En faisant match nul face à la Suisse (0-0), l'équipe de France a accompli sa première mission : terminer en tête du groupe A et, sur le papier, se dégager la route vers les sommets. Mais elle n'a pas levé tous les doutes. D'autant plus que d'autres questions se posent désormais, liées à la prestation d'une partie des nouveaux entrants. D'ici dimanche, Didier Deschamps devra y répondre. Plus enjoué, pas beaucoup plus abouti Comme ses joueurs et le reste du pays, Didier Deschamps n'a pas envie de voir les Bleus s'arrêter en huitièmes de finale. C'est pour cela qu'il avait donné un peu de répit à une partie de ses titulaires, dimanche. En effectuant cinq changements dans son onze de départ par rapport à l'Albanie (2-0), DD a modifié le visage de son équipe et, comme prévu, est revenu à ses premières amours : le 4-3-3 dans lequel Paul Pogba s'est installé en milieu gauche, laissant le côté droit à Moussa Sissoko. Devant,Kingsley Coman a pris la place de Dimitri Payet, poste pour poste. Face à un adversaire moins replié et plus joueur, les Bleus ont commencé par proposer une prestation - logiquement - plus enjouée, mais pas plus efficace puisqu'ils n'ont pas marqué. A la différence des deux premières parties, les Français n'ont pas tenu le ballon et fini par baisser de pied, jusqu'à terminer sur une note finalement moyenne. L'entrée de Dimitri Payet, qui - après Paul Pogba - a aussi trouvé la barre transversale sur un amour de reprise, n'a pas changé grand-chose au visage des Tricolores.
Sissoko et Cabaye avaient faim, Pogba aussi De droite à gauche, ça change beaucoup de choses. Aligné en lieu et place de Blaise Matuidi, Paul Pogba a livré sa meilleure partie de l'Euro. Surtout, "Pogboom" a réussi un début de match fou où il a fait la pluie et le beau temps des deux côtés du terrain. En seconde période, le joueur de la Juventus a été moins en vue, comme ses partenaires. Moussa Sissoko et Yohan Cabaye, alignés d'entrée pour suppléer Blaise Matuidi et NGolo Kanté, ont fait mieux que jouer les utilités. Notamment le joueur de Newcastle, toujours aussi utile quand il est sur le pré. Derrière, Laurent Koscielny poursuit son sans-faute. Et Adil Rami tient son rang. Seul Patrice Evra a une nouvelle fois évolué un ton en-dessous. Entre la 12e et la 17e minute, les Bleus ont touché la barre à deux reprises en cinq minutes chrono. Deux fois sur des frappes de Paul Pogba. La première, du droit, a été détournée sur la barre par Yann Sommer. La seconde, du gauche, y est allée toute seule. Dommage. L'équipe de France termine première du groupe A. Les Bleus ont, sur le plan comptable, réussi ce qu'on attendait d'eux. Maintenant, ce premier tour aura été accroché. La preuve : ils n'ont mené que 20 minutes et 33 secondes. Dans cette poule, aucune équipe n'a mené moins longtemps.
Le milieu de terrain a-t-il changé de visage ? L'équipe de France n'a pas signé la passe de trois, celle qu'elle n'a réussi que deux fois dans son histoire, en 1984 et 1998. Mais, avec sept points, sa mission comptable est clairement accomplie. Pour ce qui est du jeu, ce n'est pas encore ça et, finalement, de ce troisième match du premier tour émergent de nouvelles questions. Parce que si la prestation collective des Tricolores n'a pas été fantastique, notamment après la mi-temps où les joueurs de Didier Deschamps ont clairement tiré le frein à main, les joueurs qui ont été lancés dans le onze ont individuellement répondu présent. Depuis le début du tournoi, le milieu de terrain de l'équipe de France est clairement son talon d'Achille. Hormis N'Golo Kanté, les joueurs alignés dans l'entrejeu n'ont jamais tiré leur épingle du jeu, sauf… dimanche soir. Moussa Sissoko, à droite, et Yohan Cabaye, en sentinelle, ont réussi leur entrée, et Paul Pogba, même s'il a manqué de régularité sur le flanc gauche, a rassuré. Didier Deschamps en est probablement conscient. Et, du coup, devrait en tenir compte dimanche à Lyon pour le huitième de finale des Bleus.
