Le ministre rattrapé par le scandale de corruption Petrobras qui s'était mis en réserve lundi du nouveau gouvernement brésilien a été démis de ses fonctions, selon un décret du président par intérim Michel Temer publié mardi dans le Journal officiel. Romero Juca, ministre de la Planification, avait été mis en cause lundi par un enregistrement compromettant rendu public par le quotidien Folha de Sao Paulo qui ébranlait le gouvernement douze jours seulement après sa mise en place. Dans cette conversation datant de mars, il prônait un pacte passant par la destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff pour étouffer l'enquête sur les détournements de fonds autour du groupe étatique Petrobras dans laquelle il est lui-même visé. L'impeachment est nécessaire. Il n'y a pas d'autre issue. Il faut régler toute cette merde. Il faut changer de gouvernement pour stopper l'hémorragie, déclarait M. Juca au cours d'un rendez-vous à son domicile avec un ancien sénateur de son parti, Sergio Machado, ex-président de la compagnie pétrolière Transpetro, lui aussi soupçonné de corruption. M. Juca a argué lundi matin que le mot hémorragie se rapportait à la crise économique et non à l'enquête Petrobras. Mais nulle part dans la conversation, publiée par la suite en version longue, il ne fait allusion à la forte récession économique qui plombe le géant émergent d'Amérique latine. Le sénateur Juca a été l'un des principaux animateurs politiques de la procédure de destitution que Mme Rousseff a qualifiée de coup d'Etat institutionnel ourdi par le vice-président Temer. Elle a été écartée du pouvoir le 12 mai pour un maximum de six mois en attendant son jugement par le Sénat pour maquillage des comptes publics. M. Juca, proche de M. Temer (75 ans), a récemment pris à sa place la présidence du grand parti centriste PMDB qui avait quitté la coalition gouvernementale fin mars.
Autre ministre visé Le PMDB est éclaboussé au plus haut niveau par le scandale Petrobras, au même titre que le Parti des travailleurs (PT, gauche) de Mme Rousseff avec qui il a dirigé le pays depuis 2003. C'est Dyogo Oliveira, ex-secrétaire exécutif au ministère de la Planification, qui récupère par intérim le portefeuille de la Planification. Un autre ministre est dans le collimateur de la justice dans le cadre de l'affaire Petrobras, celui du Tourisme, Henrique Eduardo Alves. Michel Temer lui a demandé des explications dès lundi soir, selon le récit d'un autre ministre, mardi sur la chaîne de télévision RBS TV. Hier (lundi) soir, tard dans la nuit, Michel (Temer) lui-même lui a posé cette question : +Est-ce que tu ne devrais pas te demander si tu vas subir un +bombardement+ (de la part de la justice et de la presse, ndlr) qui va te contraindre à partir ?+, a raconté Eliseu Padilha, chef de cabinet du président avec le rang de ministre. M. Alves pense que non, qu'il n'y aura rien, que son affaire est sans importance, a poursuivi Eliseu Padilha, lui-même cité dans l'opération Lavage Express qui enquête sur le scandale Petrobras, mais pas mis en examen, tout comme un autre ministre, Geddel Vieira (secrétaire du gouvernement), selon le site internet spécialisé Congresso em Foco. Les noms de cinq autres ministres figurent sur une liste d'Odebrecht, une des entreprises impliquées dans l'affaire Petrobras. Cette liste, qui fait état de dons électoraux présumés, est encore examinée par les enquêteurs.