Chargé d'indicateurs, notamment sur l'emploi, le calendrier économique des Etats-Unis va aider cette semaine à préciser la situation à Wall Street, qui vient de montrer sa sérénité sur la capacité de l'économie à supporter une éventuelle hausse des taux américains. Lors des cinq dernières séances, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 2,13% à 17 873,22 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 3,44% à 4 933,50 points. L'indice élargi S&P 500 s'est adjugé 2,28% à 2 099,06 points. "La Bourse a enregistré une performance étonnamment bonne cette semaine... J'en suis un peu surpris", a reconnu Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors. Alors que Wall Street marquait le pas depuis la fin avril et que les investisseurs avaient achevé la précédente semaine dans l'ambivalence, une salve de bons chiffres américains sur l'immobilier, la baisse du chomage et les investissements ont réchauffé l'ambiance pour culminer vendredi par une révision en légère hausse de la croissance au premier trimestre. "Les investisseurs se mettent à croire de façon plus optimiste que l'économie sera en forme au deuxième trimestre et par la suite", a résumé M. Johnson. La confiance des marchés sur l'économie américaine est particulièrement cruciale, car les responsables de la Réserve fédérale (Fed) multiplient depuis la mi-mai les signes que la politique monétaire américaine pourrait rapidement être durcie. Tous ces propos ont connu leur apogée vendredi avec des déclarations de la présidente de la banque centrale, Janet Yellen elle-même, qui a confirmé l'éventualité d'une hausse des taux lors des prochains mois. Entre ces déclarations et les bons chiffres américains, "on aurait peu s'attendre à ce que la Bourse baisse dans l'idée que la Fed va relever ces taux... Mais ce n'est pas le cas", a reconnu Tom Cahill, de Ventura Wealth Management. "Ce qui se passe, c'est que les marchés sont de plus en plus à l'aise avec l'idée que la Fed va relever ses taux (...) et que l'économie pourra le supporter."
L'inconnue du pétrole Sur ce plan, la semaine prochaine, qui sera amputée d'un jour férié lundi, s'annonce riche en statistiques susceptibles de confirmer ou non la solidité de l'économie américaine, dont des chiffres sur les ventes automobiles (mercredi), et des indices sur l'activité dans l'industrie (mercredi) ainsi que les services (vendredi). "Tous ces chiffres seront très importants pour paver le terrain à la réunion de juin de la Fed", les 14 et 15, "et le sommet, ce sera le rapport sur l'emploi", a prévenu M. Johnson. Le gouvernement américain publiera vendredi son rapport mensuel sur le marché du travail et les investisseurs devraient se satisfaire de chiffres simplement corrects après une copie assez décevante le mois précédents. "Si les chiffres sont bons sans plus, cela devrait au moins permettre à la Bourse de rester stable", a estimé M. Cahill, pour qui de trop bons indicateurs ferait planer la crainte que la Fed se précipite pendant le reste de l'année. "Je pense que la Bourse ne montera pas de façon aussi marquée la semaine prochaine mais je ne crois pas non plus à une vraie baisse." Wall Street sera toutefois confrontée à un autre risque que les statistiques américaines: l'inconnue du marché pétrolier, qui, en revenant brièvement cette semaine à plus de 50 dollars le baril, a parachevé une remontée spectaculaire entamée en février mais laisse les analystes sceptiques sur sa capacité à soutenir de tels niveaux. "A court terme, il est probable que les cours du pétrole se replient, ce qui priverait la Bourse d'un soutien et contribuerait en conséquence à un rééquilibrage des marchés d'actions", ont conclu dans une note les experts d'Unicredit. Les marchés surveilleront surtout un sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), jeudi à Vienne, même si la plupart des observateurs ne s'attendent à aucune annonce fracassante, comme, par ailleurs, en ce qui concerne une réunion le même jour de la Banque centrale européenne (BCE).
