«Il serait prématuré, aujourd'hui, de dire que nous lançons le processus à telle échéance sous telle forme», souligne le ministre des Finances. L'ouverture du capital du Crédit populaire d'Algérie (CPA) et de la Banque de développement local (BDL) est renvoyée aux calendes grecques. «Nous avons aujourd'hui sur le marché international une situation de crise. Les premiers impacts de cette crise financière se sont traduits dans les bilans de certaines banques internationales. Toutefois, nous ne connaissons pas encore les effets directs et indirects de cette crise», a déclaré, hier, le ministre des Finances, Karim Djoudi, en marge de la signature du protocole de partenariat entre la SAA et le groupe français Macif. Ainsi, le processus de privatisation des deux banques publiques et même celle des autres institutions bancaires est gelé. «Il serait prématuré, aujourd'hui, de dire que nous lançons le processus à telle échéance sous telle forme», affirme le Grand argentier du pays. Selon le ministre, le manque de visibilité «ne nous permet ni d'ouvrir le capital du CPA, ni de la BDL, ni d'aucune autre institution bancaire». M.Djoudi explique ce recul au manque de visibilité sur la scène financière internationale, mais également aux conséquences de l'impact de la crise des subprimes aux Etats-Unis. «Nous souhaitons avec beaucoup de prudence observer quels seront les impacts d'une telle crise, voir comment les grandes banques et institutions vont se comporter et décider par la suite de la manière avec laquelle nous entamerons le processus d'ouverture du capital de nos banques», précise le premier responsable du secteur. En fait, la ministre déléguée à la Réforme financière, Fatiha Mentouri, avait la même vision sur la situation. Interrogée, lors d'une conférence de presse animée le 26 novembre 2007, sur la date de la réouverture de ce dossier, la représentante du gouvernement avait répondu que la décision sera prise «au moment jugé opportun». «Nous reprendrons le processus de privatisation quand les choses seront plus claires. Nous avons besoin d'un peu de temps pour évaluer l'impact de la crise», avait-elle révélé et d'ajouter que «l'Etat a choisi la prudence». Le processus devait être relancé durant ce mois d'avril. «Nous relancerons cette opération lorsque nous aurons une transparence totale sur les comptes des partenaires éventuels de cette banque publique et sur leur stratégie, vraisemblablement à partir de la fin du 1er trimestre 2008», avait déclaré, auparavant, le ministre Karim Djoudi. Le processus a été suspendu en novembre 2007 en raison de la crise des subprimes. La Citibank compte parmi les meilleures banques ayant soumissionné à l'ouverture du capital du CPA. Celle-ci a été amenée à engager un processus de restructuration de son management suite à la crise internationale des crédits hypothécaires. Ces nouvelles conditions ont conduit la Citibank à annoncer son retrait de l'opération de privatisation du CPA, et ce, le 21 novembre 2007. La désignation, en décembre 2007, d'un nouveau président à la tête de Citibank a fait la joie du ministère des Finances au regard de l'éventuelle relance du processus d'ouverture du capital du CPA. Elles étaient six banques à avoir soumissionné pour l'ouverture du capital du CPA. Trois ont dû renoncer à continuer le parcours prévu. Outre la Citibank, se trouvent la banque espagnole Santander et le Crédit Agricole. Dès lors, le nombre de soumissionnaires potentiels se trouve réduit à trois banques qui sont: Société Générale, Banque populaire et BNP Paribas. En 2007, le monde de la finance a été confronté aux «subprimes», ces prêts immobiliers consentis à des ménages américains pauvres et qui ont déclenché une vaste crise financière en été. Ces turbulences, qui ont affecté les marchés des titres hypothécaires dans de nombreux pays, ont eu de sévères incidences sur les grands groupes bancaires internationaux, en particulier américains. Actuellement, les marchés financiers se montrent extrêmement inquiets et tendus et, un peu partout, les banques ont resserré leurs critères de crédit, faisant chanceler la croissance.