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Massacres du 8 mai 45 : Un génocide impardonnable
Publié dans Le Maghreb le 08 - 05 - 2016

"Commémorer aujourd'hui, le 8 mai 1945, c'est d'abord répondre à un devoir de vérité qui dépasse et doit fonder le simple devoir de mémoire. L'importance du 8 mai 1945 réside, bien sûr, mais ne réside pas seulement dans le courage des jeunes manifestants qui brandirent à Sétif et Guelma le drapeau national et furent assassinés par des policiers français.
L'importance du 8 mai 1945 réside, bien sûr, mais ne réside pas seulement dans la bravoure des paysans de l'Est algérien qui, spontanément, décidèrent de rendre coup par coup. L'importance du 8 mai réside, dans la terrifiante chasse à l'arabe, dans les incroyables mais bien réels meurtres de masse qui ensanglantèrent l'Est de notre pays pendant plusieurs semaines ". (Dixit A. Bouteflika). Commémorer, aujourd'hui, le 8 mai 1945 ne prend tout son sens que si l'on fait l'effort de replacer ces événements dans la triple logique de la reconfiguration du monde née de la Seconde Guerre Mondiale, de l'évolution du Mouvement national algérien et de la nature du colonialisme français durant 132 années en Algérie. C'était le peuple algérien tout entier qui était la victime collective du génocide colonial. Dans cette perspective, les évènements du 8 mai et l'atroce répression qui les suit doivent être compris, non comme des accidents malheureux mais dans leur cruelle et implacable nécessité. Le 8 mai n'a pas d'existence en soi. Il ne représente qu'une journée, certes particulière dans l'offensive délibérément pacifique du Mouvement national, depuis l'élaboration du Manifeste du Peuple Algérie en 1943 qui revendique une Constitution propre à l'Algérie ainsi que la liberté et l'égalité absolue de tous ses habitants, sans distinction de race et de religion. Les trois grands courants du Mouvement national qui ont commencé à se structurer à la fin des années vingt et dont les figures de proue sont Messali Hadj, Ferhat Abbas, apportent leur soutien au Manifeste. Une étape qualitativement supérieure a été franchie par le Mouvement national, celle de son pluralisme unifié. L'Association des AMIS DU Manifeste et de la Liberté est devenue le creuset de la jeune citoyenneté algérienne.
A Sétif, Kherrata et Guelma, femmes et hommes alors qu'ils étaient sortis pacifiquement, les drapeaux à la main, à l'instar des peuples qui ont vaincu le nazisme et le fascisme, pour célébrer la fin de la guerre mondiale à laquelle les Algériens ont pris part, avec l'espoir d'obtenir leur droit à la liberté et à la dignité, avec la grande détermination l'Etat colonial français s'engagea de les accueillir avec des balles. Un massacre planifié qui s'est soldé tragiquement à travers des fosses communes, les fours à chaux à Héliopolis, pas plus que les bombardements de l'aviation et de la marine, les exécutions sommaires, les viols. Des meurtres en masse qui plongèrent les régions de Sétif, Kherrata et Guelma… dans une ambiance d'apocalypse. A ce propos, et comme souligné à chaque anniversaire des massacres du 8 mai 1945 par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika : " Nos historiens doivent faire la lumière, avec la plus grande précision possible, sur le martyre enduré par chacune de nos villes, chacun de nos villages. Nous ne devons pas, cependant, nous contenter de micro-histoires parcellaires qui peuvent enduire des mémoires erratiques et déresponsabilisantes. Ce qui est décisif pour notre mémoire commune, en ce mois de mai 1945, ce n'est pas le comportement odieux de tel préfet ou sous-préfet, ce n'est pas la rage ludique des ''chasses à l'arabe'' menées par les milices coloniales, c'est la parfaite synergie de tous les agents du colonialisme, publics et privés, locaux et centraux, pour briser l'élan national et démocratique du peuple algérien ". En effet, les massacres de masse commis par les instances répressives de l'Etat colonial français et ses relais dans la population européenne ne sont en rien des " excès " imputables à des responsables de second rang ou des conjonctures régionales particulières. " Ils sont un des éléments de réponse globale de l'Etat colonial français à l'émergence tout, aussi, globale d'un mouvement national, désormais présent sur tout le territoire algérien et capable d'impulser de manière unifiée des actions politiques coordonnées, à l'échelle du pays tout entier. Ce n'est pas sous-estimer, bien au contraire, le martyre de nos concitoyennes et de nos concitoyens de Sétif, Kherrata et Guelma que de dire qu'ils ont été assassinés en tant que représentants de la même collectivité nationale algérienne".

