Les cours du pétrole étaient orientés à la baisse hier dans les échanges matinaux en Asie en raison d'informations canadiennes sur la reprise de la production après les incendies et des inquiétudes sur l'excès d'offre. L'or noir a connu d'importantes variations cette semaine, les investisseurs tentant d'évaluer les effets des gigantesques incendies qui se sont propagés dans la province de l'Alberta, haut lieu de la production canadienne de sables bitumineux. L'exploitation reprendra "quand ce sera absolument sûr de le faire, à la fois pour les personnels et pour l'environnement", a affirmé mardi soir Rachel Notley, Première ministre de la province de l'Ouest canadien, qui a rencontré les patrons des compagnies pétrolières. Une reprise de la production est attendue "dans les prochains jours ou semaines à venir". Les cours du pétrole ont plongé depuis juin 2014, quand le baril se négociait 100 dollars, en raison d'une offre excédentaire que ne parviennent plus à absorber des économies en plein ralentissement. Toute réduction de production tend à faire remonter les prix. Vers 04H45 GMT, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin reculait de 32 cents à 44,34 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en juillet, cédait 27 cents à 45,25 dollars. Ce repli peut être attribué aux informations provenant du Canada sur la reprise de la production, selon Alex Wijaya, expert chez CMC Markets. La veille, les cours du pétrole avaient nettement monté, effaçant leur baisse de la veille, sur fond de perturbation de l'offre dans plusieurs pays producteurs. Le cours du baril de référence (WTI) avait repris 1,22 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), soit exactement ce qu'il avait perdu la veille. A Londres, le Brent avait gagné 1,89 dollar à 45,52 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a gagné 1,89 dollar à 45,52 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Cette hausse était aussi due à une aggravation des problèmes au Nigeria, premier exportateur africain de pétrole, où un groupe rebelle inconnu jusqu'ici a revendiqué en fin de semaine dernière l'explosion d'une installation offshore du groupe pétrolier américain Chevron dans le delta du Niger, dans le sud du pays, ce qui a provoqué la fermeture de cette plateforme et infligé à la compagnie la perte de quelque 35 000 barils par jour de production. Les investisseurs attendent de leur côté la publication mercredi des chiffres hebdomadaires des réserves américaines de brut.
Diverses perturbations dans le monde Les investisseurs les plus optimistes se remettent à croire au potentiel de hausse du marché, sur la base de récentes perturbations au niveau de la production, a résumé dans une note Tim Evans, de Citi. D'abord, les fluctuations des cours reflètent l'aspect mitigé du premier bilan des incendies massifs au Canada, qui ne semblent certes pas avoir gravement endommagé les installations pétrolières mais ont pour l'heure diminué la production locale d'au moins un million de barils par jour (mbj). Même si les compagnies pétrolières prévoient au moins de remettre à leur poste des employés d'ici la fin de la semaine, la production pourrait mettre au moins deux ou trois semaines pour reprendre complètement, a prévenu M. Evans, jugeant néanmoins limité le potentiel de hausse des cours. Déjà attentivement surveillés d'habitude par les investisseurs, les chiffres hebdomadaires sur l'état de l'offre aux Etats-Unis, dont le Canada est le premier fournisseur étranger, vont à ce titre prendre une importance particulière. Le marché s'attend à une baisse des réserves, notamment à Cushing, terminal qui sert de référence au WTI, a rapporté Bart Melek, de TD Securities, prévenant toutefois que cela exposait les cours à un risque de déception si ces déclins ne se concrétisent pas autant que prévu. L'American Petroleum Institute (API) publiera ses chiffres mardi après la clôture, avant la publication le lendemain des statistiques officielles du département de l'Energie (DoE).
Oléoducs crevés Le Canada n'était pas le seul pays à dominer l'attention des investisseurs, puisque les analystes évoquent aussi les conséquences persistantes des troubles en Libye et, surtout, une récente aggravation des problèmes au Nigeria, premier exportateur africain de pétrole. Le sabotage de l'oléoduc de Forcados, destiné aux exportations, a substantiellement réduit les chargements de pétrole, a écrit Matt Smith, de ClipperData. Un groupe rebelle inconnu jusqu'ici a revendiqué en fin de semaine dernière l'explosion d'une installation offshore du groupe pétrolier américain Chevron dans le delta du Niger, dans le sud du pays, ce qui a provoqué la fermeture de cette plateforme et infligé à la compagnie la perte de quelque 35 000 barils par jour de production. On craint de plus en plus que les violences s'accentuent, avec ce nouveau groupe dans la région, a précisé M. Smith, notant que la compagnie publique nigériane avait déjà fait état de plus de 3 000 crevaisons sur les oléoducs du pays lors des douze mois s'étant achevés fin mars. Selon des statistiques publiées par l'agence Bloomberg, le Nigeria a vu sa production de pétrole plonger à son plus bas niveau depuis 22 ans, à moins de 1,7 million de barils par jour, notamment à cause de la recrudescence des attaques de rebelles militant pour une meilleure redistribution des revenus de l'or noir dans le delta du Niger.