L'ancien Premier ministre portugais Antonio Guterres est sorti en tête du premier vote à bulletins secrets organisé jeudi par le Conseil de sécurité. Le scrutin vise à trouver un ou une successeur(e) à Ban Ki-moon au poste de secrétaire général de l'ONU. Chacun des 15 ambassadeurs du Conseil de sécurité devait assigner à chaque candidat une des trois mentions suivantes: "encourage", "décourage" ou "sans opinion". L'ancien Haut-commissaire aux réfugiés de l'ONU a devancé de peu l'ex-président slovène Danilo Turk, parmi 12 candidats en lice. M. Guterres a obtenu douze encouragements et trois "sans opinion". M. Turk a eu onze encouragements mais deux pays l'ont "découragé". M. Guterres, 67 ans, avait fait forte impression lors d'auditions organisées par l'Assemblée générale pour les candidats. A son poste de Haut-commissaire aux réfugiés (2005-2015), il avait dû affronter la plus grave crise de migration en Europe depuis la Seconde guerre mondiale. Il parle couramment anglais, français et espagnol. Désormais, "Guterres est l'homme à battre", a déclaré un diplomate du Conseil. "Il s'en est très bien tiré (...). Cela confirme sa performance dans les auditions". Danilo Turk, 64 ans, ancien président slovène de 2007 à 2012, connaît parfaitement les rouages des Nations unies pour avoir été le premier ambassadeur de son pays à l'ONU en 1992, puis secrétaire général adjoint aux Affaires politiques jusqu'en 2005. Il a remercié sur son compte Twitter les membres du Conseil "pour leur attention, leur compréhension et leurs encouragements".
Le classement D'autres candidats de premier plan ont déçu: la patronne de l'Unesco Irina Bokova arrive troisième en nombre d'encouragements (neuf). Elle est à égalité avec Vuk Jeremic (Serbie) et Srgjan Kerim (Macédoine) et se classe juste devant l'ex-Première ministre néo-zélandaise Helen Clark (huit encouragements). La ministre argentine des Affaires étrangères Susana Malcorra et son homologue slovaque Miroslav Lajcak suivent à distance. En queue de peloton on trouve les représentants du Montenegro (Igor Luksic) et de Moldavie (Natalia Gherman) ainsi que la Costaricaine Christiana Figueres. Vesna Pusic, ministre croate des Affaires étrangères, ferme la marche, avec onze votes l'incitant à abandonner la course. Selon des diplomates, les résultats du vote de jeudi ont été plus tranchés que prévu, certains candidats se détachant nettement alors que d'autres s'effondraient. Il s'agit, expliquait l'ambassadeur britannique Matthew Rycroft avant le vote, de parvenir "à un nombre raisonnable (de candidats) en incitant les moins bien placés à abandonner la course".
D'autres tours Même si ce tour de scrutin informel à bulletins secrets a fait un premier tri, d'autres seront nécessaires pour dégager un consensus autour d'un candidat. Il faudra aussi compter avec le droit de veto dont disposent les cinq membres permanents du Conseil (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie). Ceux-ci peuvent encore bloquer un candidat, même bien placé. Le choix final sera transmis à l'Assemblée générale, qui devrait l'entériner en septembre ou octobre. M. Ban quitte son poste à la fin de l'année. Un nouveau tour de scrutin devrait être organisé la semaine prochaine. Parmi les six hommes et six femmes en compétition, huit viennent d'Europe de l'Est. La tradition voudrait que le poste revienne à cette région, la seule à ne pas encore avoir eu de secrétaire général. Des voix se sont élevées aussi pour promouvoir une femme, ce qui serait une première après huit secrétaires généraux masculins.
Moins opaque L'Assemblée générale de l'ONU a entrepris cette année de lever une partie du voile d'opacité qui couvre depuis soixante-dix ans le processus de sélection du secrétaire général. Elle a réclamé que les nominations soient rendues publiques et en a prôné l'organisation de débats avec chaque candidat.