Le bijou porteur d'âme et d'histoire, les bijoux de Kabylie sont très connus au Maghreb pour leurs couleurs vives et leur raffinement. Constitués d'argent, ils sont ornés de coraux récoltés en Méditerranée ou parfois d'émaux. Typiquement berbère, au fil de l'histoire l'art des bijoux kabyles s'est aussi enrichi des apports des Andalous qui ont fui l'Espagne lors de la Reconquista. Il y a plusieurs sortes de bijoux qui correspondent à des usages particuliers : broches de front ou de poitrine et fibules, qui retenaient les robes en divers points, ceintures, colliers, bracelets, bagues et boucles d'oreilles. En effet, La bijouterie kabyle est en quête de protection contre les fluctuations du marché du corail, les matières premières très coûteuses et la contrefaçon qui casse la chaîne de production malgré l'existence d'organismes de protection intellectuelle et industrielle et d'orientation. Selon le directeur de la chambre de l'artisanat et des métiers, Kali Azzedine, la wilaya d'Alger compte 25 fabricants de bijoux kabyles dont une dizaine seulement sont connus et continuent d'exercer". Rachid Oukal, artisan en bijouterie kabyle à Alger, a affirmé en marge de sa participation au salon de l'artisanat au Palais de la culture (Annassers, 16 juin-2 juillet) que la pratique de ce métier est de plus en plus difficile voire aléatoire dans la conjoncture actuelle imposée par un marché flottant. M. Oukal a évoqué à ce propos la rareté du corail dont le prix au marché noir a atteint 150 000 DA le Kg après avoir été vendu à 6 000 DA seulement, soulignant que les 15 dernières années "ont beaucoup nui aux artisans professionnels" notamment après l'interdiction de la pêche au corail en vertu du décret 2011. Le directeur de la Fédération nationale des artisans algériens Redha Yaysi a précisé pour sa part que "les fabricants de bijoux kabyles sont contraints de traiter avec le marché noir", la matière première essentielle en l'occurrence l'argent n'étant pas disponible auprès de l'Agence nationale de transformation et de distribution de l'or et des métaux précieux (AGENOR). Pour pallier à ce manque et accompagner les artisans de bijoux kabyles ou d'autres artisans activant dans la wilaya d'Alger, M. Yaysi propose "la création d'une réserve stratégique des matières premières à même d'assurer à l'artisan la pérennité de son métier et d'organiser le marché qui enregistre le retrait d'un grand nombre de professionnels en raison d'embûches quotidiennes". Les artisans partagent la même inquiétude face aux faussaires et aux importateurs d'accessoires au détriment de l'industrie artisanale traditionnelle, affirmant ne pas savoir comment protéger leurs produits du vol et de la contrefaçon. Le directeur de la chambre de l'artisanat de la wilaya d'Alger a affirmé que la meilleure façon de freiner l'avancée de ces produits contrefaits est l'organisation de salons périodiques qui contribuent à la commercialisation du produit traditionnel outre l'encadrement promotionnel assuré par la chambre de la wilaya. Le Directeur général de l'Institut national de la propriété industrielle (INAPI) Bouhnik Amar a déclaré à ce sujet que la plupart des artisans "sont mal informés et ignorent qu'il existe des établissements publics chargés de la protection du produit traditionnel". Il a ajouté que nombre d'entre eux n'enregistrent pas leurs créations auprès de l'INAPI ou de l'Office national des droits d'auteur et des droits annexes. "Pour 90 % de ces artisans, il s'agit d'une copie conforme consacrée depuis longtemps", a-t-il expliqué. Le marché de la bijouterie kabyle compte peu d'artisans qui proposent de nouveaux modèles autres que les modèles classiques.