En panne d'actualité forte, et surtout de bonnes nouvelles, Wall Street aborde la dernière semaine de mai avec l'espoir qu'une poignée d'indicateurs la rassurent suffisamment pour se maintenir stable ou progresser un peu. Depuis le week-end précédent, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a cédé 0,20% à 17 500,94 points, mais le Nasdaq, à dominante technologique, a gagné 1,10% à 4 769,56 points, et l'indice élargi S&P 500 a pris 0,28% à 2 052,32 points. Un an après avoir touché des niveaux records, le marché restait ainsi morose, et "sans aucune conviction", comme le soulignait Gregori Volokhine, chez Meeschaert New York. "C'est une année pour rien pour les marchés financiers", a-t-il ajouté, où après deux trous d'air en août puis en début d'année, le marché s'est mollement repris. Le Dow Jones affiche encore un repli de 4,43% par rapport à son record historique de mai 2015, le Nasdaq de 8,61% et le S&P 500 de 3,68%. "Il faudra en sortir, et on s'est tellement liés à la politique monétaire que tout changement d'inflexion (dans ce domaine) indiquera l'issue" de l'évolution des marchés, selon M. Volokhine. De fait, c'est l'actualité de la politique monétaire, avec la publication des minutes de la dernière réunion de la Réserve fédérale, qui a écrasé l'actualité de la semaine écoulée: elle a conduit les marchés en baisse mercredi et jeudi, puis les investisseurs ont relativisé le risque que représenterait un relèvement des taux d'intérêt le mois prochain, dont les responsables de la Fed ont rappelé qu'elle restait possible. "Mais il y a toujours de l'incertitude", a souligné Hugh Johnson, chez Hugh Johnson Advisors, notant que dans ce contexte, le marché, légèrement surévalué selon lui, avait toutes les chances de rester volatil et sans tendance. "Nous avons pensé à la perspective d'une hausse des taux, mais autrement nous guettons surtout l'apparition de signes que l'économie s'améliore au deuxième trimestre", a déclaré Chris Low, de FTN Financial. Or en l'absence d'indicateurs majeurs et hors saison des résultats, les investisseurs en sont réduits à décortiquer des chiffres peu déterminants.
Espoir de reprise La semaine prochaine, ils auront une idée de la santé du marché immobilier, avec les ventes de logements neufs mardi, puis ils guetteront les commandes de biens durables, jeudi. "Un sursaut serait positif", a souligné M. Low, rappelant que la faiblesse des bénéfices avait découragé depuis un an les entreprises de faire des dépenses d'investissement. "Si nous voyons une accélération, c'est peut-être le signe que les bénéfices vont montrer une augmentation", a-t-il dit. Enfin une nouvelle estimation du Produit intérieur brut du premier trimestre, jusqu'à présent annoncé anémique avec une croissance de seulement 0,5%, doit être annoncée vendredi. "Ce chiffre devrait être révisé en hausse", a souligné Tom Cahill, chez Ventura Wealth Management, et "on espère que cela annoncera une croissance plus forte au deuxième trimestre". "Les nouveaux chiffres du PIB vont montrer s'il y a eu de la vitalité en fin de trimestre", a précisé M. Volokhine. En tout état de cause, les analystes estiment que les chiffres, s'ils sont bons, seront bien accueillis et ne seront plus de nature à être perçus comme des mauvaises nouvelles de nature à pousser la Fed à resserrer sa politique. "Il est très encourageant de voir que la semaine a fini sur une hausse" malgré la relance des spéculations sur une hausse des taux, a souligné M. Cahill. Pour M. Volokhine, c'est le signe que "la Fed a réussi ce qu'elle voulait (...) les marchés ne se sont pas inquiétés". "Si elle monte les taux, c'est qu'elle a confiance dans l'économie", et les investisseurs n'attendent que les signes que cet optimisme trouve une justification dans les indicateurs et les résultats d'entreprises, selon lui.
