Le marché du pétrole se repliait à l'ouverture du marché vendredi à New York, les investisseurs ne semblant plus s'attendre à des problèmes d'approvisionnement durables en dépit des incendies au Canada et de troubles en Libye. Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en juin perdait 17 cents à 44,15 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). «La remontée des prix du pétrole s'essouffle», affirmaient les analystes, décelant de premiers signes d'un basculement du moral des investisseurs, après presque trois mois de forte hausse. Certes, «toutes les interruptions de production ont peu de chances de durer, mais à notre avis, nous voyons un changement de mentalité dans le marché du pétrole qui pourrait encore peser sur les prix à court terme», expliquaient-ils. Un expert a reconnu qu'il était «un peu surpris (par le repli des cours) alors que la production de pétrole au Canada pourrait être réduite de jusqu'à un million de barils par jour» par les feux de forêt qui ravagent depuis mardi la ville de Fort McMurray, au cœur de la région des sables bitumineux de l'Alberta (ouest). Toute l'agglomération de Fort McMurray et trois autres communes à quelques dizaines de kilomètres au sud ont été vidées et ce sont près de 100 000 habitants au total qui ont été évacués. Par ailleurs en Libye, l'instabilité politique entrave la bonne marche du marché. Mais les problèmes d'excédents du marché n'ont pas disparu. Un analyste rappelait que même si les interruptions de production imprévues au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ont dépassé les deux millions de barils par jour en 2015, les stocks mondiaux de pétrole ont encore augmenté de 1,95 million de barils par jour au premier trimestre 2016, et devraient continuer à progresser - quoique à un rythme plus lent - au deuxième trimestre. Les prix ont néanmoins un peu ralenti leur recul après la déception provoquée par les chiffres américains de l'emploi, qui a poussé le dollar en baisse car ils semblent repousser encore la perspective d'une hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis. Or tout recul du dollar facilite les achats de brut par les investisseurs munis d'autres devises, car les échanges sont libellés en billets verts.