Le baril de Brent progressait hier dans les échanges matinaux en direction de la barre symbolique des 50 dollars, le cours de l'or noir étant soutenu par les incendies au Canada et les problèmes de production au Nigeria De nouveaux feux de forêts ont éclaté pendant le week-end dans la province canadienne d'Alberta, menaçant la région des sables bitumineux. Sur la quinzaine d'incendies toujours en activité lundi, trois sont totalement hors de contrôle, selon la Première ministre de la province canadienne de l'Alberta, Rachel Notley. De son côté, le gouvernement nigérian a rencontré lundi des représentants syndicaux pour tenter d'enrayer un appel à la grève nationale illimitée lancé pour protester contre la hausse de 67% du prix de l'essence à la pompe. Le Nigeria est le premier producteur de pétrole d'Afrique. "Les gens guettent n'importe quel signe de baisse de l'offre. Le marché est enthousiasmé par toute information sur des perturbations de la production", a indiqué Peter Lee, analyste chez BMI. "Un dépassement du seuil des 50 dollars dans les prochains jours est tout à fait possible. Au second semestre, le pétrole devrait osciller entre 45 et 50", estime-t-il. Les cours ont également été soutenus par des commentaires encourageants de la banque Goldman Sachs sur les perspectives des cours de l'or noir mettant en avant le fait qu'ils pensent que le surplus de l'offre s'est déjà récemment transformé en léger déficit temporaire. Vers 03H45, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin gagnait 48 cents, à 48,20 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en juillet, progressait de 25 cents à 49,22 dollars. Les cours ont dégringolé à des plus bas de près de 13 ans en février, à moins de 30 dollars, en raison d'un excès d'offre. En juin 2014, le baril se négociait 100 dollars. La dernière fois que l'or noir a dépassé les 50 dollars remonte à novembre.
Rééquilibrage en vue La veille, les cours pétroliers sont nettement repartis de l'avant, certains analystes se risquant à annoncer la fin du déséquilibre entre l'offre et la demande. Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juin a bondi de 1,51 dollar à 47,72 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), au plus haut depuis six mois et demi. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a gagné 1,14 dollar à 48,97 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), également son niveau de clôture le plus élevé depuis début novembre. Beaucoup d'analystes ont mis cette hausse, qui a largement fait oublier une petite prise de bénéfices vendredi, sur le compte d'un nouveau rapport de la banque Goldman Sachs. Le rééquilibrage physique du marché pétrolier a enfin commencé. Alors que l'offre et la demande ont dépassé les attentes au premier trimestre, laissant une surproduction de 1,4 million de barils par jour, nous pensons que le marché est probablement devenu déficitaire en mai, lisait-on dans ce rapport. Goldman Sachs précisait que ce rééquilibrage intervenait avec un trimestre d'avance sur ce que ses analystes avaient anticipé en mars, en raison à la fois d'une demande toujours forte et d'une production en net déclin dans plusieurs pays. Dans un tel contexte, tous les accrocs même mineurs du côté de l'offre ont plus d'importance, a souligné Phil Flynn, chez Price Futures Group, maintenant quand il se passe quelque chose en Algérie ou en Libye cela a plus d'impact. Du côté des problèmes de production, Tim Evans, chez Citi, a évoqué une grève potentielle qui pourrait ajouter aux problèmes au Nigeria, théâtre depuis plusieurs jours de problèmes d'oléoducs, et le fait que le Venezuela soit désormais en état d'urgence, alors que la région des sables bitumineux au Canada devait encore gérer les suites des gigantesques incendies près de Fort McMurray du début du mois. Des accrocs provisoires mais à répétition ont plus que compensé la production plus forte que prévu de l'Iran et de l'Irak, faisait valoir Goldman Sachs, relevant en outre que les problèmes de production au Nigeria avaient des chances de durer.
Crainte de correction Du côté américain, on entre dans une période où on devrait voir baisser les stocks de brut, un peu plus tôt que d'habitude au vu des chiffres publiés la semaine dernière par le ministère de l'Energie, qui ont fait état d'un premier déclin inattendu, ce qui est de bon augure pour les semaines qui viennent, selon Mike Dragosits, chez TD Securities. Traditionnellement à la fin du printemps et au début de l'été les raffineries américaines consomment beaucoup de brut pour produire l'essence utilisée pour les déplacements en voiture. Le mouvement d'appréciation des cours avait déjà été alimenté la semaine dernière par une série de rapports mensuels de grands organismes, dont le département américain de l'Energie (DoE) et l'Agence internationale de l'Energie (AIE), particulièrement optimiste sur un rééquilibrage du marché d'ici la fin de l'année. Vendredi, l'Opep avait estimé qu'en raison de signes convergents de baisses de production des pays hors Opep, le marché devrait se retourner et se trouver en déficit net de l'offre par rapport à la demande en 2017. Cependant, il est important de garder à l'esprit que de leur côté, les membres de l'Opep semblent toujours loin d'être d'accord sur la moindre diminution ou un gel de la production et cela devrait pour l'instant empêcher les cours d'atteindre 50 dollars le baril, prévenait Jameel Ahmad, analyste chez FXTM. Tim Evans, de son côté, mettait en garde contre un possible retour de balancier: certes le marché est enclin à la hausse et on assiste probablement à certains rééquilibrages de paris pris à la baisse, mais nous pensons qu'il y a trop d'achats et que le marché est vulnérable à un mouvement de correction, faisait-il valoir.