L'or noir a de nouveau atteint ses plus hauts niveaux de l'année hier dans les échanges matinaux en Asie, progressant vers la barre des 50 dollars sous l'effet des feux qui menacent la production canadienne et fait espérer un rééquilibrage de l'offre. La banque Goldman Sachs avait avancé lundi que le surplus de l'offre s'était déjà récemment transformé en léger déficit temporaire, du fait des incendies au Canada et des perturbations de la production nigériane, faisant bondir les cours. Elle a notamment jugé structurelle la situation au Nigeria, prévoyant que la production reste perturbée toute l'année chez le premier producteur d'Afrique. Selon les prévisions du Conference Board of Canada, la production de pétrole a été réduite de 1,2 million de barils par jour en moyenne à cause des feux de forêts, privant le PIB de la province d'Alberta (ouest canadien) d'un milliard de dollars. Vers 04H00 GMT, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin gagnait 14 cents, à 48,45 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en juillet, progressait de 8 cents à 49,36 dollars. Les cours ont dégringolé à des plus bas de près de 13 ans en février, à moins de 30 dollars, en raison d'un excès d'offre. En juin 2014, le baril se négociait 100 dollars. La dernière fois que l'or noir a dépassé les 50 dollars remonte à novembre. Bernard Aw, analyste chez IG Markets, a expliqué que les investisseurs étaient rassérénés par le rapport de Goldman Sachs. Les prix pourraient dépasser largement les 50 dollars dans les deux prochaines semaines si le dollar ne se renforce pas, a-t-il dit. Les investisseurs considèrent que la situation au Canada pourrait durer plus longtemps que prévu. Si les feux endommagent les infrastructures, cela pourrait pénaliser la production encore plus longtemps, a-t-il ajouté. Les feux de forêts gagnent du terrain au nord de Fort McMurray et ont détruit les 665 logements d'une des bases de vie hébergeant, en temps ordinaire, des milliers de travailleurs du pétrole. Au Nigeria, un important syndicat a défié une décision de justice en appelant à la grève nationale mercredi contre la hausse du prix du carburant à la pompe. Des troubles dans la région du delta du Niger perturbent également la production.
Au plus haut depuis octobre à New York La veille, les cours pétroliers ont poursuivi leur ascension à New York, bénéficiant des attentes d'une nouvelle baisse de la production américaine tandis que les incendies de l'Alberta progressent vers les exploitations de sables bitumineux. Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juin a gagné 59 cents à 48,31 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), son niveau de clôture le plus élevé depuis début octobre. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a gagné 31 cents à 49,28 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), au plus haut depuis début novembre. Les incendies au Canada apportent un peu de soutien, tout comme le fait que la production baisse régulièrement depuis seize semaines aux Etats-Unis, ce qui fait émerger l'idée d'un rééquilibrage de l'offre et de la demande, a déclaré Oliver Sloup, chez iiTrader.com. M. Sloup a remarqué que la tendance haussière, qui a fait bondir les cours de plus de 80% depuis leur étiage de février, semblait encore intacte: chaque fois qu'on voit un reflux ces derniers temps les acheteurs reviennent. Mais on approche du seuil psychologique des 50 dollars où on pourrait bien voir les gens qui ont parié sur la hausse prendre leurs bénéfices, a ajouté M. Sloup, estimant en outre que, à ce niveau de prix, la demande pourrait faiblir. Le WTI n'a plus fini la séance au-dessus des 50 dollars depuis le 21 juillet dernier. Depuis le début du mois, les incendies autour de Fort McMurray, au Canada, ont contribué à resserrer les déséquilibres entre l'offre et la demande: la mise à l'arrêt d'à peu près 1,2 million de barils par jour d'offre a été un facteur majeur, remarquait Tim Evans, chez Citi. Plusieurs milliers de travailleurs du secteur pétrolier ont dû être évacués de leurs bases de vie. C'est pourquoi il est probable qu'il faille un certain temps avant que la production de pétrole se normalise dans cette région, ont précisé les experts de Commerzbank. En outre, des troubles dans la région du delta du Niger au Nigeria perturbent également la production de ce pays. Mais Matt Smith, chez ClipperData, a souligné qu'il s'agissait là de problèmes provisoires dont l'impact sur les cours du pétrole devrait aussi être provisoire: quand les volumes de production reviendront sur le marché, nous devrions voir les prix se détendre à la baisse, a-t-il dit, estimant qu'il faudrait attendre la fin de l'année pour voir un rééquilibrage durable du marché pétrolier. Dans ce contexte, les investisseurs attendaient la publication en soirée des estimations de la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API) sur le niveau des stocks américains de brut et de produits pétroliers, avant que le ministère américain de l'Energie (DoE) fasse le point mercredi à la fois sur les réserves et la production américaine de brut, qu'ils espèrent voir encore reculer. Cela pourrait confirmer la situation actuelle de déficit de l'offre par rapport à la demande dont a fait état la banque Goldman Sachs, ce qui avait fait bondir les cours lundi même si la banque avait souligné que cette situation n'était que transitoire.