Cherchant son équilibre Wall Street a monté vendredi, achevant sur une bonne note une semaine marquée par des fluctuations erratiques face aux incertitudes sur les intentions de la Réserve fédérale (Fed): le Dow Jones a gagné 0,38% et le Nasdaq 1,21%. "On a observé une instabilité accrue cette semaine: une séance en hausse, une séance en baisse, une séance en hausse...", a résumé David Levy, de Republic Wealth Advisors. "La Bourse semble manquer de conviction dans un sens ou l'autre: elle ne tente pas de repartir vers des records, mais elle n'est pas non plus encline à franchement se replier". De fait, le rebond de vendredi permet simplement à Wall Street, qui avait bien commencé la semaine pour se replier à partir de mardi, de faire du surplace hebdomadaire. "La Bourse est toujours en train de s'ajuster face à l'idée que la Fed pourrait relever ses taux dès juin, car ce risque a augmenté cette semaine", a précisé M. Levy. Alors que les investisseurs ne croyaient plus à un rapide durcissement de la politique monétaire de la banque centrale américaine, plusieurs de ses responsables ont prévenu qu'une telle éventualité restait à l'ordre du jour et le compte-rendu de la dernière réunion de la Fed, publié mercredi, est allé dans le sens de ces mises en garde. Dans ce contexte, malgré un bon chiffre vendredi sur le secteur immobilier américain, les investisseurs restaient prudents sur la performance observée par Wall Street en fin de semaine. "C'est un joli rebond, c'est sûr, mais je me garderais d'y attacher trop d'importance", a conclu Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management. "Beaucoup d'investisseurs avaient trop parié à la baisse, mais j'ai du mal à imaginer que le marché se réoriente franchement à la hausse".
Applied Materials bondit Parmi les valeurs, le groupe internet Yahoo! a baissé de 1,40% à 36,50 dollars après un article du Wall Street Journal, selon lequel les offres pour sa reprise devraient être moins élevées qu'attendu. Les investisseurs ont pris connaissance de plusieurs résultats d'entreprises, comme le fabricant de semi-conducteurs Applied Materials, dont les ventes et les bénéfices ont nettement augmenté au dernier trimestre, et qui a bondi de 13,81% à 22,66 dollars. La chaîne de vêtements Gap, actuellement en grandes difficultés, a pris 4,22% à 18,01 dollars après l'annonce de la fermeture de 75 magasins supplémentaires à l'international afin de réduire ses coûts. Egalement dans le secteur, Foot Locker, spécialiste des chaussures de sports, a perdu 6,46% à 54,77 dollars après avoir annoncé une petite hausse de ses ventes comparables au dernier trimestre, jugée insuffisante par les investisseurs. Toujours dans la distribution, la chaîne Ross Stores a cédé 5,46% à 52,49 dollars après avoir fait état d'une petite progression de son chiffre d'affaires trimestriel, là aussi jugée décevante. Le groupe agroalimentaire Campbell, connu pour ses soupes, a reculé de 6,38% à 59,90 dollars après avoir annoncé une légère baisse de ses ventes au dernier trimestre. Le constructeur Deere, spécialiste des engins agricoles, a abandonné 5,48% à 77,74 dollars après avoir fait état d'une baisse trimestrielle de ses ventes et bénéfice net et prévu une année difficile.
Les places chinoises en hausse La Bourse de Shanghai a terminé vendredi en hausse de 0,66%, Shenzhen de 1,07% et Hong Kong de 0,80%, grâce à la hausse des prix du pétrole. L'indice composite shanghaïen a gagné 18,57 points à 2.825,48 points dans un volume d'échanges de 123,8 milliards de yuans (16,87 milliards d'euros). L'indice a perdu 0,06% cette semaine, se maintenant toutefois au-dessus du seuil des 2 800 points. La Bourse de Shenzhen a progressé de 19,07 points à 1 794,95 points dans un volume d'échanges de 242,1 milliards de yuans (32,99 milliards d'euros). L'indice a cédé 0,60% cette semaine. La Bourse de Hong Kong a terminé de son côté en hausse de 0,80%, portée par la hausse des cours du pétrole. L'indice composite Hang Seng a gagné 157,87 points à 19 852,20 points. Les sociétés du secteur de l'énergie se sont orientées à la hausse, profitant de la hausse des cours du pétrole qui ont rebondi en Asie. China Shenhua Energy a gagné 2,8%, PetroChina 0,8% et CNOOC 0,3%. Sinopec, a terminé en hausse de près de 1% et Kunlun Energy 0,7%. A Shanghai, les sociétés du secteur de l'aérospatiale ont mené la hausse. China Aerospace Times Electronics a gagné 1,15% à 13,19 yuans (CNY), tandis que le fabricant d'équipements pour l'aérospatiale Changzheng Engineering bondissait de 2,39% à 25,26 CNY. Les sociétés technologiques se sont également affichées en hausse en Chine continentale. A Shanghai, Inspur Software a progressé de 3,53% à 27,54 CNY et à Shenzhen la société de logiciels Unisplendour a terminé en hausse de 2,9% à 56,91 CNY.