Tenu en échec face à une Islande courageuse et réaliste, le Portugal s'est mis en difficulté dans ce groupe F avant de retrouver l'Autriche samedi. Dominateurs, les hommes de Fernando Santos ne sont pas parvenus à faire la différence, à l'image d'un Cristiano Ronaldo pas aussi efficace que d'habitude. De quoi soulever des doutes. Comment ce match a-t-il pu échapper au Portugal ? Cette question, Fernando Santos, le sélectionneur portugais, risque de se la poser toute la nuit tant ce résultat nul ne reflète pas réellement la partie. Alignée en 4-3-1-2, la Selecçao a eu la main sur le match grâce à une qualité technique bien supérieure. 66% de possession, 25 tirs : les chiffres parlent d'eux-mêmes. Pourtant, face à un bloc islandais bien en place, les Portugais ont eu tout le mal du monde à se créer des occasions franches. Et lorsque celles-ci ont fini par arriver, c'est à la finition que les Lusitaniens ont péché. Tout l'inverse des Islandais en somme. Très appliqués derrière, les hommes de Lars Lagerback ont réussi le coup parfait en égalisant sur une de leurs rares incursions dans la surface portugaise. Avec des contres mieux exploités et sans une parade de Rui Patricio, ils auraient même pu réaliser le hold-up parfait.
Guerreiro-Veirinha, destin croisés A leur façon, les deux latéraux portugais ont été les acteurs de cette rencontre. Aligné à droite, Veirinha a entamé son match tambour battant, multipliant les rushs et se créant même une occasion en première période. Puis, de manière inexpliquée, il a complètement sombré pour finalement être responsable de l'égalisation islandaise après un marquage lâche, pas aidé par un déplacement improbable de Pepe. À l'inverse, Raphael Guerreiro a débuté timidement pour terminer en boulet de canon. Omniprésent à gauche, il a été à l'origine de nombreuses attaques portugaises en seconde mi-temps. Autre satisfaction côté portugais : le match complet d'André Gomes, passeur décisif sur le but de Nani et souvent très juste techniquement. Symbole et capitaine de cette sélection, Cristiano Ronaldo n'a pas réussi à faire la différence et a même péché dans la finition, son point fort habituellement. Côté islandais, c'est Halldorsson qui va récolter les lauriers de ce nul grâce à 8 parades décisives, plus haut total dans un match depuis le début de l'Euro. Devant, Sigthorsson a tenu la baraque et a fait jeu égal au duel face à Pepe et Carvalho. Buteur, Bjanarson a également fait un match plein de solidité et de sacrifices sur son côté gauche.
Et si l'Islande avait ouvert le score ? 3e minute. Le Portugal a déjà pris l'ascendant territorial dans le match. Et pourtant, c'est Sigurdsson qui se crée la première occasion. Un déboulé côté gauche et une frappe pas assez excentrée a privé l'Islande de l'ouverture du score. A 1-0 pour les Islandais, le match aurait peut-être viré en une surprise bien plus retentissante.
Le Portugal a-t-il les épaules pour aller loin ? Tout dépendra de Cristiano Ronaldo. C'est réducteur mais symptomatique de cette équipe portugaise. La star du Real Madrid n'a pas été catastrophique mais sa sélection attend (beaucoup) plus de lui. Le premier problème de ce Portugal reste le réalisme. Sans 9 de formation, c'est Ronaldo et Nani ce mardi soir qui avaient la charge de convertir les occasions portugaises. Et Ronaldo ne l'a pas fait, à l'inverse de son compère d'attaque. Une volée ratée en position idéale (25e), une demi-volée hors cadre (46e) et une tête sur le portier islandais (85e) ont été tant d'occasions ratées par le triple Ballon d'Or. Pire, avec 10 tentatives et une seule cadrée, le Portugais a forcé son jeu et a parfois privilégié l'exploit personnel à des situations collectives plus favorables. Rien d'alarmant puisque cette équipe portugaise a encore son destin en main dans ce groupe F finalement assez ouvert. Il n'empêche, cette Selecçao est bien Ronaldo-dépendante. Sans les buts de sa star, elle pourrait aller aux devants de grandes déconvenues.
La Hongrie surprend l'Autriche A Bordeaux, la Hongrie a débuté la compétition par une victoire surprise sur l'Autriche (2-0), mardi, pour prendre provisoirement la tête du groupe F. Szalai et Stieber sont les deux héros du jour côté magyar. C'est une petite surprise dans ce groupe F. Pour son entrée dans la compétition, l'Autriche a chuté face à la Hongrie (2-0) au Matmut Atlantique à Bordeaux ce mardi. C'est Adam Szalai qui a ouvert le score (62e) avant que Zoltan Stieber ne double la mise en fin de match (89e). Les coéquipiers de David Alaba ont terminé la rencontre à dix après l'expulsion de Aleksandar Dragovic à la 66e minute de jeu. Et les choses auraient pu être très différentes ce mardi. Globalement dominatrice en première période, l'Autriche n'a jamais réussi à concrétiser les nombreuses occasions qu'elle s'est créées. Dès la première minute, comme un symbole, la frappe de David Alaba a terminé sa course sur le poteau d'un Gabor Kiraly toujours en forme malgré ses 40 ans.