71 ans après, la France ne s'est toujours pas excusée
Le 8 mai 1945 devait être un jour de célébration pour tous. L'Allemagne nazie capitulait face aux forces alliées, mettant ainsi fin à la Deuxième guerre mondiale en Europe. Une nouvelle ère était censée s'ouvrir, une ère de paix et de liberté.
Les Algériens avaient participé à la guerre en Europe, sous le drapeau français, avec la promesse que leur pays obtiendrait sa liberté en cas de victoire contre le nazisme. C'est donc en toute logique, à l'annonce de la victoire des alliés, que les Algériens sortirent réclamer de la France qu'elle respecte sa promesse.
La France, comme on l'a su, n'était pas de cet avis. " Comment osent-ils imaginer que l'Algérie ne soit pas française ? " a-t-elle dû se dire. Ulcérés par le " culot " que les Algériens ont eu de demander à ce que la France tienne sa parole, les policiers puis l'armée française transformèrent de simples manifestations pacifiques dans les rues de Sétif, Guelma et Kherrata en d'horrible massacres. L'extrême violence des Français durant la répression fut absolument effroyable.
La soif de sang des soldats français ces jours-là reste indescriptible. Au moins 45 000 Algériens furent exterminés, simplement car ils étaient Algériens. Ceux qui survécurent aux massacres subirent la pire des humiliations, obligés de se prosterner devant le drapeau français en répétant en chœur " Nous sommes des chiens ". Pas assez rassasiés par ces cérémonies de soumission publiques, les soldats français assassinèrent par la suite certains des survivants. Quelques-uns ont même été brûlés vifs.
71 ans après ces événements horribles, la France n'a toujours pas demandé pardon à l'Algérie pour avoir commis ces massacres inexcusables. D'ailleurs, les hauts responsables de ce pays n'ont même pas encore reconnu officiellement et solennellement leurs massacres. Aucune loi mémorielle n'a été adoptée. La France est pourtant connue pour reconnaître différents crimes contre l'humanité et génocides. Elle a même reconnu le génocide arménien dans lequel elle n'est pas concernée, ni de près ni de loin.
La France préfère se contenter de petits gestes, comme lorsqu'en 2005 l'ambassadeur de France à Alger avait qualifié les massacres de Sétif de " tragédie inexcusable ". Forte dans sa rhétorique, la France semble considérer que si un acte est inexcusable, il n'est pas la peine de s'en excuser. Le 19 avril dernier, le secrétaire d'Etat français aux anciens combattants a bien participé aux commémorations des massacres, sans pour autant présenter d'excuses. Le gouvernement français, qui salive à l'idée d'obtenir des contrats juteux en Algérie pour ses entreprises, ne semble pas se rendre compte que ces gestes n'aident pas à améliorer la situation. Chaque jour qui passe, où la France n'a pas encore présenté ses excuses et demandé le pardon, sera vu en Algérie comme une insulte à la mémoire des victimes de la colonisation française.
Car aussi atroces les massacres de Sétif ont-ils pu être, ils ne sont qu'un exemple parmi une longue série de crimes contre l'humanité commis par les Français durant 132 ans de colonisation de l'Algérie.

Les oubliés du 8 Mai 1945
Des dizaines de milliers d'Algériens tués, des centaines d'autres emprisonnés lors des évènements tragiques du 8 Mai 1945. Et jusqu'à ce jour, soit 71 ans après, l'Etat algérien n'a pas daigné leur rendre leur dignité. En effet, malgré l'insistance, depuis des années, de la Fondation du 8 Mai 1945 qui ne cesse de demander la révision des textes de lois relatifs aux statuts de moudjahid et de chahid, aucune suite ne leur a été accordée. "La loi relative au moudjahid et au chahid doit être révisée car elle ne concerne pas les victimes des massacres du 8 Mai 1945 qui ont lutté, eux aussi, pour la liberté de ce pays. Il est inadmissible que les familles des victimes du 8 mai 45 ne perçoivent pas des indemnisations". avaient déclaré, en 2009, les membres de la Fondation. Pour la veuve de M. Mekki Salah, une victime parmi tant d'autres des exactions françaises lors des évènements du 8 Mai 1945 à Sétif, "J'estime que mon défunt époux ainsi que les milliers de victimes de ce génocide ont droit à un peu de dignité de la part de notre Etat. M. Mekki Salah a été interpellé à Sétif lors des événements du 8 Mai 1945. Traduit devant le tribunal militaire permanent de Constantine le 3 juillet 1945, il sera condamné aux travaux forcés à perpétuité pour tentatives d'assassinats et de tentatives de pillage en bande et à force ouverte. Son recours sera rejeté le 31 juillet 1945 par le tribunal militaire de cassation permanent d'Alger. Sa peine des travaux forcés à perpétuité sera commuée en celle de dix ans de travaux forcés. Mon défunt époux a milité et a sacrifié sa jeunesse en prison pour l'Algérie et j'espère que son pays lui sera reconnaissant, comme il l'a été avec ceux qui ont pris les armes et combattu lors de la guerre de Libération". Espérons que cet appel, ainsi que tant d'autres, soient entendus par les décideurs pour au moins, honorer les mémoires des victimes de ce génocide.


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