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Sans mentionner de plafond chiffré : L'Opep maintient sa production inchangée
Publié dans Le Maghreb le 04 - 06 - 2016

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a maintenu en l'état jeudi à Vienne son niveau de production actuel, s'abstenant à nouveau de mentionner tout plafond chiffré et annoncé la nomination d'un nouveau secrétaire général.
L'actuel secrétaire général du cartel, Abdallah el-Badri, a indiqué qu'il était vraiment difficile de donner un chiffre mais que le marché acceptait le niveau actuel de production de l'Opep, jugé raisonnable.
La Conférence a observé que, depuis la dernière réunion de décembre 2015, les prix du pétrole brut ont grimpé de plus de 80%, l'offre et la demande convergent, ce qui prouve que le marché est engagé dans un processus de rééquilibrage, a fait valoir l'Opep lors d'une conférence de presse tenue à l'issue de sa réunion semestrielle.
Nous ne sommes pas en position de discuter de la mise en place d'un plafond car selon nous la stratégie (de l'Opep) fonctionne, le marché réagit vraiment positivement, a abondé le ministre émirati de l'Energie Suhail al-Mazroui, précisant que son pays ne comptait pas augmenter sa production.
Nous allons continuer à nous consulter (...), le marché évolue dans la bonne direction, a commenté pour sa part le nouveau ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh.
L'Opep, formée de 13 pays qui produisent environ un tiers du brut mondial, a pompé quelque 32,3 millions de barils par jour (mbj) au premier trimestre 2016, tandis que la production saoudienne a atteint à elle seule 10,13 mbj de janvier à avril (+3,5% sur un an).
Le cartel a en outre annoncé la nomination du Nigérian Mohammed Barkindo au poste de secrétaire général à compter du 1er août ainsi que l'admission du Gabon parmi ses membres à partir du 1er juillet.
On ne peut pas parler de déception, tant les attentes des investisseurs étaient faibles. Il était évident que la réunion de l'Opep n'aboutirait à aucune décision concrète et surtout pas à un accord à propos d'un plafond de production. On peut donc parler clairement de non-événement pour le marché, a estimé Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.

Satisfaction générale concernant les prix
Tout le monde est très satisfait de l'état du marché qui est en train de se rééquilibrer à l'heure où nous parlons, avait assuré plus tôt dans la journée M. al-Faleh, qui s'exprimait pour la première fois à Vienne. La demande est extrêmement bien portante et robuste. L'offre non-Opep décline. Les prix vont répondre au rééquilibre du marché, avait-il détaillé.
Au fil de leurs arrivées dans la capitale autrichienne, les ministres des pays membres de l'Opep s'étaient en effet montrés globalement assez optimistes sur le fait que les prix du pétrole allaient continuer à se reprendre dans la seconde partie de l'année.
A l'image de la plupart de ses homologues, le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh s'était ainsi félicité mercredi soir que le marché joue parfaitement son rôle de rééquilibrage, alors que les cours, tombés en janvier et février à 26-27 dollars le baril, avoisinent désormais les 50 dollars le baril.
Mais comme je l'ai dit ce matin, le temps n'est pas venu d'atteindre un accord entre les pays membres de l'Opep concernant des quotas par pays, a déclaré M. Zanganeh à l'issue de la réunion de l'Opep.
Le ministre iranien a en outre indiqué qu'il n'avait reçu aucun signal (selon lequel) certains pays voulaient augmenter leur production, jugeant que tous les membres du cartel avaient à coeur de rétablir le marché.
Dès son arrivée à Vienne mercredi soir, M. Zanganeh avait en effet estimé que l'instauration d'un plafond de production ne serait d'aucun bénéfice pour Téhéran ni pour les autres membres du cartel, précisant qu'il était davantage favorable au rétablissement de l'ancien système des quotas par pays, une option également soutenue par le Venezuela.
Le cartel a toutefois fait remarquer dans son communiqué qu'il était préoccupé par le niveau très bas d'investissement prévalant actuellement dans l'industrie pétrolière et souligné le besoin d'une augmentation des investissements en amont afin d'atteindre un équilibre à long terme sur les marchés pétroliers.
Les producteurs, que ce soit au sein de l'Opep ou non et les consommateurs sont convaincus qu'un prix juste est nécessaire pour tout le monde afin d'obtenir un retour sur investissement raisonnable et investir dans l'industrie, a insisté Abdallah el-Badri.
En attendant sa prochaine réunion, qui se tiendra le 30 novembre prochain à Vienne, l'Opep a fait savoir qu'elle allait continuer à surveiller de près les développements dans les mois qui viennent, et si nécessaire suggérer des mesures supplémentaires en fonction des conditions du marché.

