Les cours du pétrole hésitaient hier matin en Asie, au lendemain d'un net recul de l'or noir lié à l'apaisement des inquiétudes quant aux feux de forêt canadiens et à l'appréciation du dollar. Les autorités canadiennes s'attachaient à relancer la production d'or noir dans la province de l'Alberta après plus d'une semaine de feux de forêt dévastateurs, qui freinaient leur avancée lundi. Les observateurs estiment qu'ils devraient avoir diminué d'un million de barils par jour la production locale. La Première ministre de la province de l'Alberta (ouest du Canada), Rachel Notley, a visité lundi la ville de Fort McMurray, quasi entièrement sauvée des flammes grâce aux pompiers qui luttent depuis une semaine contre les feux de forêt. Rachel Notley a qualifié de véritable miracle le fait d'avoir pu sortir la population entière, sans aucune victime, en seulement quelques heures. Vers 03h30 GMT, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin reculait de 11 cents à 43,33 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en juillet, progressait de 7 cents à 43,70 dollars. Les vents ont tourné dans la région des sables bitumineux du Canada, apaisant les craintes quant à l'impact des feux sur la production, a observé Margaret Yang, experte chez CMC Markets à Singapour. Le renforcement du dollar a également joué sur les prix. Le pétrole est libellé en dollar. Une appréciation su billet vert rend donc l'or noir plus cher pour les acheteurs munis d'autres devises, ce qui tend à faire baisser la demande. Les prix ont plongé depuis juin 2014, quand le baril se négociait 100 dollars, en raison d'une offre excédentaire que ne parviennent plus à absorber des économies mondiales en plein ralentissement.
Les inquiétudes s'apaisant au Canada Les cours du pétrole ont nettement baissé la veille dans un marché s'interrogeant encore sur les conséquences des vastes incendies au Canada et sur la désignation d'un nouveau ministre saoudien du Pétrole. Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juin a perdu 1,22 dollar à 43,44 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a perdu 1,74 dollar à 43,63 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). On dirait que les incendies canadiens n'ont pas porté de dégâts conséquents aux installations de production, a mis en avant Kyle Cooper, de IAF Advisors. Dès que les incendies seront contenus, le secteur devrait vite pouvoir se remettre au travail. L'heure est au premier bilan dans la province de l'Alberta après plus d'une semaine de feux de forêt dévastateurs, qui freinent leur avancée lundi, et les observateurs estiment qu'ils devraient avoir diminué d'un million de barils par jour la production locale. Toutefois, même si les compagnies pétrolières devraient mettre plusieurs jours à revenir à la normale, on sait que les infrastructures pétrolières ont enregistré peu de dégâts dans la région, a rapporté dans une note Matt Smith, de ClipperData, remarquant que seule l'entreprise Nexen, filiale d'un groupe public chinois, avait fait état de sinistres - d'ailleurs mineurs. Face à l'apaisement de ces inquiétudes, de nature à soutenir les cours, le marché pétrolier se trouvait privé d'un précieux soutien face à un contexte mondial toujours défavorable de surabondance d'or noir. Même quand les incendies faisaient rage, le marché n'a pu se relancer, ce qui souligne à quel point il était peut-être déjà trop haut, et donc exposé à un rééquilibrage en baisse, a écrit Tim Evans, de Citi. Les cours ont déjà fini la semaine dernière par leur première baisse hebdomadaire après plus d'un mois de rebond, dont l'ampleur avait surpris les observateurs, étant donné que l'actualité reste peu engageante à travers le monde pour le marché pétrolier.
Consolidation saoudienne Sur le plan international, les investisseurs essayent d'ailleurs difficilement de tirer des conclusions du départ de d'Ali al-Nouaïmi, ministre saoudien du Pétrole depuis plus de vingt ans, et de son remplacement par le directeur général du géant public pétrolier Aramco, Khaled al-Faleh. Annoncé lors du week-end, ce remaniement a provoqué des conclusions très diverses chez les observateurs, s'est amusé M. Smith, concluant qu'il n'y avait pas grand-chose à en tirer. Certains analystes interprétaient le départ de M. Nouaïmi, jugé comme l'artisan du tournant stratégique engagé en 2014 par Ryad en renonçant à abaisser sa production, comme un désaveu de cette politique, qui a abouti à un repli durable des cours sans exclure massivement du marché des concurrents de l'Arabie saoudite comme les nouveaux producteurs américains de pétrole de schiste. D'autres, comme M. Smith, estimaient que ce remaniement n'avait rien de surprenant vu l'âge avancé de M. Nouaïmi, octogénaire cette année, tout en s'accordant sur le fait qu'il marquait une consolidation du pouvoir de l'influant numéro trois du régime, le vice prince héritier Mohamed ben Salmane. Cette mesure va probablement renforcer la direction actuellement prise par l'Arabie saoudite, qui cherche à défendre sa part du marché pétrolier quand bien même elle essaie de restructurer toute son économie, a conclu M. Evans. Faleh n'aurait pas été nommé s'il ne soutenait pas pleinement cette position.