La présidente brésilienne Dilma Rousseff a accusé mardi de trahison son vice-président Michel Temer, qui a fait fuiter lundi l'enregistrement d'un discours préparé au cas où il succèderait à la dirigeante de gauche menacée de destitution au Parlement. Nous vivons des moments étranges de coup d'Etat, de farce et de trahison a attaqué Mme Rousseff à Brasilia, qualifiant, sans le nommer, Michel Temer de chef conspirateur. M. Temer, dirigeant du grand parti centriste PMDB, qui a claqué récemment la porte de la coalition chancelante de Mme Rousseff, a avoué lundi avoir accidentellement fait fuiter l'enregistrement d'un discours au peuple brésilien qu'il avait préparé en cas de destitution de Mme Rousseff pour maquillage des comptes publics. Dans le discours, ce discret homme d'appareil qui ne cache plus ses ambitions avance que sa grande mission désormais est d'apaiser le pays, d'unifier le pays. M. Temer y appelle tous les partis à travailler ensemble pour sortir le pays de la crise économique et politique dans laquelle le géant émergent d'Amérique latine est profondément englué. Le masque des conspirateurs est tombé. Ce geste révèle une trahison envers moi et la démocratie, preuve que ce chef conspirateur n'a pas d'engagement envers le peuple, a contre-attaqué Mme Rousseff. Accusée de maquillage des comptes publics par l'opposition de droite, Mme Rousseff se défend d'avoir commis aucun crime de responsabilité susceptible de motiver sa destitution. Elle se dit victime d'une tentative de coup d'Etat institutionnel instrumentalisée par une opposition revancharde n'ayant pas digéré sa défaite électorale à la présidentielle de 2014. Une commission parlementaire a approuvé lundi un rapport non contraignant préconisant aux députés de voter la poursuite du processus de destitution de Mme Rousseff devant le Sénat. Les députés vont se réunir à partir de vendredi en assemblée plénière, où deux tiers des votes (342 sur 513) seront requis pour que la procédure se poursuive au Sénat, faute de quoi elle serait définitivement enterrée. Si la procédure franchit ce cap, lors d'un vote prévu dimanche, le Sénat devra approuver ou non à la majorité simple la mise en accusation de la présidente. Celle-ci serait alors écartée du pouvoir pendant un délai maximum de 180 jours, en attendant un vote définitif nécessitant les deux tiers des suffrages des sénateurs.
Les députés voteront dimanche La chambre des députés du Brésil se prononcera dimanche, en séance plénière, sur la destitution de la présidente Dilma Rousseff pour maquillage présumé des comptes publics, a annoncé la présidence de cette assemblée. Le vote commencera dimanche à 14H00 (17H00 GMT) et le résultat devrait être connu en fin de soirée, a déclaré un porte-parole de la chambre basse. L'opposition de droite devra réussir à mobiliser deux tiers des votes des députés (342 sur 513) pour que la procédure se poursuive au Sénat, faute de quoi elle serait définitivement enterrée. Les débats commenceront demain matin par la présentation des arguments de l'accusation et de la défense. Viendra ensuite le tour des 25 partis représentés dans cette assemblée qui disposeront d'une heure chacun pour faire connaître leur position en faveur ou contre l'impeachment. Une commission parlementaire a recommandé lundi la destitution de Dilma Rousseff par 38 voix contre 27. Les débats marathon du week-end reprendront samedi matin avec les discours individuels des députés qui auront trois minutes maximum chacun. Enfin, le vote aura lieu dimanche. Chaque député sera appelé par son nom et devra se lever pour aller annoncer son vote au micro. La journée de dimanche s'annonce particulièrement tendue avec des milliers de manifestants des deux camps qui seront rassemblés devant le Congrès. Si la procédure franchit ce cap, le Sénat devra approuver ou non à la majorité simple la mise en accusation de la présidente, qui serait alors écartée du pouvoir pendant un délai maximum de 180 jours, en attendant un vote définitif sur sa destitution nécessitant les deux tiers des suffrages des sénateurs. C'est son vice-président Michel Temer qui serait appelé à la remplacer. Mme Rousseff a pris ses fonctions pour son second mandat présidentiel le 1er janvier 2015. Il doit se terminer le 1er janvier 2019.
Le Parti progressiste quitte le gouvernement Le Parti progressiste du Brésil (PP, droite), membre de la coalition au pouvoir, s'est désolidarisé mardi du gouvernement de la présidente Dilma Rousseff, a annoncé son président Ciro Nogueira. Il rendra tous les postes ministériels qu'il détient. La majorité de ses 47 députés voteront en faveur de la destitution de la présidente du Brésil, a en outre annoncé une porte-parole de la formation. Une commission parlementaire de la Chambre des députés s'est prononcée lundi en faveur de la destitution de la présidente Dilma Rousseff. Celle-ci a parlé d'un complot le lendemain. Le mois dernier déjà, la formation du vice-président de la République Michel Temer, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), avait quitté la coalition gouvernementale. Une décision qui avait considérablement fragilisé la présidente.