L'Albanie s'offre le droit de rêver Grâce à un but de Sadiku (43e), l'Albanie s'est imposée face à la Roumanie (1-0), dimanche à Lyon. En décrochant le premier succès de leur histoire en compétition internationale, les Albanais terminent troisièmes du groupe A. Avec trois points, les joueurs de Gianni de Biasi conservent une petite chance de faire partie des quatre meilleurs troisièmes. Les Albanais ont livré un match historique. Les hommes de Gianni de Biasi ont inscrit leur tout premier but dans un grand tournoi international et ainsi battu la Roumanie (1-0). Grâce à cette victoire, les Albanais terminent à la 3e place du groupe A avec 3 points et devront attendre les résultats des autres groupes pour savoir s'ils rejoignent les huitièmes. Armando Sadiku (43e) est devenu un héros national en faisant trembler les filets adverses. Les Roumains, eux, sont éliminés. Battus par la Suisse (0-1) puis par la France (2-0) lors de leurs deux premiers matches, les Albanais n'avaient pas renoncé à arracher leur billet pour la phase à élimination directe. Ils ont pourtant fait face à la nette domination roumaine en début de rencontre sur la pelouse du Parc OL. Nicolae Stanciu (3e), Ovidiu Hoban (5e) et Bogdan Stancu (8e) ont fait passer un sale quart d'heure à la défense albanaise mais le gardien Etrit Berisha veillait devant sa cage. Les Albanais ont su faire le dos rond et ont commencé à placer de rapides et redoutables contres sur les côtés. Le Nantais Ermir Lenjani a mal conclu le premier d'entre eux sur sa reprise en se jetant (23e). Armando Sadiku, lui, n'a pas tremblé et parfaitement placé sa tête croisée au second poteau sur un centre venu de la droite (1-0, 43e). L'avant-centre a débloqué la situation juste avant la pause en sanctionnant les largesses du portier roumain Tatarusanu et de sa défense.
Des Roumains maladroits Déjà disputée et intense, la rencontre a encore gagné en rythme en seconde période. Obligés de gagner pour rester en vie dans cet Euro, les Roumains ont joué le tout pour le tout et se sont naturellement découverts. Ils ont pourtant sérieusement manqué de précision dans leurs nombreuses tentatives (16 tirs au total mais seulement 3 cadrés). Seul Andone a réellement fait trembler Berisha et les milliers de supporters albanais en envoyant sa puissante frappe sur la transversale quelques instants après son entrée en jeu (76e). Mieux organisés que leurs adversaires et surtout plus justes dans le dernier geste, les Albanais auraient même pu doubler la mise dans une fin de match débridée. Les partenaires de Lorik Cana, entré en fin de match, se contenteront de cette victoire étriquée sur une nation qu'ils n'avaient plus battue depuis 1948. Ils peuvent encore espérer voir les huitièmes de finale même si leur différence de buts de -2 pourrait devenir un sérieux frein à la poursuite de leur aventure.
Des ultras croates ont "un nouveau projet" pour le match Espagne-Croatie Des éléments postés sur Facebook par un groupe d'ultras croates laissent supposer qu'ils entendent perturber le match contre l'Espagne mardi, après de premiers incidents vendredi. Un plan du stade de Bordeaux, des flèches vers la pelouse et la mention d'un "nouveau projet"... Sur leur page Facebook "Torcida 1950", un groupe d'ultras du club de première division du Hajduk Split a publié un statut qui laisse entendre qu'ils veulent perturber la rencontre de leur pays, la Croatie, face à l'Espagne mardi. Un message laconique figure sur le post : "Un homme nous a informés d'un nouveau projet". Samedi, lors de Croatie-République tchèque, des jets de fumigènes avaient forcé l'arbitre à interrompre la rencontre. Le message, posté samedi, est suivi de plusieurs commentaires négatifs comme "Vous êtes la honte du pays", ou "A cause de hooligans comme vous, j'ai honte d'être Croate". Avec ses rivaux des Bad Blue Boys du Dinamo Zagreb, la Torcida est l'un des principaux groupes ultras croates. La Fédération croate a accusé la Torcida d'avoir été à l'origine des incidents qui ont eu lieu vendredi à Saint-Etienne à la fin de Croatie-République tchèque (2-2), interrompu pendant quatre minutes après des lancers de fumigènes et d'un pétard. Le groupe ultra a démenti.
" Des terroristes du sport" Quelques heures avant le match de vendredi, un plan du stade de Saint-Etienne avait également été posté sur la page Facebook de la Torcida, qui compte 40.000 "j'aime" (les fameux "like" de Facebook). La Croatie connaîtra lundi les sanctions de l'UEFA après les incidents de vendredi dans le stade de Saint-Etienne. Elle est poursuivie pour usage de fumigènes, jets de projectiles, troubles en tribunes et comportement raciste de certains de ses supporters. A la 86e minute du match contre la République tchèque, des fumigènes avaient été lancés depuis une tribune de fans croates conduisant l'arbitre à stopper la rencontre. Un pétard avait ensuite explosé tout près d'un stadier, étourdi quelques instants. Avant les 4 minutes d'interruption provoquées par ces incidents, la Croatie menait 2-1 et était qualifiée en 8e. Mais juste après la reprise, elle a concédé un penalty qui a permis l'égalisation tchèque. Le sélectionneur Ante Cacic a qualifié les supporteurs responsables de "terroristes du sport", tandis que la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarovic a dénoncé des "ennemis de la Croatie".