Cours en hausse
Les cours pétroliers sont montés jeudi après deux séances de recul, grâce à l'annonce d'un reflux des stocks américains et à l'absence de trop mauvaises nouvelles après la réunion semestrielle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juillet a contre toute attente gagné 16 cents à 49,17 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), alors que la séance avait débuté dans le rouge.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a progressé de 32 cents à 50,04 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).
Il y a eu un soupir de soulagement après l'Opep, quand l'Arabie saoudite a indiqué qu'elle n'allait pas inonder le marché avec des quantités supplémentaires de pétrole, a expliqué Andy Lipow, chez Lipow Oil Associates.
Certes l'Opep s'est à nouveau abstenue de mentionner tout plafond de production chiffré, mais cela avait été largement anticipé par les investisseurs. En effet plusieurs participants avaient exprimé en arrivant à Vienne leur satisfaction devant la tendance actuelle au renforcement des cours, qui ont presque doublé depuis leur étiage de février.
Nous allons continuer à nous consulter (...), le marché évolue dans la bonne direction, a déclaré le nouveau ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, à l'issue de la réunion.
Par ailleurs, le marché a pu s'orienter dans le vert après que le ministère américain de l'Energie a annoncé que les stocks de brut avaient une nouvelle fois reculé la semaine dernière, contrairement aux prédictions avancées la veille par la fédération professionnelle API.
Les stocks d'essence et de produits distillés aux Etats-Unis ont également reculé, tout comme la production américaine, ce qui est de bon augure pour les investisseurs espérant une réduction des excédents actuels.
Le cours du baril reste bien orienté tant ses fondamentaux s'améliorent et tant l'offre de brut diminue. Le déstockage hebdomadaire de brut et d'essence aux Etats-Unis est le symbole de ce rééquilibrage de l'offre vis-à-vis de la demande, commentait Yoav Nizard, analyste chez FXCM.
Pour autant, M. Lipow a noté que le marché restait vulnérable.
L'Opep doit encore tenir compte de l'augmentation de la production iranienne et du retour de l'offre libyenne, a-t-il dit, sans compter que si les autorités nigérianes finissent par contenir les violences (dans le delta du Niger), on pourrait aussi voir se reprendre la production nigériane, a-t-il dit.
Il se passe encore beaucoup de choses et je pense qu'à court terme on pourrait voir une chute du pétrole jusqu'à environ 45 dollars le baril, a conclu M. Lipow.
Mais globalement le tableau de l'offre s'annonce bien meilleur en 2017, et je pense qu'on sera à 50 dollars le baril d'ici à janvier, peut-être même un peu plus haut, a-t-il dit, sans exclure des évolutions en dents de scie d'ici là.

Stocks américains en baisse
Les stocks de pétrole brut ont moins baissé que prévu la semaine dernière aux Etats-Unis, selon des chiffres publiés jeudi par le département américain de l'Energie (DoE).
Lors de la semaine achevée le 27 mai, les réserves commerciales de brut ont reculé de 1,4 million de barils à 535,7 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg s'attendaient à une baisse de 2,5 millions de barils.
Ce déclin reste toutefois une bonne nouvelle pour les investisseurs espérant voir remonter les cours, qui craignaient que les stocks aient augmenté à hauteur de 2,35 millions de barils, comme l'avait prédit l'association professionnelle API mercredi soir.
A ce palier, les réserves américaines de brut s'affichent en hausse de 12,2% par rapport à la même période de 2015 et restent à "des niveaux historiquement élevés à cette époque de l'année", comme l'a une nouvelle fois noté le DoE.
Les stocks d'essence ont quant à eux reculé de 1,5 million de barils, conformément aux estimations de l'API, alors que les experts de Bloomberg prévoyaient un recul de seulement 350 000 barils.
Ils restent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette époque de l'année, et s'affichent en hausse de 8,3% par rapport à la même période en 2015.
Les réserves de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène, etc.) ont diminué de 1,3 million de barils, soit légèrement plus que le recul d'un million prévu par les experts de Bloomberg et celui de 1,2 million annoncé par l'API.
Elles progressent tout de même de 12,8% par rapport à l'an dernier et restent également bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette période de l'année.

