"Il nous faut voir l'agriculture africaine d'un œil nouveau, comme une série de systèmes successifs, y voir non pas un mode de vie, mais une entreprise ", affirmait, Kapil Kapoor, vice-président par intérim de la Banque africaine de développement (BAD) chargé des opérations. Il intervenait dans le cadre d'une table ronde sur le thème " L'avenir de la production alimentaire ", en marge des réunions de printemps de la Banque mondiale sur. Cependant, les défis de l'alimentation et de l'agriculture sont d'envergure mondiale : 2 milliards de personnes sont sous-alimentées à travers le monde, tandis que 2 autres milliards sont obèses ou en surpoids. Et la planète gâche un tiers de la nourriture qui est produite. Le paradoxe va plus loin : " Comment ce continent, qui recèle les deux tiers des terres arables de la planète et d'abondantes ressources en eau, peut-il éprouver des difficultés à nourrir sa propre population - au point de devoir importer 35 milliards de dollars EU de nourriture par an -, et générer si peu de produits agricoles?? ", a lancé le vice-président de la BAD. S'exprimant au nom du président du Groupe de la Banque, par ailleurs ex-ministre nigérian de l'Agriculture, Akinwumi Adesina, Kapil Kapoor a annoncé le lancement imminent d'une stratégie à l'échelle de tout le continent pour " Nourrir l'Afrique ", qui sera dévoilée lors des Assemblées annuelles de la BAD, qui s'ouvrent à Lusaka, le23 mai 2015. " Cette stratégie est en partie le fruit d'une nouvelle réflexion holistique avec nos partenaires gouvernementaux ", a-t-il expliqué. " En octobre dernier, à Dakar, la Banque a organisé la conférence " Nourrir l'Afrique ", qui a rassemblé les ministres de l'Agriculture, de la Finance et de la Santé, dans une démarche quasi sans précédent, qui consistait à considérer l'agriculture dans toutes ses composantes, à la charnière de la santé, de la croissance économique et d'une planète durable. L'objectif n'est rien de moins qu'ambitieux : nous pensons que, d'ici 2025, le continent africain peut devenir un exportateur net, et non plus un importateur, de nourriture ". M. Kapoor a énoncé un certain nombre de défis, en particulier ceux liés au fait que les économies politiques respectives des pays africains diffèrent les uns des autres, et que plus pauvres ne sont pas prêts à débattre de la diversification de l'offre alimentaire tant que ne sera pas garanti l'approvisionnement alimentaire de base. Et de souligner le contraste entre la pauvreté alimentaire en Afrique et la classe moyenne africaine en pleine expansion et qui développe de nouvelles aspirations en termes d'alimentation, comme pour d'autres aspects de l'existence. " Nous avons découvert une énorme matrice d'acteurs dans le secteur agricole en Afrique, mais une coordination insuffisante, a poursuivi M. Kappoor, mettant en avant le l'importance de collaborer pour transformer l'agriculture africaine. De plus, le rôle du secteur privé est capital : chaque dialogue que nous avons avec les gouvernements porte essentiellement sur la coopération avec le secteur privé et le rôle de celui-ci. C'est bien lui qui entraînera le changement ". A cet effet, l'insécurité alimentaire au Soudan du Sud a atteint cette année un niveau alarmant, en raison d'un déficit céréalier environ 53% plus élevé qu'en 2015 et de l'augmentation des prix des produits alimentaires suite à l'effondrement des marchés, ont mis en garde mardi deux agences de l'ONU. " Le conflit interne et des pluies défavorables ont réduit plus encore la production agricole au Soudan du Sud, contribuant à un déficit céréalier de 381.000 tonnes, soit une hausse de 53% par rapport à 2015, qui aggrave une pénurie alimentaire déjà considérée comme grave ", ont averti l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), dans un communiqué de presse conjoint. Selon les deux agences, les prix des céréales ont été multipliés par cinq depuis le début de l'année dernière et la population éprouve de plus en plus de difficulté à manger à sa faim. La FAO et le PAM ont signalé en conséquence que la crise au Soudan du Sud se caractérise par des niveaux de faim alarmants : près de 5,8 millions de personnes, soit presque la moitié de la population du pays, ne savent pas de quoi sera fait leur prochain repas, tandis que le taux d'insécurité alimentaire a maintenant atteint les 12%, et a donc doublé depuis un an. " Le Soudan du Sud fait face à un mélange mortel de conflit, de difficultés économiques et de pluies faibles. Tous ces éléments réunis, aggravent la période de soudure dont nous craignons qu'elle provoque davantage de souffrances liées à la faim et qu'elle augmente la malnutrition ", a déclaré la Directrice du PAM pour le Soudan du Sud, Joyce Juma. " L'insécurité alimentaire s'est propagée dans des zones auparavant considérées comme relativement stables, ce qui souligne l'impact cumulatif du conflit, de la récession économique et des chocs climatiques ", a quant à lui indiqué le Représentant de la FAO au Soudan du Sud, Serge Tissot. Pour tenter de remédier à cette situation, le PAM, la FAO ont déclaré que la priorité est l'amélioration immédiate de la sécurité à travers le pays l'obtention d'un accès humanitaire continu et de ressources pour fournir une aide alimentaire et des moyens de subsistance aux foyers les plus vulnérables, notamment dans les régions du Nil Supérieur et de l'Equatoria-Oriental. Plus de 200 partenaires et experts en recherche et développement se sont réunis, du 12 au 14 avril 2016, à l'Institut international d'agriculture tropicale (International Institute of Tropical Agriculture - IITA) à Ibadan, au Nigeria, pour un atelier de trois jours consacré à une nouvelle initiative, dénommée " L'Afrique nourrit l'Afrique " ou encore sou le nom du programme "Technologies pour la transformation de l'agriculture en Afrique" (Technologies for African Agricultural Transformation - TAAT), dénommée également.