Le processus de privatisation du CPA, qui entre dans le cadre de la réforme bancaire, fait couler beaucoup d'encre ces derniers temps. Hier encore, le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, qui a présidé au siège de son département une rencontre portant sur la notification des crédits alloués par la loi de finances 2008 aux ministères et wilayas a donné quelques précisions à ce sujet. Ainsi il a précisé, en marge de la rencontre, que "l'ouverture du capital du CPA obéit à une certaine logique, le gel de sa privatisation a été décidé suite à la crise dite des subprimes et non pas pour d'autres motifs", et d'ajouter que "l'Etat a conclu à un manque de visibilité, de plus les conséquences de ladite crise ne seront ressenties qu'à partir de 2008." S'exprimant sur un autre chapitre, portant cette fois-ci sur les dépenses publiques, plus précisément sur le rapport élaboré dernièrement par la Banque mondiale sur l'évolution des dépenses publiques en l'Algérie, le ministre a tout d'abord clarifié la situation en disant que "c'est l'Algérie qui a demandé qu'une telle étude soit faite ", " cette étude a démontré globalement des aspects positifs". En revanche, a-t-il poursuivi, "la Banque mondiale, dans son rapport, a relevé certaines lacunes sur les investissements publics, et ce en termes d'inefficacité et répercussion sur la vie sociale et économique". Toujours dans ce même ordre d'idée, le grand argentier du pays a annoncé qu' "une nouvelle loi organique, qui présente les conditions d'évaluation, d'élaboration et d'exécution des dépenses publiques sera soumise incessamment à l'APN, une fois qu'elle sera adoptée par le Conseil des ministres". Côté chiffres, le ministre a souligné que les recettes du Fonds de régulation étaient de 2 900 milliards de dinars en 2006, elles ont atteint les 3 200 milliards de dinars en 2007. Il a aussi évoqué la baisse de la dette publique interne qui est passée de 1 780 milliards de dinars en 2006, à 1 050 milliards de dinars en 2007, soit une baisse de 41%. Quant à la croissance économique hors hydrocarbures, elle a progressé de 6,8%, tout comme la croissance des importations qui est de 10% et une inflation de 3%. Toutefois, M. Djoudi a rappelé que la loi de finances 2008, qui prévoit des dépenses de 4 322,9 milliards de DA, a été élaborée sur la base d'un prix de référence du baril de pétrole à 19 dollars, cela dit, la différence sera versée au Fonds de régulation destiné en effet à régler la dette extérieure. Il faut dire que la La notification de ces enveloppes budgétaires intervient moins d'une semaine après la signature de la loi de finances par le président de la République. Insistant sur la nécessité de la maîtrise des coûts et du respect des délais de réalisation des projets engagés par l'Etat, M. Djoudi a souligné que durant les dix dernières années, l'Etat a consacré d'importantes ressources aux dépenses publiques qui sont passées à un équivalent de 62% du PIB en 2007 contre 34% du PIB en 1999. L'effort budgétaire se poursuit à travers la loi de finances 2008 qui prévoit, a-t-il ajouté, un montant de crédits de 4.322,86 milliards de DA (+9,53% par rapport à la loi de finances complémentaire 2007). Rappelant le contenu du budget de fonctionnement 2008, l'argentier du pays a indiqué que les crédits visent essentiellement la prise en charge du relèvement de salaires dont l'impact financier est évalué à plus de 166 milliards de DA, les subventions de fonctionnement pour la mise en service de 303 nouveaux établissements publics et renforcement de ceux existants (32,2 milliards de DA). Il s'agit aussi du soutien de l'intervention économique de l'Etat (entreprises publiques et produits de première nécessité comme le blé et le lait). Quant au budget d'équipement, le ministre a affirmé qu'il vise la prise en charge des programmes retenus au titre du PCSC et des programmes additionnels. Pour les investissements, 75 % des crédits de paiement se concentrent sur les secteurs de l'agriculture, l'hydraulique, les infrastructures économiques et administratives, l'habitat et l'éducation. Compte tenu de l'importance du programme d'équipements publics, selon le ministre, ''les défis à venir résident dans la maîtrise des délais de réalisation et des coûts prévus qui nécessitent un effort particulier de mobilisation de maîtrise d'ouvrage et une rigueur dans le suivi de l'exécution de la dépense publique.'' La loi de finances 2008 prévoit des recettes de 1.924 milliards de DA (+5,1% par rapport à la loi de finances 2007) et des dépenses de 4.322,9 milliards de DA (+9,5%) se répartissant en 2.018 milliards de DA pour le fonctionnement et en 2.304,9 milliards de DA pour l'équipement. Elaborée sur la base d'un baril de pétrole de 19 dollars, le budget de l'Etat prévoit des recettes fiscales (contributions directes et indirectes, produits des douanes...) de 754,8 milliards de DA (contre 676,1 milliards de DA) alors que les recettes ordinaires (produits des domaines...) se chiffrent à 68,5 milliards de DA pour l'exercice 2008 (contre 23 milliards de DA). Quant à la fiscalité pétrolière, elle est évaluée à 970,2 milliards de DA pour 2008 contre 973 milliards de DA dans la loi de finances 2007. De son côté, le directeur général du budget au sein du ministère a indiqué que l'ordre du jour de la rencontre d'hier a porté sur la remise des décisions d'inscription de crédits aux départements ministériels et aux différentes wilayas. Les dépenses de la loi de finances se répartissent en 2 018 milliards de dinars pour le fonctionnement et en 2 304,9 milliards de dinars pour l'équipement. A noter que la loi de finances 2008, prévoit une importante enveloppe budgétaire pour la poursuite de la réalisation du Programme complémentaire de soutien à la croissance (PCSC), et introduit de nouvelles mesures de réduction de la pression fiscale, d'encouragement de l'activité économique et de soutien à l'accès des ménages au logement. Le cadrage macroéconomique de ce projet de loi n'a pas fondamentalement changé, comparativement à ceux des dernières lois de finances, en raison de la solide stabilité macroéconomique et financière qui caractérise le pays depuis plusieurs années.