Sereine face à un possible resserrement monétaire Wall Street a fini la semaine sur une nouvelle hausse, confortée par la confirmation que les taux d'intérêt pourraient augmenter bientôt vu l'amélioration de l'économie: le Dow Jones a gagné 0,25% et le Nasdaq 0,65%. Resté prudent à la veille d'un long week-end en l'honneur des militaires morts au combat, le marché a confirmé qu'il saurait s'accommoder d'une éventuelle hausse des taux cet été. Le principal événement de la journée a en effet été une intervention de la présidente de la Réserve fédérale Janet Yellen à l'université Harvard. "Il est approprié, et je l'ai dit par le passé, que la Fed remonte graduellement et prudemment son taux d'intérêt au jour le jour", a-t-elle dit. "Il est probable qu'il convienne de faire cela dans les prochains mois", a-t-elle ajouté en assurant s'attendre à ce que l'économie "continue de s'améliorer", vu que la croissance américaine semble déjà "s'accélérer". A ces paroles les indices ont eu un bref accès de faiblesse, le Dow Jones passant très provisoirement dans le rouge, mais ils se sont vite repris, signalant que les investisseurs ne semblent pas prêts à s'effrayer d'un resserrement monétaire en juin ou juillet s'il est le signe que l'économie va bien. "Le marché donne à la Fed la permission de rehausser les taux, nous verrons ce qui se passera vraiment quand ce sera le cas", a commenté Jack Ablin, chez BMO Private Bank. De fait, la multiplication de commentaires de responsables de la Fed favorables à une hausse des taux depuis une dizaine de jours s'est accompagnée d'un mouvement généralement haussier de la Bourse. Mais Peter Cardillo, chez First Standard Financial Company, est resté prudent sur l'interprétation à donner à la progression du marché de vendredi, d'autant qu'elle s'est accompagnée d'un regain du dollar potentiellement handicapant pour les multinationales et les entreprises exportatrices. "Le véritable effet des commentaires de Mme Yellen pourrait ne pas se faire sentir avant la semaine prochaine", a déclaré M. Cardillo, notant que les volumes d'échanges de vendredi étaient faibles, "car beaucoup d'investisseurs sont déjà partis en week-end", traditionnel coup d'envoi de la saison estivale.
Valeant en hausse Le fabricant d'équipements de laboratoire Thermo Fisher Scientific a gagné 0,62% à 152,13 dollars, après avoir annoncé qu'il achetait son concurrent FEI Company (+14,33% à 108,13 dollars) pour quelque 4,2 milliards de dollars. Après sa victoire judiciaire contre Oracle, nouvel épisode de leur guerre des brevets, la maison mère de Google Alphabet a gagné 1,45% à 747,60 dollars. Oracle, qui a annoncé son intention de faire appel, a progressé de 0,30% à 40,07 dollars. La chaîne de magasins de décoration et d'ameublement à bons prix Big Lots s'est envolée de 14,08% à 50,95 dollars. Elle a relevé ses prévisions annuelles et annoncé un bond de 20% de son bénéfice du premier trimestre, avec des ventes en hausse. Le laboratoire en difficulté Valeant a bondi de 5,49% à 28,42 dollars. Selon le Wall Street Journal, il avait reçu une offre d'achat du japonais Takeda Pharmaceuticals et du fonds TPG il y a quelques mois, qu'il avait repoussée avant de changer de directeur général.
Les places chinoises sans direction La Bourse de Shanghai a terminé la semaine en légère baisse de 0,05% sur fond d'inquiétudes persistantes sur le ralentissement économique chinois, tandis celle de Hong Kong a gagné de 0,88%, après un léger repli en séance dans le sillage de Wall Street. L'indice composite shanghaïen a perdu 1,39 point à 2 821,05 points. Shenzhen a reculé de 0,10%, soit 1,89 point, à 1 807,04 points. De son côté, l'indice composite Hang Seng a gagné 179,66 points à 20 576,77 points. La place hongkongaise a suivi la tendance haussière des marchés asiatiques, ignorant l'orientation à la baisse du baril de pétrole sous la barre des 50 dollars. Les investisseurs attendaient prudemment l'intervention de la présidente de la Fed, Janet Yellen. Par ailleurs, les investisseurs ont été attentifs aux propos des dirigeants du G7, qui ont clôturé leur sommet de deux jours au Japon, sur la nécessité de faire de la croissance mondiale leur "priorité absolue", sans réellement masquer leurs divergences sur les moyens de la doper. En Chine continentale, les places financières ont terminé la semaine en léger repli sur fond de prudence persistante sur la santé de l'économie chinoise. Le gouvernement doit publier à partir de la semaine prochaine une salve d'indicateurs économiques pour le mois de mai. Selon des chiffres officiels publiés vendredi, les bénéfices des entreprises industrielles ont progressé de 4,2% en avril sur un an, contre 11,1% en mars. "Le marché cherche lentement à atteindre un plancher", a de son côté commenté Wu Kan, gérant de fonds chez at JK Life Insurance, interrogé Bloomberg News. "L'indice fluctue dans des marges étroites autour des 2.800 points, dans un volume d'affaires décroissant, alors que les investisseurs attendent d'y voir plus clair sur certains sujets, tel que celui du calendrier du relèvement des taux d'intérêt aux Etats-Unis", a-t-il ajouté. Sur le front des valeurs, China Shenhua a perdu 1,1% et Sinopec 0,6%, tandis que CNOOC a progressé de 0,8%. A Shanghai les sociétés de courtage ont reculé: Guotai Junan Securities a perdu 0,35% à 17,23 yuans et Shenwan Hongyuan 0,37% à 7,98 yuans à Shenzhen. Le secteur de l'équipement médical a reculé. A Shanghai, Medical Instrument a reculé de 1,16% à 22,99 yuans, tandis qu'à Shenzhen, Jangsu Yuyue Medical Equipment and Supply a perdu 0,71% à 30,98 yuans.