L'opposition syrienne a décidé de suspendre sa participation "formelle" aux négociations inter syriennes de Genève pour "protester" contre la "détérioration" de la situation humanitaire en Syrie, mais continuera à prendre part à des discussions "techniques", a annoncé lundi le médiateur de l'ONU. "J'ai pris connaissance de l'intention du HCN (Haut comité des négociations) de suspendre sa participation formelle aux négociations au Palais (des Nations) afin d'exprimer son mécontentement et son inquiétude à propos de la détérioration de la situation humanitaire et de la cessation des hostilités" en Syrie, a dit aux journalistes l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura. Les responsables du HCN "ont toutefois exprimé leur intention de rester à Genève et de participer à ma demande à des discussions techniques" à leur hôtel, a-t-il ajouté. Le HCN regroupe les principaux représentants de l'opposition et de la rébellion syrienne. Ils y a ceux qui veulent quitter Genève, principalement les groupes armés et ceux qui ne veulent pas rompre avec le délicat processus de paix engagé depuis janvier sous l'égide de l'ONU. M. de Mistura a par ailleurs rappelé que les discussions indirectes entre l'opposition et le gouvernement syriens négociant à tour de rôle "sont très flexibles". "Nous avons l'intention de poursuivre les consultations et les discussions avec chacune des parties, au Palais ou ailleurs", a-t-il dit se félicitant d'avoir pu obtenir l'accord de l'opposition et de Damas sur la nécessité de mettre en place une transition politique. "Jusqu'à présent, nos discussions avec les deux parties ont porté sur l'interprétation de ce qu'est la transition politique. Un côté, l'opposition, insiste sur la mise en place d'un organe gouvernemental de transition, et l'autre, le gouvernement, a lancé une initiative en faveur d'un gouvernement élargi", a souligné M. De Mistura. "Le fossé est clairement large", a-t-il reconnu. "Mais personne ne peut s'attendre à ce qu'après cinq ans de conflit, une transition politique soit trouvée en une semaine". Le HCN exige le départ préalable du président syrien Bachar al-Assad, au pouvoir depuis 16 ans, mais le gouvernement considère que le sort du président al Assad n'est pas négociable. Dans sa résolution 2254, l'ONU prévoit la formation d'ici l'automne de cet organe de transition et la rédaction d'une nouvelle constitution, avant l'organisation d'élections présidentielle et législatives courant 2017. Evoquant la situation militaire et humanitaire en Syrie, M. De Mistura a estimé que la trêve imposée le 27 février "tient toujours dans beaucoup de régions". "Mais l'intensification des combats est inquiétante (…..) et l'accès humanitaire est également trop lent", a-t-il déploré. Deux rounds de discussions ont déjà eu lieu au Palais des Nations, siège de l'ONU, sans résultat. Cette troisième série a débuté le 13 avril et devrait se terminer à la fin de la semaine.