement une autonomie sous sa souveraineté. Pas si sûr pourtant que le Maroc puisse encore longtemps s'appuyer sur cette position. La cause, juste, des Sahraouis est en passe de triompher.