Petite baisse à Cushing
Très surveillée par les analystes, la production américaine a baissé pour la douzième semaine de suite, de 32 000 barils par jour (b/j) à 8,735 mbj.
Les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud), qui servent de référence au pétrole échangé à New York et sont proches de leur capacité maximum, se sont repliées de 700 000 barils à 66,9 millions.
Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont reculé de 2,7 millions de barils.
Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 20,4 mbj de produits pétroliers, soit 2,2% de plus que l'année précédente à la même époque.
Durant la même période, la demande de produits distillés a augmenté de 0,6%, et celle d'essence a monté de 4,0%, dans les deux cas sur un an.
Les raffineries américaines ont maintenu leur cadence, fonctionnant à 89,8% de leurs capacités contre 89,7% la semaine précédente.

Hausse de consommation en 2015
Dans un contexte de ralentissement de la croissance économique et d'efforts en matière d'efficacité énergétique, le pétrole a été la seule énergie à voir sa consommation augmenter l'an dernier dans les pays du G20, tirée par les parcs automobiles indiens et chinois.
La consommation de pétrole a progressé de 2% dans les 20 plus grandes économies mondiales, alors que la demande de charbon a baissé et celle du gaz et d'électricité (nucléaire et énergies renouvelables) ont stagné, selon un bilan annuel publié par le cabinet français Enerdata.
Cette croissance de l'appétit pour l'or noir est supérieure à la moyenne observée depuis 2003, où elle était d'environ 1% par an.
"C'est lié au fort développement du parc automobile en Chine et en Inde", où le parc automobile a été respectivement multiplié par cinq et trois depuis 2000, a expliqué Nathalie Desbrosses, responsable de l'analyse des marchés de l'énergie à Enerdata.
Les pays de l'OCDE (Etats-Unis, Union européenne, Japon) ont aussi consommé plus de pétrole l'an dernier du fait de la reprise économique, et aux Etats-Unis, de la baisse du prix de l'or noir qui y est moins taxé.
En revanche, pour la deuxième année consécutive, la consommation de charbon a baissé en 2015 dans les pays du G20 (-2,5%), un phénomène particulièrement marqué en Chine (-3,7%), qui concentre la moitié du charbon utilisé sur la planète.
Cela reflète le ralentissement de la croissance économique du géant asiatique, en particulier de la production d'acier et de ciment, mais aussi l'amélioration de l'efficacité énergétique de l'industrie, selon cette étude.
"La Chine installe en grande majorité des centrales à charbon aux technologies les plus efficaces", c'est-à-dire avec un rendement supérieur, a aussi expliqué Nathalie Desbrosses.
Toutefois, dans l'ensemble du G20, le charbon est resté en 2015 la principale énergie consommée (33%), devant le pétrole (29%), le gaz (20%), les énergies renouvelables électriques (9%) et la biomasse (9%).
Toutes énergies confondues, la consommation a stagné (+0,5%) au sein du G20, tout comme les émissions de CO2 liées au secteur énergétique, confirmant la tendance amorcée l'an dernier d'un décorrélation entre croissance économique (+2,8% en 2015) et émissions de CO2.
Cela "vient surtout de la faible croissance économique de la Chine", qui représente plus du tiers de la consommation énergétique de ces pays, a nuancé Pascal Charriau, le président d'Enerdata, ajoutant que ce rythme ne suffira pas pour limiter le réchauffement climatique en deçà des 2 degrés.


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