Les grands argentiers du G7 ont souligné, vendredi au Japon, le danger que représenterait, selon eux, pour l'économie mondiale, une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE). La question des politiques monétaires a également été abordée. "Il est clair que nous avons parlé du Brexit", a déclaré lors de la réunion ministérielle du G7 aux journalistes le Commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, au sujet du référendum du 23 juin au Royaume-Uni sur cette question. "Il est évident que tous les partenaires autour de la table veulent que la Grande-Bretagne reste dans l'Union européenne", a-t-il ajouté à l'issue de la première journée de cette réunion de deux jours à Akiu, une petite station thermale de la région de Sendai, au nord-est du Japon. Le ministre britannique des Finances "George Osborne a appelé ses partenaires à dire aux Britanniques à quel point cela était économiquement dangereux", a rapporté M. Moscovici.
le Bon équilibre en débat Les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales du Japon, des Etats-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Canada ainsi que la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde et le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi ont aussi débattu des moyens de revigorer une croissance mondiale poussive et abordé le sujet de la dette grecque à quelques jours de l'Eurogroupe de mardi. Le bon équilibre entre politique monétaire accommodante, politique de relance budgétaire et, à plus long terme, les réformes structurelles nécessaires à une croissance durable a été cœur des réflexions sur les efforts attendus de chacun des sept grands pays industrialisés.
Recette à trouver Si nul ne renonce à la manne budgétaire pour stimuler l'économie, le dosage requis de la part de chacun ne fait pas l'unanimité. France et Japon plaident pour une certaine flexibilité tout en devant réduire leurs déficits budgétaires. L'Allemagne, moins contrainte et dont les partenaires attendent de ce fait des dépenses plus généreuses susceptibles d'avoir un effet d'entraînement sur eux, est réticente et demande des réformes de fond. Mais "y compris pour faire face à la crise des réfugiés, l'Allemagne sans le dire, est dans une disposition d'esprit plus souple qu'elle ne l'était jusqu'à ces derniers temps", affirme le ministre français des Finances, Michel Sapin.
Pas de "guerre des monnaies" "Les politiques budgétaires et monétaires accommodantes sont nécessaires mais elles ne suffisent pas", a souligné dans un courriel à l'afp Ivan Tselichtchev, professeur d'économie à l'Université de gestion de Niigata (nord-ouest du Japon). "Le G7 doit faire plus en termes de réformes structurelles afin de rendre l'économie plus efficace, de renforcer le secteur de l'offre, de relancer l'investissement, y compris l'investissement dans les pays émergents", a-t-il commenté. Le club de pays industrialisés a aussi tenté de conjurer une fois pour toutes le spectre d'une "guerre des monnaies" récemment ressuscité par le Japon. Tokyo avait laissé entrevoir la possibilité d'une intervention sur les marchés des changes face à la hausse du yen qui rend son économie moins compétitive. "Si la perception ou la réalité est que (une intervention) sert à obtenir un avantage injuste, cela est très perturbant pour le système économique mondial", a déclaré un haut responsable du Trésor américain présent au G7-Finances. M. Sapin avait la veille estimé qu'il ne "pouvait pas y avoir" et qu'"il n'y aurait pas" de guerre des monnaies.
Evasion fiscale au menu Quant à la reprise du plan d'aide accordé l'été dernier par la zone euro à la Grèce mais bloqué depuis plusieurs mois, Pierre Moscovici, a estimé vendredi qu'un accord était "à portée de main", lequel "pourrait être réalisé lors de l'Eurogroupe du 24 mai". L'évasion fiscale, remise sur le devant de la scène par le scandale des Panama Papers sera discutée samedi, a-t-il précisé. Si aucune déclaration commune sur l'ensemble des points abordés n'est prévue samedi à la clôture de cette réunion qui précède le sommet du G7 à Ise-Shima, la lutte contre le financement du terrorisme, qui s'est intensifiée depuis les attentats de Paris du 13 novembre, aura elle droit à la publication d'un plan d'action.