Le Président provisoire d'Haïti Jocelerme Privert a affirmé que la situation était sous contrôle, même si son mandat a techniquement pris fin mardi dernier et a laissé place à un vide institutionnel dont s'est émue la communauté internationale. J'attends instamment que l'Assemblée nationale se réunisse tel que prévu et décide de la position à adopter, a déclaré Jocelerme Privert lors d'un message d'une vingtaine de minutes diffusé à la télévision mercredi soir. La situation est sous contrôle, a-t-il affirmé en se voulant rassurant. Les autorités de l'Etat assument pleinement leurs responsabilités: le gouvernement est fonctionnel. Le président provisoire avait été élu par le Parlement le 14 février pour un mandat limité à 120 jours, afin de combler la vacance du pouvoir héritée du départ sans successeur élu de l'ancien président Michel Martelly. La période de 120 jours a pris fin mardi mais les députés et sénateurs ne sont pas parvenus à tenir la séance en assemblée nationale à laquelle ils étaient convoqués pour statuer sur le devenir du pouvoir présidentiel. Seule une note, signée par le président de la Chambre des députés et le vice-président du Sénat, a été publiée pour faire le constat de l'expiration du mandat de Jocelerme Privert. Mais pour le chef de l'Etat, cette note n'est pas la réponse à la situation. A l'expiration des 120 jours, il revenait à l'Assemblée nationale de prendre les décisions qui s'imposent, a répété Jocelerme Privert. Dressant un bilan positif de ses quatre mois passés au pouvoir, le Président haïtien a appelé toute la classe politique à assumer ses responsabilités. Personne ne peut prendre le risque de voir ce pays retourner une nouvelle fois dans l'instabilité, la violence telle qu'il l'a connue de novembre 2015 à février 2016, période durant laquelle les manifestations anti-Martelly se sont multipliées. Personne ne peut souhaiter voir le pays prendre le risque de se réveiller en 2017 sans des autorités légitimes, a conclu Jocelerme Privert.
Retour à l'ordre constitutionnel La communauté internationale s'est inquiétée de la crise politique en Haïti, qui risque un vide du pouvoir, et a appelé à trouver une solution qui facilite le retour à l'ordre constitutionnel. Le Core Group (qui réunit les représentants en Haïti des Nations unies, de l'Organisation des Etats américains et les principales ambassades étrangères) demande à l'Assemblée nationale d'agir et de parvenir à une solution qui évite un vide institutionnel et facilite le retour à l'ordre constitutionnel par la tenue d'élections sans délais, selon un communiqué mercredi. Députés et sénateurs haïtiens devaient se réunir mardi en Assemblée nationale pour débattre du devenir du pouvoir présidentiel. Mais la séance ne s'est pas tenue et le bureau du Parlement a seulement constaté la fin du mandat du chef d'Etat par intérim. Les Etats-Unis, qui gardent toujours un oeil attentif sur la crise politique de leur voisin haïtien, ont exhorté le Parlement à prendre les mesures adéquates. Des solutions politiques provisoires ne remplacent pas le besoin pressant d'avoir un président élu démocratiquement en Haïti, a souligné le porte-parole du département d'Etat John Kirby. Le président provisoire Jocelerme Privert avait été élu par le Parlement le 14 février, pour un mandat limité à 120 jours, afin de combler la vacance du pouvoir héritée du départ sans successeur élu de l'ancien président Michel Martelly. Le pays est plongé dans une crise politique profonde depuis la tenue du premier tour du scrutin présidentiel le 25 octobre dernier. Les résultats du vote avaient été largement contestés par l'opposition qui avait condamné un coup d'Etat électoral au profit de Michel Martelly. Le candidat du parti au pouvoir PHTK (Parti haïtien Tet kale) Jovenel Moïse avait recueilli 32,76% des voix contre 25,29% pour Jude Célestin. Face aux contestations de l'opposition de l'époque et après le rapport de la commission d'évaluation électorale, concluant que le scrutin avait été émaillé de fraudes massives, les autorités ont décidé d'annuler le vote et de reprendre à zéro l'élection présidentielle. Pour choisir leur prochain chef d'Etat, les plus de six millions d'électeurs haïtiens sont donc à nouveau appelés aux urnes les 9 octobre et 8 janvier prochains. Cette annulation du scrutin a suscité des réactions sévères de la communauté internationale qui s'est surtout inquiétée du coût que va représenter la réorganisation du vote pour la fragile économie du pays le plus pauvre de la Caraïbe. Le budget des élections avortées de 2015 avait été largement financé grâce à l'aide des pays étrangers. L'Union européenne a d'ores et déjà décidé de retirer ses équipes d'observateurs électoraux d'Haïti. Dans ce contexte d'incertitude propice à l'insécurité, le Core Group incite la classe politique au dialogue: il demande instamment à tous les acteurs, les partis politiques, les candidats et leurs partisans et à tout autre groupe de maintenir le calme et de refuser tout recours à la violence, conclut le communiqué.