L'Autriche a trop gâché Supérieurs techniquement, les coéquipiers de Christian Fuchs ont eu les occasions pour faire plier la Hongrie. Mais ni Alaba (10e) ni Junuzovic n'ont réussi à prendre à défaut le portier hongrois. Même résultat pour Harnik, parfaitement décalé par Arnautovic, qui a glissé au moment de tromper Kiraly (40e). La chance autrichienne est passée. Car derrière, c'est une Hongrie mort de faim qui a pris le meilleur. Et de loin. Après avoir rétabli l'équilibre au milieu de terrain, les hommes de Bernd Storck ont frappé les premiers après un magnifique séquence collective. Après un double une-deux avec Kleinheisler, c'est Szalai qui s'est jeté pour glisser le ballon dans le but autrichien (1-0, 62e). Sa première réalisation depuis décembre 2014.
Des contres éclairs et le but du break L'Autriche a alors tenté de revenir par tous les moyens. Et elle a bien cru le réussir à la 65e minute. Une demi-volée expédiée dans les petits filets de Kiraly qui a cependant été refusée par Clément Turpin, l'arbitre français, pour une faute évidente de Dragovic. Un deuxième jaune pour le défenseur et l'Autriche a terminé le match à dix. Dès lors, les contres hongrois ont fait mal à une Autriche désorganisée. Et c'est Stieber qui a finalement délivré la Hongrie après un rush entamé au milieu de terrain et terminé par une balle piquée sur Almer (2-0, 87e). Une victoire inattendue qui permet à la Hongrie de signer une excellente opération avant d'affronter l'Islande lors de la prochaine journée.
Antonio Conte, le meilleur atout de l'Italie La victoire de l'Italie face à la Belgique (2-0) porte le sceau d'Antonio Conte, qui a survolé son duel avec Marc Wilmots. Le sélectionneur d'une Nazionale en manque de grands talents a réussi le coup tactique parfait contre la Belgique. En montrant encore une fois sa science du jeu. Si vous êtes supporter de Chelsea, vous avez dû vous délecter de cette victoire de l'Italie face à la Belgique (2-0). Pas forcément pour le jeu proposé par la Squadra Azzurra. Mais pour la leçon tactique mise en place par Antonio Conte, le sélectionneur italien et futur manager des Blues. A Chelsea, son équipe devra forcément se montrer plus séduisante dans l'animation. Mais il aura d'autres armes. Ce match face à la Belgique a surtout rappelé à quel point Conte était un maître tacticien, ce qu'il a déjà démontré en Serie A. Ce n'est pas faire injure aux Graziano Pellè et autres Eder de le dire : la Nazionale a connu des époques plus riches en talents. L'un des débats dans la Botte avant le début de cet Euro était tout simplement de savoir si ce n'était pas l'une des sélections italiennes les moins fortes de l'histoire dans un grand tournoi international. En termes de talents purs, peut-être. Mais sur son banc, elle possède de sérieux arguments.
Il exploite au mieux les qualités de son groupe Bien sûr, ce n'est qu'un match. Cependant, Antonio Conte a su préparer à la perfection cette rencontre face à cette Belgique annoncée bien supérieure. L'ancien technicien de la Juve sait mettre en exergue les atouts de ses équipes. Avec l'Italie cet été, ils ne sont pas légions. Ce lundi, Conte les a exploités à merveille. Il s'est ainsi appuyé sur sa défense de fer, "la meilleure défense du tournoi", selon Emanuele Giaccherini. Cette arrière-garde made in Juventus s'est muée en vrai verrou, laissant très peu d'espace à Eden Hazard ou Kévin De Bruyne. En attaque, où elle est si décriée, la sélection italienne a également su s'illustrer en profitant des faiblesses belges. Là encore, Conte n'y est pas étranger. "C'est ce que nous avons préparé depuis des mois, nous travaillons dur depuis le 17 mai à Coverciano (le centre d'entraînement), cela s'est vu sur le but, sur les mouvements, que nous avions préparés avec le Mister", reconnait Eder. Et le Mister, c'est Conte bien entendu.
De Rossi : "Il prépare les matches mieux que quiconque" Réduire le maestro italien à un simple statut de tacticien pointu ne serait toutefois pas lui faire honneur. Travailleur, exigeant mais également charismatique, c'est aussi un véritable meneur d'hommes, qui tire la quintessence de ses troupes. Lundi, ses protégés ont couru plus que les Belges. Et ont brillé dans l'art du combat. Conte a su leur inculquer cet état d'esprit irréprochable. "C'est un manager particulier, confieDaniele De Rossi. Chaque détail compte pour lui. Il prépare les matches mieux que quiconque. Vous avez pu le voir contre la Belgique : tout le monde savait exactement ce qu'il avait à faire. " Ce sens du détail a permis aux Azzurri de décrocher leur billet pour l'Euro sans la moindre défaite pendant les qualifications. La victoire contre la Belgique a elle confirmé que le meilleur atout de l'Italie est peut-être sur son banc durant cet Euro. Antonio Conte va maintenant devoir se remettre au travail et trouver d'autres recettes pour enchaîner contre l'Eire et la Suède, deux adversaires contre lesquels il faudra sûrement se découvrir un peu plus. Son discours est en tout cas digne d'un commandant de légion romaine. "Nous devons travailler encore d'arrache-pied, faire le maximum au delà de 100% car, si nous ne faisons que des choses ordinaires, cela ne suffira pas. Il faut réaliser des choses extraordinaires", a-t-il lancé sans le moindre sourire en conférence de presse. En clair, l'Italie n'est peut-être pas riche en artistes. Mais elle va mettre du coeur pour faire déjouer les pronostics. Ce coup tactique ne peut de toute manière pas rester sans suite. Sinon, il n'aura pas servi à grand chose, juste à démontrer aux fans de Chelsea qu'ils avaient récupérer un sérieux client.